Aux Salines, Port-Louis : 3 gosses sans maman

Le père indique où il a retrouvé ses fils seuls dans la soirée du 30 décembre.

Il a cinq ans. Il doit veiller sur ses deux petits frères de trois et un an. Leur maman est en vadrouille. Leur papa est au boulot. Livrés à eux-mêmes, c’est la CDU qui est venue à leur rescousse. Voici leur histoire.

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6janvier 2018. Les fêtes sont derrière nous. Pour Ethan, un an, Kyan, 3 ans, et David, 5 ans, ce n’est pas la fiesta. David jouera au chef de famille, en l’absence des parents. Car, maman est partie, papa est au boulot. Ce sont des enfants comme les autres, mais pas que. Car, ils ont pris le chemin, non pas d’une garderie, mais celui d’un shelter de la Child Development Unit (CDU). Ils sont sains et saufs.

 Le temps semble s’être arrêté dans cette ruelle aux Salines, Port-Louis, où vivaient ces trois enfants. Brandon est perdu dans ses pensées sur le seuil de sa porte. Ce père, âgé de 49 ans, ne sait plus à quel saint se vouer après que ses trois fils lui ont été enlevés par la Child Development Unit (CDU). La faute, dit-il, est à la mère de ses enfants. Celle-ci a délaissé le toit familial en juillet 2017 avec les trois gosses. Mais le 30 décembre dernier, les enfants ont été « déposés » chez leur père sans que la mère ne le prévienne.

Soirée fatidique

Abattu et accablé par les événements du samedi 6 janvier, ce père de famille nous reçoit devant sa modeste maison, en béton sous une toiture en tôle. Les ouvertures sont couvertes par une porte en tôle et une fenêtre en bois. Vêtu d’un bermuda seulement, Brandon fait le récit fatidique de la soirée du 30 décembre. « Ma femme et moi, nous nous sommes séparés depuis six mois. Elle avait obtenu la garde des enfants. Mais le samedi 30 décembre, alors que je rentrais chez moi après le boulot aux alentours de 21 h 00, j’étais surpris de voir mes trois fils à la maison. Les deux petits étaient sur le lit alors que l’aîné était sur le sofa. Lorsque j’ai téléphoné à leur mère, elle n’a pas répondu », se remémore-t-il.

Ce helper allègue que son ex-compagne a pu avoir accès à l’intérieur de son deux-pièces par la porte arrière. « Cette porte est endommagée et je n’ai pas eu le temps de la réparer. Elle a fait le tour de la maison afin d’y accéder. Elle a abandonné les enfants sans rien leur donner. Ni vêtements, ni nourriture. Le comble, les enfants perçoivent une aide de l’État et je lui donne Rs 2 000 mensuellement pour eux ».

Si, dimanche, ce quadragénaire s’est rendu à son boulot pendant que sa sœur s’occupait des enfants, par contre, les choses se sont compliquées le mercredi 3 janvier. « Comme je devais reprendre le travail et que ma sœur habite à côté, j’ai laissé les enfants seuls à la maison. J’avais laissé leur repas et je sais que l’aîné allait prendre soins de ses deux frères à leur réveil », dit-il. Mais Brandon était loin de se douter que les autorités allaient intervenir.

C’est ainsi que la CDU a reçu un appel anonyme sur la hotline 113 l’informant que trois enfants en bas âge étaient seuls dans une maison délabrée. Un officier de la Family Welfare and Protection Unit et le personnel de la CDU se sont rendus sur place pour constater le sort de ces enfants le même jour. Ils ont aperçu les enfants au lit dans une pièce où les vêtements étaient entassés et un chiot qui errait. Les enfants étaient livrés à leur sort, sans la surveillance d’un adulte.

Les enfants ont été placés dans un abri.

«Récupérer les enfants»

Mais la tante des enfants, qui réside à côté, a expliqué aux officiers qu’elle s’occupait des enfants en attendant l’arrivée de leur père. Toutefois, les officiers étaient loin d’être convaincus. Ils sont retournés sur place le samedi 6 janvier aux alentours de 11 h 25 pour vérifier la condition de vie des enfants. Ils étaient assommés de voir les enfants de nouveau seuls dans la maison, dans des conditions sales avec des blessures mineures. Les trois frères ont été conduits à l’hôpital Jeetoo pour recevoir des soins avant d’être placés dans un abri pour enfants.

« Monn pas enn move reveyon. Mo pou fer tou pou regagn mo bann zanfan. Zot mama inn kit zot in ale me mardi mo pou al fer mo bann demars », affirme-t-il avant d’ajouter : « J’ai annoncé la nouvelle à mon ex-compagne que la CDU a pris les trois enfants, elle m’a simplement répondu : less li. »

Le Défi Quotidien a vainement tenté d’entrer en communication avec la mère des trois enfants. Elle est restée injoignable.


Merci CDU

C’est la deuxième fois que les officiers de la CDU sont alertés de ce cas d’abandon. La première, selon les dires du père, était vers la mi-décembre. « Le jour que le gouvernement avait payé la pension et le boni, elle avait laissé les enfants chez une dame à Bain-des-Dames. Mais après quatre jours, elle ne s’est jamais pointée. La dame a dû alerter la CDU pour rappeler la mère à l’ordre. Elle a repris les enfants sous sa charge, mais le 30 décembre, elle a récidivé en laissant les enfants seuls chez moi. La dernière fois que je l’ai rencontrée, c’était le 23 décembre à Port-Louis où je lui ’ai remis des cadeaux pour mes enfants », raconte Brandon. Alertés une deuxième fois de ce cas, les officiers n’ont eu d’autre choix que de prendre en charge les enfants. Un officier de la Family Welfare and Protection Unit a consigné une déposition au poste de police de Line Barracks le samedi 6 janvier à 11 h 35.

 

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