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Chantage à la webcam : les victimes tombent des nues

Les  techniques d’arnaque sur la Toile ont évolué. La dernière trouvaille des escrocs du Net est la sextorsion, ou chantage à la webcam. Zoom sur ces maîtres chanteurs 2.0.

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La nouvelle arme des scammers  est redoutable : la sextorsion. Et le nombre de victimes ne cessent d’augmenter. Aujourd’hui l’arnaque à la webcam sur Skype touche principalement des hommes mariés, dont des fonctionnaires et des membres de la force policière. Les femmes aussi sont victimes de chantage à la webcam. En général, ce sont les hommes qui sont les plus ciblés par le brouteur spécialisé en sextorsion. Les femmes sont plus souvent victimes de Spam Romance, où l’escroc joue avec le sentiment et la confiance de ses proies.

Pour un moment de plaisir, certains hommes, pour satisfaire leurs désirs charnels, sont parfois prêts à tout. Ils ne réfléchissent pas  et se laissent prendre au piège du « brouteur », qui est un redoutable maître chanteur. Il a recours au sexe pour exercer un chantage sur sa victime.

Le brouteur utilise les réseaux sociaux comme Facebook ou même un site de rencontres tel que Badoo. Ces arnaqueurs sont même actifs sur des sites professionnels comme Linkedin. Ils affichent la photo d’une belle, qui donne l’impression d’être une  jolie femme simple et naturelle. Il suffit qu’un homme s’attarde sur le profil Facebook pour que le brouteur lui envoie une  friend request.

En moins de 24 heures, l’arnaque prend forme. Dès que la proie accepte la demande d’amis, le brouteur commence à lui poser des questions pertinentes. Des victimes, surtout des hommes, pensent avoir affaire à une belle femme et se laissent prendre au piège. Ils s’engagent dans une conversation avec le brouteur.

Tout se passe très vite. Après avoir conversé brièvement sur Facebook ou autre réseau social, la femme – ou plutôt l’escroc – invite l’homme à le contacter par Skype. Un homme qui a eu le malheur de rencontrer un brouteur explique à Le Dimanche/L’Hebdo comment il s’est laissé piéger. « Li demann mwa si mo ena Skype, zwen li online. Li dir mwa so micro pa bon, me li pu kapav chat. Elle disait s’appeler Deborah Duchamps.

À aucun moment, je ne me suis rendu compte que j’avais affaire à un escroc », explique notre interlocuteur. Celui-ci, un policier, nous explique que la conversation a rapidement dévié vers des sujets plus grivois. Elle commence alors à se dévêtir et demande au policier d’en faire de même avec des gestes sensuels. « Tout s’est passé très vite, en deux à  trois minutes. Apre li koup video live la », raconte le policier.

Maintenant que l’escroc est en possession de la vidéo, le chantage commence. Le ton change. « Li dir mwa si to pa vers 35 000 euros via Western Union, to video pou poster sit lapolis e mem lor Facebook », raconte le policier.

Il tente alors d’expliquer qu’il n’aura pas cette somme d’argent et qu’il n’est qu’un simple fonctionnaire. Le policier n’a pas porté plainte et a préféré couper tout contact avec le maître chanteur. Cependant, l’escroc a trouvé d’autres moyens pour tenter d’intimider sa victime. «  Li avoy mwa enn mesaz lor facebook pou demann mwa si mo fini vers kas la. J’ai refusé de céder à son chantage », ajoute la victime.

Le policier a sauvegardé les messages du maître chanteur. 

Un spécialiste de la cybercriminalité de la police nous explique que la sextorsion est en plein essor et qu’il faut « prévenir que guérir ».

« Ne publiez jamais de photos en tenue sexy ou compromettantes sur les réseaux sociaux. Sécurisez vos photos et d’autres informations personnelles. Changez souvent votre mot de passe. Ne vous laissez pas prendre en photo ou ne vous faites pas filmer en vidéo lors d’ébats sexuels. Si vous êtes consentant, assumez votre responsabilité », recommande notre interlocuteur. « Les auteurs de faux profils utilisent souvent des e-mails fabriqués. Pour en savoir plus, faites des recherches sur la personne. Si quelqu’un a piraté votre compte sur un réseau social, prévenez ses modérateurs et la police, afin de parer à toute éventualité. »

Il ne faut pas céder au chantage. Si vous commencez à payer 100 euros, il vous en demandera plus et exercera plus de pression sur vous. Coupez tout contact. Si vous avez un compte sur Skype, supprimez-le tout simplement.

La loi sur la sextorsion

La section 46 de l’Information and Communications Act (ICTA) stipule : « Any person who uses an ICT service for transmitting a message which is grossly offensive, or of an indecent, obscene or menacing character, or for the purpose of causing annoyance, inconvenience or needless anxiety to any person or which is likely to endanger State defense, public safety or public order, commits an offence and is liable to a maximum fine of Rs 1 million and to maximum imprisonment of 5 years.»

En vertu de l’article 4 du Code pénal, ceux qui créent un faux profil avec l’intention d’exercer un chantage risquent Rs 200 000 d’amende et une peine de prison de 20 ans au maximum. L’article 86 du Code pénal, lui, sanctionne les délits catégorisés comme « dealing with obscene matters ».

Faux profils et harcèlement

La Computer Emergency Response (CERT-MU), une division du National Computer Board, a pour mission de mettre en place des mesures pour réduire les risques liés à la sécurité. Elle donne des conseils pour de meilleures pratiques en  matière de sécurité de l’information. Elle avertit et sensibilise également les utilisateurs sur les dernières menaces à la sécurité.

Rappel

  • Janvier 2016 : Rs 28 000 pour retirer un clip pornographique de YouTube. Shameem, 30 ans, habitant de Vallée-Pitot, avait répondu à une friend request de Cindy V. sur Facebook. Après avoir filmé Shameem en visio-conference, elle lui a tout de suite demandé 700 euros pour ne pas partager l’extrait sur Facebook et YouTube. La victime a déposé plainte à l’unité Cybercrime de la police.
  • Novembre 2015 : Deux sœurs piégées par un inconnu, l’une âgée de 14 ans et l’autre de 21 ans. Elles alléguent avoir été forcées à se mettre nues devant leur webcam à la demande d’un inconnu. Le brouteur avait d’abord réussi à amener l’adolescente à se dévêtir sur Skype. Par la suite, il aurait fait chanter la sœur aînée pour la forcer à faire de même, au risque de publier la vidéo de la petite sœur. Ce fait avait été rapporté à la police de Rose-Hill.
  • Juillet 2013 : Elle menace de publier les photos de sa rivale sur Facebook, après que son concubin l’a trompée avec sa secrétaire. Elle avait demandé à sa rivale de lui verser la somme de Rs 100 000. Une déposition a été consignée à la CID du Nord. Le maître chanteur a, par la suite, été arrêté.
 

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