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Actes de torture sur des suspects : de nouvelles interpellations prévues après l’analyse des dernières vidéos 

Capture d'écran d'une des vidéos faisant état de violence policière

D’autres arrestations sont imminentes, prévient le Central Criminal Investigation Department (CCID). Après la diffusion de nouvelle vidéos d’actes de tortures sur des suspects, d’autres policiers seront inquiétés. 

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Les Casernes centrales ébranlées par la diffusion de vidéos montrant des policiers torturant des suspects s’attèlent à mettre hors d’état de nuire ces brebis galeuses. Pour le moment, il y a eu trois arrestations. Après l’apparition de nouvelles vidéos sur les réseaux sociaux depuis ces derniers jours, les hommes du Deputy Commissioner of Police Heman Jangi, du CCID, s’apprêtent à arrêter d’autres policiers soupçonnés d’être des tortionnaires. 

L’enquête ouverte après deux dépositions consignées au poste de Rose-Belle et à celui de l’Escalier, en fin de semaine, ont été confiée au CCID. Ces affaires sont en lien avec des vidéos mises en ligne dans la nuit du jeudi 2 juin. « De nouvelles arrestations ne sauraient tatrder », soulignent des haut gradés, chargés de cette enquête qui est placée sous la supervision directe du commissaire de police Anil Kumar Dip. 

L’IT Unit de la police est en présence une dizaine de vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. Ces vidéos ont été remises à la police sur des clés USB, quand des victimes de brutalité et de torture policières ont porté plaintes. La police a effectué des captures d’écran, en vue d’identifier formellement les individus qui y figurent. Il s’agit de policiers en civile, certains armés de torches électriques, d’autres qui s’acharnent sur des suspects. 

La vidéo qui montre un suspect qui se fait « torturer » à l’aide d’une torche électrique intéresse particulièrement les enquêteurs. Les images étant sombres, il semble à première vue qu’il sera difficile d’identifier les personnes qui paraissent sur les images. 

Rama Valayden : «Zot finn touf lanket»

ramaRama Valayden était aux Casernes centrales dans la matinée du samedi 4 juin. L’avocat a été entendu en tant que témoin dans le cadre du Special Enquiry ouverte par la police concernant les vidéos montrant des policiers en train de torturer des suspects. « Le CCID a voulu savoir quand j’ai remis ces vidéos au CP Khemraj Servansingh. J’ai évoqué les vidéos avec lui, lors d’une reunion aux Casernes centrales. Deux jours plus tard, j’ai remis le pendrive en question à l’inspecteur Shiva Coothen », a expliqué Rama Valayden. 

Vers le 14 janvier, l’avocat affirme explique que deux policiers du CCID l’ont sollicité pour connaître la source de ces vidéos. Il souligne, d’ailleurs, qu’il y a un Diary Entry à la police à cet effet. Rama Valayden a refusé de le révéler l’origine de la clé USB. Selon lui, l’enquête avait été mis au placard, car « il n’y avait pas suffisamment d’éléments ». Il soutient, d’autre part avoir remis des informations sur un cas allégué de meurtre survenu à Jin Fei, Riche-Terre. 

« Avengers et Linion Pep Morisien n’ont jamais été contre la police », fait ressortir Rama Valayden, qui estime qu’une minorité de policiers « ont pris la loi entre leurs mains ». « Monn dons lapolis letan pou ankete, me zot pann fer nanye », déplore Rama Valayden qui allègue que certains officiers n’ont pas fait ce qu’il fallait. « Zot finn touf lanket », affirme l’avocat. 

Rama Valayden dit aussi détenir des informations sur des cas de torture à la prison. Il déplore le silence du Premier ministre et des dirigeants politiques. 

Dans un appel au Premier ministre, Rama Valayden demande à ce que la loi soit amendée pour permettre que les victimes puissent entamer des poursuites. L’avocat ajoute qu’il sera de retour aux Casernes centrales dans les jours qui viennent. 

Dominique Seedeeal, aussi connu comme ‘Darren l’activiste’ : «Il faut crever l’abcès»

Dominique Seedeeal, aussi connu comme ‘Darren l’activiste’, est celui qui parle au nom de certaines victimes de brutalité policière. Le travailleur social de 32 ans avance, dans une déclaration téléphonique à Le Dimanche/L’Hebdo, qu’il a « toujours été témoin d’actes de brutalité, mais personne n’est venu de l’avant afin de dénoncer ». « Cela fait trop longtemps que les choses perdurent. Il faut à tout prix crever l’abcès. ‘Pa zordi zour, kan mo pe tir bann zafer deor, ena politisien pe fer zot sinema’. Cela, dans le but de redorer leur blason », dit-il.

Tous les policiers, poursuit Dominique Seedeeal, ne sont pas fautifs. « Je connais un bon nombre de policiers qui sont dévoués à leur profession. Mais il y a toutefois des brebis galeuses qui sont en train de pourrir le système », poursuit notre intervenant.

Ce dernier demande au commissaire de police, Anil Kumar Dip, de « prendre les choses en main». Cela, en sanctionnant sévèrement les policiers qui sont coupables d’actes de torture. « Que ces sanctions servent de leçons », réclame-t-il.

Retour sur une semaine qui a ébranlé les Casernes centrales

1. La semaine dernière 

  • Dominique Seedeeal, dit Daren L’activiste, reçoit une clé USB dans une enveloppe, de manière anonyme. « Ankoler e soke », après avoir visionné le contenu de la clé USB, ce dernier réfléchit pendant deux jours à la marche à suivre.
  • « Monn sonn trwa ou kat stasion, personn pann pran mwa an konsiderasion », dit-il. L’activiste décide alors d’envoyer les vidéos à la presse et remet la clé USB à Bruneau Laurette.

2. Samedi 28 mai 

  • Trois vidéos montrant des actes de brutalité policière sur trois suspects sont mises en ligne. 

3. Dimanche 29 mai 

  • Christopher Pierre Louis, l’une des victimes qui apparaît dans les vidéos, consigne une déposition au poste de police de Piton contre la CID de Terre-Rouge.

4. Lundi 30 mai 

  • Christopher Pierre Louis porte plainte pour « torture by public official » au Central Criminal Investigation Department.
  • L’inspecteur Kailash Deroochoonee, le sergent Badal Reedoye et le constable Gokhool anciennement affectés à la CID de Terre-Rouge sont arrêtés et détenus au poste de Terre-Rouge.
  • Plusieurs policiers sont mutés à la Special Support Unit (SSU) et à la Special Mobile Force (SMF). Le sergent Reedoye et les limiers Ramchurn et Begue sont ainsi réaffectés à la SMF. Les constables Nilamber, Purgaus, Gopaul et Rengasamy sont, eux, casés à la SSU.

5. Mardi 31 mai

  • Christopher Pierre-Louis participe à une reconstitution des faits au bureau de la CID de Terre-Rouge.
  • Antoinette Jolicoeur, dont le fils, un détenu, aurait été victime de brutalités par l’équipe de la CID de Terre-Rouge porte plainte au CCID.
  • L’inspecteur Deroochoonee, le sergent Reedoye et le constable Gokhool sont traduits devant le tribunal de Pamplemousses et provisoirement inculpés de « torture by public official ». Leur demande de remise en liberté est rejetée.

6. Mercredi 1er juin

  • Bruneau Laurette porte plainte contre l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office, et contre le Premier ministre Pravind Jugnauth.
  • Manishwar Purmanund, National Coordinator au Youth for Human Rights International, enregistre une plainte au CCID, soutenant qu’il est en présence de quatre cas de brutalité et de torture policières depuis 2020.
  • Le sergent Reedoye est conduit aux Casernes centrales pour être interrogé. Il fait valoir son droit au silence, soulignant qu’il ne parlera qu’en présence de son avocat.

7. Jeudi 2 juin

  • Bruneau Laurette poste une nouvelle vidéo sur sa page Facebook. Elle montre des tortionnaires « dansant » sous des jeux de lumières.

8. Vendredi 3 juin 

  • Vinod Jeeool, 45 ans, une autre victime des policiers, porte plainte contre l’ex-Anti Robbery Squad, de la Southern Division. 
  • Le constable Purgaus, de la CID de Terre-Rouge, refuse de se soumettre à une parade d’identification.

9. Samedi 4 juin

  • Me Rama Valayden soumet une déposition au CCID, expliquant les circonstances dans lesquelles, en 2020, il aurait rencontré l’ex-commissaire de police, Khemraj Servansing, pour évoquer cette affaire. Il affirme avoir remis la clé USB à l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office.
 

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