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Anne se bat au quotidien : «Mes enfants ne m’ont rien demandé pour les fêtes»

Anne et son fils de 11 ans, orphelin de père. Anne et son fils de 11 ans, orphelin de père.

Dans une précédente édition, nous vous racontions l’histoire d’une fille qui, même parvenue en Grade 12, n’avait jamais demandé de téléphone portable à sa mère au vu de sa situation financière. Voici l’histoire d’une autre jeune femme et de ses deux enfants qui ne lui demandent jamais rien. Cela parce qu’ils voient combien elle trime pour les élever et les éduquer.

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« Ce qui compte le plus pour eux, c’est le matériel scolaire, les uniformes, les sacs et les chaussures. Si je peux leur donner cela, ils sont contents »

Anne (le prénom a été modifié), une habitante de Port-Louis Ouest, a perdu son mari il y a six ans, des suites d’un cancer. Elle était alors âgée d’à peine 31 ans. Leurs deux enfants, une fille et un garçon, avaient alors 8 et 5 ans. Que ce fut dur pour une femme de cet âge d’élever seule deux enfants, de payer le loyer et d’assurer toutes les autres dépenses ! « Le loyer, ajouté aux factures d’eau et d’électricité, me reviennent actuellement à Rs 7 000. Qu’est-ce qui me reste de ma pension de veuve ? Pour arrondir les fins de mois, je travaille comme bonne chez une famille. C’est un travail à temps partiel, parce que ce n’est que pour deux jours par semaine », explique-t-elle.

Les deux enfants d’Anne, qui ont aujourd’hui 14 et 11 ans, sont témoins, depuis plusieurs années, de la lutte de leur mère pour les nourrir, les éduquer, leur donner le minimum vital. Ils sont conscients de l’amour que leur mère leur porte. Ce qui est réjouissant pour elle, c’est qu’ils lui sont reconnaissants. « Mes enfants sont au courant de ma situation financière. Ils ne me demandent rien. C’est comme si ils savent que je ne peux rien leur offrir de plus que ce que je leur donne déjà. Nous sommes en décembre. Mes enfants ne m’ont rien demandé comme cadeau », raconte Anne.

Bien entendu, si elle le pouvait, Anne aurait bien aimé offrir à ses enfants les cadeaux dont elle sait qu’ils en rêvent. Après tout, quelle mère n’aimerait-elle pas faire plaisir à ses enfants ? « J’aurais aimé offrir un téléphone portable à ma fille. Je me fais du souci tant qu’elle n’est pas rentrée du collège. Si elle avait un téléphone, elle me donnerait de ses nouvelles. Je pourrais sortir et aller la retrouver à l’arrêt de bus, car elle doit marcher sur une bonne distance. Ou sinon, si je suis hospitalisée, je pourrais lui téléphoner. Quand je suis admise à l’hôpital, je suis très anxieuse, car je ne sais pas ce qui se passe à la maison. Le fait d’être anxieuse nuit encore à ma santé et souvent, je suis réprimandée par mon médecin traitant à cause de cela », confie Anne.

Dociles, les enfants d’Anne se contentent de l’essentiel. « Ce qui compte le plus pour eux, c’est le matériel scolaire, les uniformes, les sacs et les chaussures. Si je peux leur donner cela, ils sont contents », dit Anne. Ainsi, ses pensées sont tournées non vers les fêtes de fin d’année, mais pour les jours d’après. Son garçon entrera au collège l’année prochaine et elle a besoin de trouver deux rechanges (deux chemises et deux pantalons) qui lui coûteront Rs 1 500. Pour l’uniforme de sa fille, qui passera en Grade 10, elle ne sait pas encore. à ces dépenses, il faudra probablement ajouter des chaussures et des sacs.

« Mes enfants sont au courant de ma situation financière. Ils ne me demandent rien. C’est comme s’ils savent que je ne peux rien leur offrir de plus que ce que je leur donne déjà. Nous sommes en décembre. Mes enfants ne m’ont rien demandé comme cadeau »

« En parlant de vêtements, je dois vous confier que je n’ai pas acheté une seule rechange neuve pour eux depuis au moins deux ans. Ma patronne, qui a des enfants de presque le même âge que les miens, me donne leurs vêtements usagés. Ce sont ces habits que mes enfants portent », dit Anne.

Les circonstances ont fait grandir une fille de 14 ans

Anne est très fière de sa fille. « Elle n’a que 14 ans, mais elle sait pratiquement tout faire. Elle nettoie la maison, la cour, fait la vaisselle, la lessive et met le linge à sécher. Elle prépare aussi le repas quand il le faut. Elle m’aide énormément. C’est une fille incroyable ! » s’exclame-t-elle.

Depuis un an, Anne souffre d’une grosseur au ventre. « Quand j’étais hospitalisée, à 6 heures du matin, ma fille était déjà à l’hôpital pour me rendre visite. Avant de venir, elle s’était déjà occupée de la maison et avait préparé quelque chose que son petit frère apportait à l’école comme casse-croûte. Puis, elle partait au collège. Les après-midis, à l’heure des visites, à 15 h 30, elle était déjà là et restait à mes côtés jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à 17 heures. Je lui demandais de partir, mais elle ne voulait pas. C’était comme ça tous les jours », raconte la dame, la gorge nouée par l’émotion.

Ce qui réjouit encore le cœur d’Anne, c’est que sa fille ne s’est pas laissée affecter par ce qu’elle vivait. « Durant cette période-là, j’ai eu peur que tout cela ne l’affecte et l’empêche de se concentrer sur ses études et ainsi la fasse faillir à ses examens. Mais elle a brillamment réussi à ses examens de Grade 9 », déclare-t-elle.

Des nuages sombres planent à l’horizon

Disons-le franchement, en ce mois de décembre, Anne est un peu mieux, financièrement parlant, puisqu’elle a reçu une double pension. Mais le mois prochain, les choses reprendront leur cours normal. Et c’est un mois de janvier « dur » auquel devra faire face la jeune femme. Le propriétaire de la maison lui a déjà donné sa démission et elle devra évacuer les lieux d’ici fin janvier. Si d’ici là, elle n’a pas trouvé une autre maison, cette mère et ses deux enfants se retrouveront à la rue. « J’ai bien fait une demande pour un logement NHDC, mais on me réclame un dépôt de Rs 75 000. Impossible pour moi de trouver cette somme », dit Anne.

Un autre souci pour la jeune femme, c’est que le 20 janvier, elle devra se rendre à l’hôpital pour effectuer une nouvelle échographie de la grosseur décelée au ventre et qui mesure sept centimètres. Ses deux enfants vont se retrouver seuls une nouvelle fois si elle est hospitalisée. Ce qui est malheureux, c’est qu’Anne n’a personne sur qui compter. Elle a bien un frère et deux sœurs, mais jamais ils ne viennent lui rendre visite.

Après avoir lu cet article, avez-vous des vœux pour Anne ? Nous en avons et nous sommes certains que vous les partagez : qu’Anne trouve une maison à temps, reçoive des bons soins et que ses enfants ne se laissent pas influencer par les mauvaises choses de ce monde.

 

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