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Bangladesh: les ouvriers du textile rejettent une hausse de 56% du salaire minimum

Des ouvriers manifestant pour réclamer l'augmentation de leurs salaires se dispersent après que la police a tiré du gaz lacrymogène, à Dhaka, le 2 novembre 2023

Le comité du salaire minimum pour l'industrie textile du Bangladesh a augmenté mardi de 56,25% le salaire mensuel de base des quatre millions d'ouvriers du secteur, le portant à 12.500 takas (104 euros), mais ce montant a aussitôt été rejeté par les syndicats.

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"Le nouveau salaire mensuel minimum pour les ouvriers des usines de confection a été fixé à 12.500 takas. Il sera effectif à partir de décembre", a déclaré à l'AFP Raisha Afroz, secrétaire du comité du salaire minimum nommé par le gouvernement.

Ce montant a été immédiatement jugé insuffisant par la Fédération des ouvriers de l'industrie et de l'habillement du Bangladesh (BGIWF).

"C'est inacceptable. Cela est en deçà de nos attentes", a protesté auprès de l'AFP Kalpona Akter, présidente de la BGIWF, qui estime que le salaire minimum devrait être augmenté juqu'à 15.000 takas au moins.

Dès l'annonce, des centaines d'ouvriers du textile se sont rassemblés, près du ministère du Travail dans le centre de Dacca, la capitale.

"On se moque des ouvriers. Il est évident que le gouvernement et les propriétaires n'ont regardé que leurs propres intérêts, ignorant le coût de la vie pour les travailleurs", a dénoncé Taslima Akter, une dirigeante syndicale, dans le rassemblement.

 "Une injustice" 

Les ouvriers du textile, qui manifestent depuis deux semaines, exigent un quasi-triplement du salaire mensuel minimum, actuellement à 8.300 takas (70 euros) et qu'ils veulent voir grimper à 23.000 takas (190 euros).

"Je rejette ce nouveau salaire minimum mensuel. C'est une injustice pour nous", s'est indigné auprès de l'AFP Sajal Mia, 21 ans, un ouvrier du secteur. "Les autorités n’ont pas pris en compte la situation du marché", a-t-il poursuivi, "elles ne se soucient que de leurs propres intérêts".

Un peu plus tôt mardi, des violences avaient éclaté à Gazipur, au nord de Dacca. Selon la police, quelque 6.000 travailleurs ont manifesté et incendié un bus dans l'attente de l'issue des négociations sur cette hausse du salaire minimum.

"Ils ont incendié un bus. Nous avons tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser", a indiqué à l'AFP Sarwar Alam, chef de l'unité de la police de Gazipur.

D'après la police, quelque 600 usines textiles ont été fermées et des dizaines ont été saccagées la semaine dernière lors des pires manifestations salariales touchant les grandes zones industrielles du pays cette dernière décennie.

Quatre usines ont été incendiées et des routes bloquées par des milliers de manifestants. Au moins deux ouvriers sont morts dans ces violences.

10% d'inflation 

Le textile est une industrie clé du Bangladesh, deuxième exportateur mondial de vêtements derrière la Chine.

Ses quelque 3.500 usines textiles, employant quatre millions d'ouvriers, majoritairement des femmes, produisent 85% des 55 milliards de dollars d'exportations annuelles du Bangladesh.

Elles fournissent des marques et distributeurs occidentaux, dont Gap, Hugo Boss, Adidas, H&M, le groupe Inditex dont fait partie Zara, Puma ou encore Levi's.

Ces grands noms n'ont pas fait de commentaire dans l'immédiat, mais le mois dernier, certains d'entre eux avaient écrit à la Première ministre Sheikh Hasina, souhaitant "une heureuse conclusion" aux négociations salariales.

"Les consultations devraient chercher à augmenter le salaire minimum à un niveau qui corresponde à un niveau de salaire et d'avantages suffisants pour couvrir les besoins fondamentaux des travailleurs et certains revenus discrétionnaires", ajoutaient-ils.

Selon les syndicats, les ouvriers souffrent durement de l'inflation, qui a atteint près de 10% en octobre, et de la dépréciation d'environ 30% du taka par rapport au dollar américain depuis le début de l'an dernier.

Le comité du salaire minimum, nommé par l'État, comprend des représentants des fabricants, des syndicats et des experts en salaires. Il se réunit généralement tous les cinq ans pour augmenter le salaire de base du secteur.

La dernière augmentation de cette rémunération remonte à décembre 2018. Elle était alors passée de 5.000 à 8.000 takas par mois. En complément, un ouvrier du vêtement reçoit également un minimum de 300 takas en prime de présence.

Les manifestations des ouvriers du textile ont coïncidé avec celles des partis d'opposition qui exigent la démission de Mme Hasina avant les élections prévues en janvier.

© Agence France-Presse

 

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