Société

Don d’organe: Un acte naturel?

Des amendements seront apportés à la Human Tissue (Removal, Preservation andTransplant) Act 2006 afin de favoriser davantage le don d’organes entre proches. Beaucoup de ceux que le Défi Quotidien a rencontrés y voient un acte de solidarité humaine élémentaire. D’autres sont plus timides. Faire don d’un organe pour sauver une vie, quoi de plus normal ? Toutes les personnes que nous avons approchées semblent unanimes. Oui, elles sont prêtes à le faire. Mais attention, certaines préfèrent attendre… leur mort. Car un don de rein de son vivant, ce n’est pas aussi anodin que donner son sang, par exemple. Cela fait peur. La peur que l’opération se passe mal. Une possibilité que tous les spécialistes du domaine reconnaissent, le risque zéro n’existant pas quand il y a intervention chirurgicale, mais un risque qui reste infime, comme l’explique le Dr Davy Ip. Pour la plupart des personnes interrogées, la possibilité de sauver une vie doit balayer toute peur et tout questionnement possibles. D’un interlocuteur à l’autre, c’est le sentiment de pouvoir améliorer la vie d’une personne qui les anime. Si la loi est promulguée, dit Hema, la trentaine, c’est sans hésitation qu’elle signera les documents relatifs à des prélèvements de tous les organes viables sur son corps à sa mort. [blockquote]« Je suis disposée à tout donner au lieu de me laisser pourrir sous terre ou d’être incinérée », dit-elle. [/blockquote] [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1632","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-1554","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"450","height":"563","alt":"Don d\u2019organe"}}]]La détermination d’Hema s’explique par la tristesse qu’elle éprouve toujours depuis la mort de son père. Souffrant d’insuffisance rénale, il est décédé sans avoir pu trouver un donneur compatible. « C’est quand on passe par ce genre de souffrance qu’on peut comprendre le désarroi d’une personne en attente d’une greffe et la peine de la famille », dit-elle. Sans avoir connu les mêmes épreuves qu’Hema, le jeune Avishay Boodhun, 18 ans, est disposé à faire don d’un de ses organes, vivant ou mort, si cela peut contribuer à sauver une vie. « Je suis disposé à le faire sans aucune hésitation ni peur. Je surmonterais cela en pensant que je suis en train d’aider à sauver quelqu’un », dit le jeune homme. Alexandre, responsable d’une entreprise d’externalisation, abonde dans le même sens. « Je dis oui pour le don d’organe que ce soit de mon vivant ou après ma mort. Je pense que peu importe les croyances et les convictions, tout le monde devrait le faire si ça peut sauver une vie. C’est un acte d’une très grande valeur et honorable. » C’est l’avis également de Pooja Daby, 21 ans, et Vanessa Bell, 42 ans. Ayant déjà fait don de son sang à plusieurs reprises, Pooja Daby ajoute, que c’est une responsabilité citoyenne que tout le monde devrait assumer. « J’ai déjà donné mon sang plusieurs fois car pour moi c’est un acte altruiste. Dès que la loi sera en vigueur, je donnerai mon accord pour le prélèvement cadavérique car j’estime que c’est mieux que de laisser pourrir ou brûler des organes qui pourraient servir à donner la vie à quelqu’un d’autre. »

Ce n’est plus un tabou

Vanessa Bell explique, pour sa part, que le sujet est loin d’être tabou dans sa famille et qu’elle en a aussi parlé à son fils de 19 ans qui partage son avis sur le sujet. « Il a compris que si ce genre de don peut sauver une vie, il n’y a pas d’hésitation de sa part. » Selon Alexandre Ribot, donner un rein n’est pas grand-chose dans la mesure où on peut vivre très bien avec un seul. Pour lui également, le don d’organes est privilégié s’ils peuvent servir à d’autres. « Ce serait gâcher des vies que refuser de donner un organe au nom d’une conviction ou d’une croyance religieuse », dit-il. Moins empressés, il y a ceux qui évoquent les risques entourant une intervention chirurgicale. C’est le cas de Christel et Trisha, qui sont mitigées sur le don d’organe du vivant de la personne. « À ma mort, oui pourquoi pas, mais de mon vivant cela dépend. Si c’est une personne avec qui je suis très proche, je vais le considérer », dit-elle. Et à Trisha d’ajouter qu’elle aura peur de subir une opération avec tous les risques que cela comporte. Mais pour les deux filles, les liens de proximité avec les receveurs pourraient les aider à accepter le geste. Mais pour Vanessa Bell, quand une vie humaine est en jeu, aussi longtemps qu’on peut faire du bien, il ne faut pas hésiter. Et pour Avishay Boodhun, ce serait une fierté de pouvoir aider quelqu’un, qu’il soit de sa famille ou pas. « J’encourage d’ailleurs tout le monde à participer au don d’organes dans un grand élan de solidarité. Nous sommes tous des humains, nous avons besoin de nous entraider et faire un geste volontaire pour les autres », dit-il.  

Dr Davy Ip, néphrologue: «La transplantation marche dans 95 % des cas»

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1718","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-large wp-image-1549","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"960","height":"540","alt":"Transplantation"}}]] «Il y a un faible risque pour les donneurs, contrairement aux receveurs. » C’est ce qu’affirme le Dr Davy Ip, du ministère de la Santé. N’importe qui ne peut pas être donneur, précise d’abord le médecin. Cette personne doit être en parfaite santé. Ceux qui souffrent d’hypertension et de diabète sont totalement exclus en tant que donneur car tôt ou tard, leurs reins seront affectés par cette maladie. Pour ceux qui ont encore des appréhensions concernant le don de rein, Dr Ip explique que vivre avec un seul rein n’est pas un problème car le rein restant va grossir pour pouvoir assurer entre 60 et 70 % de la fonction rénale originale. « C’est suffisant pour que le donneur soit en bonne santé », dit-il. Il reconnaît cependant que le risque zéro n’existe pas et que des imprévus sont toujours possibles. L’opération qui consiste à retirer l’organe du donneur pour le greffer dans le corps du receveur reste délicate. Il insiste cependant sur le fait que toutes les précautions sont prises, comme pour chaque intervention. « Les risques sont minimes mais pas inexistants », avoue-t-il. En revanche, le risque est plus élevé pour le receveur. Car il peut arriver que l’organisme rejette l’organe greffé. Il peut aussi avoir des complications à la prise de médicaments. « Dans chaque cas de greffe, il y a une chance sur deux que ça marche. Au cas contraire, c’est retour à la case départ pour le receveur qui doit alors retourner sur dialyse jusqu’à trouver un autre donneur compatible. » Selon le Dr Ip, la transplantation marche dans 95 % de cas. Par ailleurs, le fait que la personne souffre déjà d’insuffisance rénale, les risques de complications sont plus grandes de son côté. Mais c’est un risque à prendre malgré tout, explique-t-il, car si l’intervention est un succès, c’est son espérance de vie qui s’améliorera, et il n’aura plus à subir de dialyse, ce qui va aussi améliorer sa qualité de vie. Pour le donneur le plus grand bénéfice sera la satisfaction d’avoir pu aider une personne car faire un don de soi est un acte altruiste. Il considère que la société doit savoir montrer son appréciation de ce type d’acte.  

Les principes directeurs de l’OMS

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1630","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-1553","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"450","height":"125","alt":"L\u2019organisation mondiale de la sant\u00e9"}}]]L’organisation mondiale de la santé a 11 principes directeurs entourant le don d’organe. La Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Act 2006 prend cela en considération. Des cellules, tissus et organes peuvent être prélevés sur le corps de personnes décédées aux fins de transplantation uniquement :
  1. si tous les consentements prévus par la loi ont été obtenus, et
  2. s’il n’y a pas de raison de croire que la personne décédée s’opposait à ce prélèvement. Les médecins constatant le décès d’un donneur potentiel ne doivent pas participer directement au prélèvement de cellules, de tissus ou d’organes sur le corps du défunt ni aux étapes ultérieures de la transplantation, pas plus qu’ils ne doivent être chargés de soigner les receveurs potentiels de ces cellules, tissus ou organes.
Les principes directeurs indiquent aussi que les dons d’organes prélevés sur des personnes décédées doivent être développés au maximum des possibilités thérapeutiques, mais les adultes vivants peuvent également faire don de leurs organes dans les limites autorisées par la réglementation en cours dans le pays. De manière générale, il doit exister un lien génétique, ou un lien légal ou sentimental, entre le donneur vivant et le receveur. Les dons par des donneurs vivants sont acceptables si le donneur a donné en toute connaissance de cause son libre consentement, s’il bénéficie de soins professionnels ainsi que d’un suivi approprié et si les critères de sélection des donneurs sont scrupuleusement appliqués et surveillés. Les donneurs vivants doivent être informés des risques éventuels et des avantages et conséquences du don d’une manière détaillée et compréhensible. Ils ne doivent pas être juridiquement incapables, être en mesure d’apprécier l’information fournie et pouvoir agir de leur plein gré sans être soumis à aucune influence ou coercition indue.
Source: OMS.

Dialyse: le nombre de patients explose

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1719","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-1551","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"450","height":"253","alt":"Don d\u2019organe"}}]]Le ministère de la Santé a organisé récemment deux séminaires afin de sensibiliser la population sur le don d’organe. Des experts de la question ont expliqué en quoi consistait une greffe d’organe et ont répondu aux interrogations du public. Lors du dernier colloque tenu il y a deux mois, les médecins ont donné des éclaircissements sur ce que les autorités envisagent de faire pour soulager la souffrance des personnes atteintes d’insuffisance rénale et en attente d’une transplantation. Selon les chiffres du ministère de la Santé, le nombre de personnes sous dialyse est en constante hausse. L’État leur consacre un budget de Rs 85 millions annuellement. Un budget qui s’alourdit d’année en année. De 493 cas en 2000, le pays comptait 1190 patients sur dialyse à juillet, ce qui représente 102 045 sessions de dialyse pour les six premiers mois de l’année. Selon les prévisions, le nombre de patients pourrait atteindre 1500 en 2017, ce qui représenterait 234 000 sessions de dialyse. Car chaque patient doit subir entre 3 à 4 séances de dialyse par semaine. Une greffe de rein éviterait ces traitements pénibles et coûteux. C’est pourquoi le ministère concerné veut amender au plus vite la Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Act 2006 pour que le don d’organe puisse être effectué par des proches ayant un lien de sang ou un lien légal. Cet amendement empêcherait également le trafic d’organe. L’amendement légal peut être consulté sur le site du ministère de la Santé. Il est aussi question de venir de l’avant avec une loi autorisant le prélèvement cadavérique.

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