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Cavadee : dévotion et sacrifice

Après une dizaine de jours de carême, la communauté tamoule célèbre ce jeudi 9 février le Thaipoosam Cavadee. Une fête marquée par la dévotion et le sacrifice. La journée sera entièrement dédiée à la prière.

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Depuis ce matin, l’ambiance est spéciale chez la famille Mauree à Terre-Rouge. Daren et ses parents, Priscilla et Goparlen se sont préparés dès l’aube pour cette journée de prière pour remercier le dieu Muruga. Cette année, Daren portera le cavadee pour la troisième fois consécutive. Au total, c’est la sixième fois car enfant, il en a déjà porté.

Avec ses parents, Daren vit ce moment avec beaucoup de ferveur. « C’est un sentiment inexplicable et il nous arrive d’avoir des larmes aux yeux durant les cérémonies car c’est très fort en émotion », confie le jeune homme. Ainsi, après dix jours de carême, il a passé sa soirée de mercredi à mettre sur pied son cavadee qu’il portera aujourd’hui. Ce matin, après un bain purificateur, ils quitteront la maison avec leur cavadee pour aller à Port-Louis, au kovil de la rue St-Denis pour une deuxième purification avant la procession.

C’est au temple que les aiguilles seront placées sur leurs corps. Daren, lui, ne se transperce que la langue. Un rite qui les oblige à ne pas parler et ainsi mieux se concentrer sur sa foi. Le recueillement commence car pendant toute la journée, ceux qui portent le cavadee ne doivent pas parler. C’est un sacrifice parmi d’autres car depuis le début du carême, les pénitents doivent se détacher de tout. Parmi les sacrifices, ils dorment à même le sol.

Les composantes de la vie

« Ils se rapprochent de dieu et doivent laisser leur confort habituel », fait comprendre l’aya Saravanan Veerabudren qui officie au Mon-Désert Alma Mariammem Kovil Ottroomaye Sangham à Saint-Pierre. Les dévots ne mangent que des plats végétariens pendant ces quelques jours et seulement ceux préparés à la maison. « Pendant ces dix jours, ma maman a préparé des plats pour qu’on emmène au travail alors que les autres jours, on a l’habitude d’acheter un repas à midi », ajoute Daren.

Le jour de Thaipoosam Cavadee, le repas est servi au kovil après la procession. On y retrouve tous les goûts : sucré, salé, aigre et amer car ce sont les composantes de la vie. « Chaque aspect de cette fête a un sens. Le cavadee est aussi une structure qui doit être composée des cinq éléments de la vie : l’eau, la terre, le feu, l’air et l’univers», précise l’aya qui souligne aussi que le cavadee doit être aussi simple que possible mais avec des éléments de la nature tels que le bois, les feuilles et le bambou.

Du kovil de la rue St-Denis, Daren et sa famille se dirigeront vers le Sockalingum Meenatchee Ammen Kovil, à Kailasson, en suivant la procession qui se fera pieds nus sur le bitume. « C’est à travers ces sacrifices qu’on démontre notre dévotion au dieu Muruga  », explique Daren. Sur place, ils feront le tour du temple avant d’y entrer pour une prière, faire des offrandes au dieu Muruga dont le lait qu’ils ont transporté. C’est aussi à ce moment-là que les aiguilles sont enlevées de leurs corps. « Rien d’autre ne compte pendant cette journée de recueillement. On fait abstraction du reste. On se retrouve avec soi-même et c’est un moment de grande joie et de dévotion. Un moment à vivre avec une émotion intense », souligne Daren.

Une fois les rites terminés, une dernière prière a lieu au temple à 15 heures. De retour à la maison, les proches sont invités pour un repas spécial ce soir-là. Au menu, il y a le briani végétarien ou alors le traditionnel  « sept caris ». « C’est dans la joie que la soirée se déroule », ajoute le jeune homme qui s’est dévoué corps et âme pour son dieu Muruga. Mais le carême n’est pas fini pour autant. C’est le jeudi 9 février que le dernier rituel a lieu avec une cérémonie au temple. « Avant le début du carême, il y a la cérémonie kodiyettam appelée ‘lev paviyon’ et à la fin du Thaipoosam Cadavee, ce ‘paviyon’ doit être descendu pour marquer la fin du carême », indique Daren.

Il faut savoir qu’il y a un cavadee tous les mois. C’est ce que fait comprendre l’aya Veerabudren. Cependant, le plus grand festival est le Thaipoosam Cavadee avec notamment le corps transpercé d’aiguilles. C’est la fête la plus spectaculaire et l’occasion pour les fidèles de prouver leur adoration, leur fidélité et leur affection au dieu Muruga qui est le dieu tutélaire de la communauté tamoule.

 

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