Interview

Arvin Boolell : «Roshi Bhadain doit revoir sa décision»

Lors d’une rencontre à son domicile dans le cadre d’une éventuelle élection partielle au no 18, Arvin Boolell fait les éloges de Roshi Bhadain. Il demande à ce dernier de revoir sa décision de démissionner en tant que député.

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Que faites-vous en ce moment et qu’est-ce qui retient votre attention ?
Comme tout bon citoyen, je ne rate pas les débats budgétaires. Je suis en contact avec de nombreux professionnels et nous décortiquons le Budget 2017-18. Je reste en contact permanent avec les habitants de ma circonscription et les partisans de mon parti. Je suis aussi de près tout ce qui a trait aux victimes du Super Cash Back Gold. Sinon, je vais à la gym pour me maintenir en forme et je fais de la lecture. En ce moment, je lis Putting people before profits.

Quelle est votre lecture du Budget 2017-18 ?
The devils are in the details. Cette citation est plus que jamais appropriée. L’économie du pays est mal partie. Je suis inquiet car avec ce Budget, le gouvernement hypothèque l’avenir du pays. Si nou kontign ek sa bann triyangaz la, nou pou gagn problem ek bann instans internasional. Aujourd’hui, sans l’Inde, il n’y aurait pas eu de Budget. Le gouvernement se sert aussi des fonds du National Pension Fund et du National Savings Fund. C’est grave. J’attends que les syndicalistes réagissent. Qui remboursera cet argent à l’Inde et qu’adviendra-t-il si nous ne pouvons pas lui rembourser ? J’ai beaucoup d’amitié pour ce pays mais il faut que les transactions se fassent dans le respect mutuel. Je demande donc aux autorités mauriciennes et indiennes de rendre leur accord public.

Selon vous, qu’est-ce qui manque à ce Budget ?
Pauvreté zéro ! La Negative Income Tax a été introduite comme tactique pour retarder l’introduction du salaire minimal. Est-ce de cette façon qu’on luttera contre la pauvreté ? Où sont les mesures d’accompagnement ? Il y a bien les fonds Corporate Social Responsibility mais ce n’est pas suffisant. De plus, on n’a rien entendu sur l’économie bleue ou verte, ou sur le Brexit et son impact sur Maurice, le sucre, le textile et le tourisme.  C’est un Budget sans vision…

Quid du projet Metro Express ?
Nous savons tous que le gouvernement ne pourra pas aller de l’avant avec ce projet. Ce n’est pas rentable. On prend des années pour reloger 78 familles. Combien de temps prendra-t-il pour reloger toutes les familles concernées par ce projet ? D’ailleurs, les dernières explications du ministre Nando Bodha à ce sujet sont encore plus confuses. Il dit que le gouvernement revoit le tracé du Metro Express, mais il affirme que le contrat sera alloué dans trois semaines. Quels sont les développements à venir ? Pour moi, ce n’est qu’un projet éléphant…

Nous pouvons désormais suivre les débats parlementaires à la télé. Qu’en pensez-vous ?
Avec un peu de recul et d’un point de vue rationnel, je suis surtout inquiet. Maurice était une référence sur la scène internationale. Aujourd’hui, on se moque de nous. Surtout quand Soodhun publie un communiqué avec un en-tête officiel pour s’allier à l’Arabie saoudite afin d’aller contre le Qatar.

Sinon, comment va le Parti travailliste (PTr) ?
Dans nos conférences de presse, nous avons fait de la place pour plus de jeunes et de femmes au sein du parti afin d’assurer une meilleure représentation. C’est le parti du peuple et non la propriété de qui que ce soit.

Quand on parle de renouveau, n’est-ce pas légitime de revoir également le leadership ?
C’est aux instances d’en discuter et d’en décider.

Mais vous avez bien une opinion personnelle ?
Au sein du PTr, nous discutons ouvertement mais les décisions restent collectives.

Vous vous voyez devenir leader du PTr ?
Tout citoyen a le droit d’y aspirer.

Y a-t-il deux clans au sein du parti, l’un de Navin Ramgoolam et l’autre de Shakeel Mohammed ?
Les divergences d’opinions ne signifient pas guerres ou clans. C’est tout à fait sain de ne pas être d’accord et d’en débattre.

Concernant les débats parlementaires, que pensez-vous de la prestation des députés rouges ?
Ils ont beaucoup de mérite. Ils font très bien, avec élégance, humilité et fermeté. Cela reflète bien les caractéristiques du PTr. Ils font la fierté du parti.

Que fera le PTr en cas d’une élection partielle au no 18 ? Il se chuchote que vous serez candidat…
Ma vie politique a commencé au no 11. J’ai des relations privilégiées avec mes mandants. Je resterai toujours accessible. Mais je conseille à Roshi Bhadain de ne pas tomber dans le piège de ceux qui le provoquent. Li pe fer enn bon travay. J’apprécie beaucoup ses interventions. Il a beaucoup de mérite.  Je serai encore plus admiratif s’il revenait sur sa décision.

Vous l’avez rencontré pour lui dire tout cela ?
Non. Je lui ai téléphoné. On se connaît depuis longtemps et c’est un conseil d’ami que je lui donne. J’ai beaucoup plus d’années d’expérience en politique et c’est pour cela que je me permets de lui demander de revoir sa décision.

Vous ne souhaitez pas une élection partielle ?
Il y a un début de cohabitation et de cohésion parmi les parlementaires de l’opposition. Nous devons rester unis et travailler ensemble surtout sur les sujets transversaux. Nous devons tout faire pour provoquer des élections générales anticipées. Je demande aux partis de l’opposition de ne pas éparpiller leurs ressources. À Roshi Bhadain, je dis que c’est de l’intérieur qu’on peut mettre un frein à des projets tels que le Metro Express. J’appelle aussi à la désobéissance civile. S’il le faut, je suis prêt à aller m’asseoir devant le Parlement pour manifester.

Et en cas d’une élection partielle ?
Je lance un appel à la classe politique et à tous les citoyens : Desann lor terin ! La dernière déclaration de Koomaren Chetty nous démontre qu’il y a un ras-le-bol de ce gouvernement. Tous les partis de l’opposition doivent travailler ensemble, même si ensuite, il faut aller seul aux élections. Bizin zis fer sa gouvernnma la ale !

 

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