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Bright Up Programme : briser le cycle du décrochage scolaire  

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Le décrochage scolaire est bien présent dans notre système éducatif. Selon les statistiques, environ 60% des élèves admis en Grade 1 n’arrivent pas jusqu’en Higher School Certificate. Quelles en sont les raisons et comment améliorer la situation ? Voyons ensemble quelques éléments de réponses avec certains pédagogues.

Pravesh Sawon, coordinateur au MITD.
Pravesh Sawon, coordinateur au MITD.

Délaisser les bancs de l’école. C’est une réalité pour plusieurs élèves. Ils ne trouvent pas d’intérêt à assister aux cours offerts. Les raisons divergent selon les professionnels du secteur. Anil, qui est prof dans un établissement secondaire de Port-Louis, souligne qu’ « en tant que profs, nous savons lorsqu’un élève ne s’intéresse pas à l’école. Cet élève a un profil bien précis. Il ou elle est distrait en classe ; il/elle va agacer les autres ; il/elle est indiscipliné, marchant partout, faisant du bruit, entre autres. À l’école, nous n’avons d’autres choix que de rapporter le cas au chef de l’établissement qui essaiera de faire une médiation avec les parents. Souvent arrivé à cette étape, le parent baisse les bras, disant ‘mo nepli kone ki pou fer ar li…’ » 

Anil ajoute que dans bien des cas, ces élèves ont un taux élevé d’absentéisme. Toujours selon lui, lorsque les travailleurs sociaux vont leur rendre visite, ils ne sont pas chez eux, mais dans la rue avec d’autres amis !

Raisons mises en avant

« Notre système d’éducation n’a pas failli à tous les niveaux ». Le pédagogue Lindsay Thomas est catégorique. Selon lui, la pédagogie offerte jusqu’à présent permet à beaucoup d’élèves d’étudier ou de travailler à l’étranger. Ils sont aussi chefs d’entreprises ou occupent de hautes fonctions. Cependant, Lindsay Thomas reconnaît qu’il y a aussi ceux qui restent sur le bord de la route. « Il y a ceux qui sont issus de familles défavorisées ou brisées, où les parents ont d’autres priorités que d’envoyer leurs enfants à l’école ».

Il évoque le cas de ceux qui n’ont jamais été dans une unité du pré primaire. Ils n’ont malheureusement pas de base lorsqu’ils entrent au primaire. Lindsay Thomas pointe aussi du doigt la promotion automatique de classe en classe, où l’enfant n’a pas acquis ce qu’il faut, mais change de niveau. « Il est clair qu’à ce stade, l’enfant n’a pas pu rattraper son retard depuis le préscolaire et cela pose problème à la longue dans certains cas… »

Le député du Parti travailliste, Mahend Gungaparsad, qualifie pour sa part le système éducatif de hautement compétitif. Ce qui selon lui freine les élèves dans leurs études et encourage d’autres à une réussite individuelle. 

Solutions  

Le député travailliste Mahend Gungapersad.
Le député travailliste Mahend Gungapersad.

Le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) offre une deuxième chance aux élèves qui ne se retrouvent pas dans le mainstream. À travers ses cours, l’élève a l’occasion de se découvrir et d’apprendre un métier. Le coordinateur Pravesh Sawon est de ceux qui croient dans le potentiel de chaque individu. « Les cours qui sont offerts sont là pour valoriser tout individu qui souhaite suivre un parcours professionnel ». Le MITD offre une soixantaine de cours qui incluent pratique (80%) et théorie (20%). Ils sont dispensés soit à plein temps ou à temps partiel. Chaque année, il y a environ 2 500 jeunes qui sortent de ces centres après avoir suivi des cours qui englobent les dernières technologies disponibles dans les différents secteurs professionnels. 

Quant au Dr Om Nath Varma, pédagogue et sociologue, il croit que la famille a un rôle important dans la vie de tout individu. « Les parents ont une responsabilité énorme dans la croissance de leurs enfants. Cela dès leur jeune âge, car l’enfant apprend en prenant exemple sur eux. Nous devons nous ressaisir en tant que famille, en tant que société, pour le bien de nos enfants », soutient-il.

Le sociologue insiste aussi sur la dispensation de la connaissance au sein des écoles. Il avance qu’au sein des écoles, il est important de trouver la méthode appropriée pour que chaque enfant puisse se retrouver. Selon lui, l’utilisation du portable peut être vu positivement, si l’élève le fait pour la lecture ou étudier. 

Mahend Gungaparsad propose ainsi que le Mauritius Institute of Education (MIE) revoie la formation des enseignants. Bien que ces derniers ont la latitude de tenir leur classe en tenant compte des besoins de leurs élèves, il explique que chaque enfant est différent et a des besoins spécifiques pour étudier et devenir un adulte responsable. 

Le pédagogue Lindsay Thomas.
Le pédagogue Lindsay Thomas.

Lindsay Thomas est d’avis qu’il y a un écart entre le National Certificate of Education (NCE) et le School Certificate (SC). « Il est temps de faire une évaluation entre ces deux classes et apporter des changements nécessaires. La réforme du Nine Year Continuous Basic Education n’est pas mauvaise, mais il faut apporter des changements là où il faut en tenant compte de ce qui se passe sur le terrain », précise-t-il. 

Ce dernier avance que le programme d’études offert en Grade 9 ou 9+ pour ensuite accéder au NCE, n’est pas au niveau avec des deloading dans certaines matières. Selon le pédagogue, cela ne correspond pas à ce qui est demandé aux élèves pour passer le SC, parce que Cambridge Assessment International Education (CAIE) a un niveau à maintenir. 

Il met aussi en avant l’éducation émotionnelle et relationnelle qui est importante dans la vie de tout élève. Ainsi, il souhaite que des sessions y relatives puissent être offertes aux élèves et aussi aux parents. 
Des pédagogues soulignent qu’il est important d’avoir une approche holistique. Pour ce faire, il faut tenir compte des besoins des élèves de cette génération, puisqu’ils ne sont pas les mêmes qu’autrefois. Ils soutiennent que les décideurs se doivent de consulter ceux qui sont sur le terrain, pour comprendre la réalité des élèves. 

Ils croient également qu’il est important de faire un suivi dès le primaire. Le soutien des Support Teachers est bien accueilli, mais ils espèrent que cela puisse porter ses fruits à long terme.

La façon de dispenser les cours en ligne devrait être revue selon eux. C’est ainsi qu’ils proposent une plateforme qui contiendrait du matériel pour les élèves des Grades 1 à 13. L’élève pourrait alors consulter à loisir les cours disponibles et avancer dans son parcours pédagogique. 

De plus, la façon d’enseigner devrait être revue. Ils pensent que l’aspect pratique doit être inclus et non pas seulement l’aspect théorique. 

Encore de la place pour le Bright Up Programme 

Le Bright Up Programme a été introduit au début de 2024. Les cours sont dispensés dans huit centres du MITD à travers l’île. Pravesh Sawon souligne qu’au 29 mars dernier, il y a 1 137 élèves admis, mais qu’il y a encore de la place pour ceux qui souhaitent poursuivre leurs études. En effet, selon les chiffres, le taux de réussite au niveau de l’Extended Programme pour les épreuves du National Certificate of Education (NCE) de 2023 est de 8,9 %. Soit seulement 192 élèves sur les 2 149 ayant pris les examens ont réussi. En 2022, seuls 71 élèves sur les 3 291 ayant pris part à ces examens avaient réussi.  

À ce stade, le dernier rapport de l’Audit met en exergue ce programme. Il recommande, entre autres, une évaluation complète du programme, afin d’identifier les défis et les lacunes. Le directeur de l’Audit insiste aussi sur la prise en compte du point de vue de tous les partenaires pour améliorer ce programme. Un indicateur devrait aussi être considéré pour mesurer la performance de cette filière. 

Le Bright Up Programme s’adresse à ceux qui ont échoué aux épreuves du National Certificate of Education (NCE). L’objectif est de donner aux adolescents concernés l’occasion de se construire, d’apprendre à vivre ensemble et à suivre une filière qui leur permettra de gagner leur vie. 

Les élèves qui y sont admis ont l’occasion d’avoir aussi des formations du Mauritius Sports Council (MSC) et de la National Social Inclusion Foundation (NSIF). À travers ces organismes, les jeunes sont exposés à la citoyenneté responsable, à l’éducation et aux disciplines sportives.

Selon le cursus, après cette année de remise à niveau, les élèves débuteront l’année prochaine le National Certificate (NC 2). Puis, ils seront initiés à un cours professionnel qui les mènera au National Certificate (NC 3). Les élèves passeront deux jours au centre de formation et les trois autres jours en entreprise et recevront une allocation de Rs 8 000.

Développement holistique

Parmi les activités qui sont offertes sous le Bright Up Programme, il y a le Line up, Live up qui vise à promouvoir le développement holistique de tous les enfants.

Le séjour de rupture (Breakaway stays) consiste à fournir un environnement propice à la croissance personnelle, à l’apprentissage et à la découverte de soi.

L’outdoor education est, comme son nom l’indique, un programme d’éducation qui se fait en plein air. Le programme ‘Apprendre à nager’ offre des cours de natation en mettant l'accent sur les compétences de base en natation, la confiance dans l'eau et la prévention de la noyade. Le ‘Family United’ est conçu pour les parents et leurs enfants et vise à prévenir la toxicomanie, la violence contre les enfants et les jeunes, la criminalité, à développer des compétences parentales positives et à bâtir une famille solide. Le ‘Social mentoring’ est une technique d'intervention sociale efficace qui joue un rôle crucial dans le soutien aux jeunes menacés d'exclusion de la société.

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