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Classement de Reporters sans Frontières : Maurice recule de trois places et se retrouve 64e

Dans le dernier rapport de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse, rendu public mardi 3 mai, Maurice recule de trois positions. Il se retrouve maintenant à la 64e place sur 180 pays avec un score de 66.07 points contre 71.26 l’année dernière. Ainsi, le pays dégringole de huit places ayant déjà perdu cinq en 2021. En 2007, soit 15 ans de cela, le pays occupait la 25e position. 

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Le Top 3 est composé de la Norvège (92.65 points), le Danemark (90.27) et la Suède (88.84). En Afrique, le meilleur score est obtenu par les Seychelles avec 83.33 points. Sur le plan mondial, il est 13e. Le second pays africain est la Namibie (18e). Toujours au niveau du continent africain, on note que l’ile Maurice est devancée par la Guyane (34e), l’Afrique du Sud (35e), le Cap-Vert (36e), la Côte d’Ivoire (37e), le Burkina Faso (41e), la Sierra Leone (46e), la Gambie (50e), le Niger (59e) et le Ghana (60e).

Dans son analyse, Reporters sans Frontières multiplie les critiques contre Maurice. Par rapport au paysage médiatique, l’ONG constate qu’il est coupé en deux. « D’un côté, les médias politisés avec la radiotélévision nationale et les médias proches du pouvoir versant souvent dans la propagande, les médias favorables à l’opposition sont susceptibles d’être boycottés par les autorités, et, de l’autre, des médias à la liberté d’un ton bien réel, mais pouvant virer au sensationnalisme et nuire à la qualité de l’information. Dans ce paysage médiatique, les médias indépendants, sérieux et fiables peinent à trouver leur place ».

Reporters sans Frontières s’alarme aussi du fait que « Le pouvoir politique exerce une emprise totale sur la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), dont le directeur général est nommé par le Premier ministre ».

L’Independent Broadcasting Authority (IBA) est aussi dans son viseur. « Le manque d’indépendance de cet organe de régulation ne contribue pas à l’émergence d’un journalisme de qualité. Les sanctions ciblent très souvent les médias proches de l’opposition, comme en décembre 2020, lorsqu’une radio a écopé d’une interdiction de diffusion de 72 heures après qu’un syndicaliste a qualifié le Premier ministre indien, Narendra Modi de « raciste ». 

Quant au cadre légal, il n’est pas protecteur pour les journalistes, constate l’ONG. « En 2021, le très controversé projet de loi sur la régulation des médias a été adopté, remettant en cause le secret des sources, durcissant les conditions d’exercice des radios et renforçant les sanctions qu’encourent les journalistes devant les tribunaux. Depuis 2018, des amendements à la loi sur l’information et les télécommunications instaurent des peines de prison pour les auteurs de contenus en ligne contrariants ou dérangeants.  Certaines lois héritées de la période coloniale comme l’Official Secrets Act sont toujours en vigueur et des fonctionnaires qui fourniraient des informations sensibles à des journalistes sont passibles de sanctions ».

Pour ce qui est du contexte économique, là aussi Reporters sans Frontières note de mauvais signes. « Dans certains médias, des directives sont données pour une couverture clémente de la politique gouvernementale afin de ne pas impacter les intérêts du propriétaire, l’argent public étant souvent orienté vers des médias à la solde du pouvoir. Le recours à des contrats précaires affaiblit la qualité du travail des journalistes ».

Reporters sans Frontières indique que les menaces et les actes d’intimidation sont rares contre les journalistes. Par contre, les insultes sur les réseaux sociaux sont en augmentation. « Toutefois, les récentes attaques verbales visant les correspondants des médias internationaux accusés d’avoir noirci la situation sanitaire liée à l’épidémie ont pu être perçues comme une incitation à la violence envers ces journalistes dont l’identité est connue de tous ».

 

 

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