Argent : ces billets de banque qui nous enrichissent la vie…

Il nous gouverne depuis la nuit des temps. L’argent est présent sous de multiples formes. À Maurice, il se décline en billets et pièces de monnaie. Avec l’électronique qui n’a pas encore fait son entrée dans les petits commerces, le ticket d’autobus se payant en cash, le Mauricien a toujours une somme d’argent dans son portefeuille. Le point sur la situation avec des données de la Banque de Maurice.

Avec une économie en croissance, il va sans dire que le nombre de billets de banque suivrait le même rythme. Ce qui est une évidence quand on compare les chiffres sur une base annuelle. Entre mai 2017 et mai 2018, la valeur totale des billets en circulation a connu une progression de 5% pour passer à Rs 33.4 milliards. La hausse, supérieure à la croissance économique, se justifie par davantage de billets valant Rs 500 et Rs 1 000 ayant été injectés dans le circuit. Pourquoi tant de billets de Rs 500 et de Rs 1 000 sur le marché?

C’est un fait intéressant. Il y a moins de billets de Rs 2 000 qui sont entre les mains du grand public. La «panique» en début d’année y est pour quelque chose. En effet, selon les données de la Banque de Maurice, la valeur est passée d’un pic de Rs 4.84 milliards en décembre 2017 (fête de fin d’année oblige) à Rs 3.72 milliards en mai 2018 (contre Rs 4.52 milliards en mai 2017). La Banque centrale a épongé des billets de Rs 2 000 pour une somme de Rs 867 millions – suffisant pour payer 100 000 fois le salaire minimal.

Passons des billets aux pièces sonnantes et trébuchantes. Selon le dernier rapport mensuel de la Banque de Maurice, il y a Rs 1.05 milliard (en pièces allant d’un sou à Rs 20) dans le pays. La demande en petites monnaies en un an a porté davantage sur les pièces de Rs 10 et de Rs 5.

Impressions : Jusqu’à sept ans de vie pour un billet

À Maurice, cette semaine-ci pour des sessions de formation sur les faux billets, Kerre Corbin, Counterfeit Analyst chez De La Rue Plc, premier imprimeur de billets de banque au monde, nous explique l’importance de renouvellement dans le circuit monétaire. 

Dans un entretien réalisé le mercredi 18 juillet au siège de la Banque de Maurice, à Port Louis, elle affirme d’emblée que c’est toujours un défi de maintenir une avance sur les contre-facteurs. En examinant le type de faux billets, la Banque centrale d’un pays peut améliorer les éléments de sécurité afin de donner une douche froide aux criminels. À quelle fréquence devrait-on introduire de nouvelles générations de billets ? Elle explique que la durée de vie d’un billet de banque varie énormément d’un pays à l’autre. Selon Kerre Corbin, aux Etats-Unis, la durée est de trois ans à sept ans. Dans d’autres pays, elle n’est que de six mois. «It depends on the economy and how the country actually uses the money,» résume-t-elle.

Mais il y a toujours des économies qui dictent le pas de la modernité. Notre interlocutrice soutient que les des états situés en Europe du Nord sont en train de s’éloigner de billets de banque et bouger vers le digital et assurant la promotion des transactions…

À Feyçal Caunhye, Chief Communications Officer, Bank of Mauritius : «Un billet, c’est un outil économique important pour notre pays»

Que pouvez-vous nous dire en ce qui concerne les procédures de remplacement ou de remboursement de billets de banque abimés que détiendrait tout membre du public?
Selon la Section 39 de la Bank of Mauritius Act de 2004, c’est seulement la Banque de Maurice qui peut procéder au remplacement et, si nécessaire, au remboursement des billets de banque abimés ou incomplets que détiendrait tout membre du public. Cela peut être effectué durant les heures d’ouverture telles qu'à travers un communiqué par la Banque.

Il faut prendre en considération que certaines conditions sont applicables en vue du remplacement ou du remboursement au détenteur de billets dit ‘mutilés’ ou incomplets. Tout d’abord, le billet doit avoir été dûment émis par la Banque de Maurice et doit être authentique, autrement dit le billet ne doit pas être une contrefaçon ou avoir fait l’objet d’une falsification ou une modification quelconque.  Autres conditions : il peut s’agir d’un ou de plusieurs morceaux d’un même billet, il faut qu’il y ait au moins un numéro de série complet pour les besoins d’enregistrement des données et qu’au moins une signature complète soit visible.

Tout billet de banque déchiré, brulé ou abimé par des termites ou autres insectes sera remboursé à hauteur de 100% s’il constitue plus de 67% de la taille du billet original. Le billet sera remboursé à moitié s’il représente entre 40% et 67% de la taille du billet initial. Il n’y aura pas de remboursement si le billet endommagé représente moins de 40% du billet d’origine. 

Quid de l’utilisation de billets endommagés ? Est-il acceptable de refiler de tels billets à quelqu’un d’autre ?
Permettez-moi sur ce point de faire appel au sens de responsabilité des utilisateurs de billets de banque. Nous nous devons de respecter tout billet de banque, car c’est un outil économique important pour notre pays. Le fait qu’on soit conscient qu’on a un billet endommagé entre les mains devrait nous mener à l’échanger contre un billet en bon état. D’autant que la procédure d’échange est simple et rapide. J’invite le public à consulter le site web de la Banque de Maurice ou à téléphoner à la BoM.