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Éducation: l’avenir incertain des collèges privés

Le niveau de certains collèges privés a chuté drastiquement depuis ces dernières années.
De nombreux collèges privés sont actuellement dans le rouge. Avec un nombre d’élèves insuffisant pour la subvention gouvernementale, la fermeture est presque inévitable. Explications avec des experts du secteur. Les collèges privés étaient jadis considérés comme une aubaine pour ceux qui ne parvenaient pas à intégrer les collèges d’État. Or, avec la construction de plusieurs State Secondary Schools (SSS) à travers le pays, cette tendance s’est inversée, soutient Yayah Paraouty, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE). « Des collèges tels que Presidency Boys de Curepipe, Alpha College de Port-Louis, Medco Trinity et Unity College de Rose-Belle, entre autres, font face depuis quelque temps à une baisse dans le nombre d’admission. La situation n’est pas moins alarmante dans d’autres établissements », explique-t-il. Selon le ministère de l’Éducation, nous comptons dans les quatre zones, 82 collèges privés subventionnés et 22 collèges privés payants. La Private Secondary Schools Authority (PSSA) fixe un seuil de 170 élèves en mainstream et 25 au niveau préprofessionnel pour que l’établissement puisse bénéficier d’une subvention. Or, depuis quelques années, beaucoup n’ont pas le nombre suffisant d’élèves. Certains collèges sont mêmes menacés de fermeture.

Les collèges privés perdent la cote

Yayah Paraouty soutient que la baisse démographique est certes un des facteurs responsables de cette situation, mais elle n’en est pas la seule. « Les collèges d’État qui sont désormais bien plus nombreux sont aussi moins rigides quant aux critères d’admission. Certains acceptent même des élèves avec 10 unités au CPE. Ainsi, les collèges privés n’arrivent plus à accueillir le nombre d’élèves requis », argue le président de l’UPSEE. De plus, ajoute-t-il, il ne faut plus se voiler la face. « Le niveau de certains collèges privés a chuté drastiquement depuis ces dernières années. Certains enregistrent un taux d’échec surprenant. C’est l’une des raisons pour lesquelles de nombreuses personnes boudent les collèges privés. » Qu’en est-il de l’avenir de ces collèges subventionnés dans ce cas ? Pour Basher Taleb, président de la Fédération des managers des collèges privés, « ces derniers risquent de disparaître complètement du paysage mauricien si la situation actuelle persiste. Il s’agit d’un cercle vicieux. Certains ont vraiment du mal à s’en sortir. Avec un nombre insuffisant, la subvention baisse et l’administration des collèges ne parvient pas à investir. En conséquence, des domaines tels que l’infrastructure sont négligés ». Selon lui, il est clair que les responsables de ces établissements ne souhaitent pas voir baisser leur cote. Or, nombreux sont ceux qui n’ont guère le contrôle de la situation. Par ailleurs, Basher Taleb associe la mauvaise réputation de certains collèges privés au fait que ces derniers peinent à recruter des élèves de différentes aptitudes académiques. « Si tous les élèves de l’établissement sont faibles, le niveau de l’établissement sera moyen. Ainsi, de nombreux parents seront découragés à y inscrire leurs enfants », affirme-t-il.

« Il faut agir vite »

Existe-t-il une solution ? Le président de la Fédération des managers des collèges privés soutient que c’est au ministère de l’Éducation et les autorités concernées de prendre les devants. « Il faut agir et vite. Pour commencer, il serait important de faire un sondage pour voir quels sont les établissements qui sont dans le rouge et pourquoi ? Dans certains cas, il va falloir fermer les collèges et redéployer leurs élèves », préconise notre interlocuteur. La disparition des collèges privés du paysage mauricien doit absolument être évitée, avance-t-il. « Les principaux pénalisés seront les familles modestes. Ces dernières auront à choisir entre les collèges d’État et les collèges privés payants. Si le niveau des élèves ne leur permet pas d’intégrer une State Secondary School, les parents n’auront guère le choix que de mettre la main à la poche », lance Basher Taleb. Le directeur du Victoria College de Rose-Hill ajoute, lui, que les collèges privés doivent pouvoir apporter une touche familiale à l’éducation. « Le contact entre les parents et les établissements est très important. Il est élémentaire de connaître chaque élève, pour pouvoir maintenir cette touche familiale. C’est pour cette raison que beaucoup de parents se tournent vers les collèges privés. Pour survivre, même s’il est un fait qu’on ne peut pas concurrencer avec les SSS, il faut pouvoir garder nos spécificités », fait valoir Samuel Yeung Hah Tong.  
   

Les autorités à pied d’œuvre

C’est la Private Secondary Schools Authority (PSSA) qui assure la gestion des collèges privés. Selon un responsable de cette institution, il est encore tôt pour dresser une liste des collèges privés subventionnés qui sont menacés de fermeture. « Les chiffres ne sont pas encore compilés car il y a actuellement une certaine mobilité des élèves. Ce n’est qu’après la proclamation des résultats du School Certificate et du Higher School Certificate qu’on va pouvoir finaliser la liste », souligne le responsable de la PSSA. Il précise que le Presidency College Girls et le Medco Trinity sont désormais fermés. Les élèves ainsi que les enseignants ont été redéployés dans les collèges avoisinants. La combinaison des matières a été prise en considération dans le redéploiement des élèves.  

Collèges privés payants: une option qui séduit

La vingtaine de collèges privés payants, situés dans les quatre zones d’éducation, offre des facilités telles que l’attention individuelle, les nouvelles méthodologies ainsi que l’utilisation des gadgets sophistiqués en classe. Selon la directrice d’une institution des Plaines-Wilhems, ce sont les élèves qui ont des difficultés à suivre le rythme qui se tournent souvent vers ce type d’établissements scolaires. « Nous proposons de reprendre les bases. Nous travaillons également sur la personnalité de l’élève afin de lui permettre d’avoir confiance en ses capacités, un élément qui va faciliter son intégration. Nous sommes aussi bien plus flexibles par rapport au programme d’études. Celui-ci est adapté aux besoins de l’apprenant », souligne notre interlocutrice. Les tarifs des collèges privés dépendent des facilités offertes. Il peut varier entre Rs 2 500 et Rs 10 000.
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