Débat

Emploi : année mi-figue, mi-raisin

Comment a évolué le monde du travail en 2016 ? Quelles ont été les principales réalisations ? Quels sont les dossiers qui se font attendre ? Le point.

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Le chômage toujours d’actualité

L’année 2016 reste dominée par le problème du chômage. Dans un rapport publié cette semaine, Statistics Mauritius indique que pendant le troisième trimestre de 2016, 1 800 chômeurs de plus ont été enregistrés, contre la même période en 2015. Estimé à 7,4 % au troisième trimestre de  2015, le taux du chômage est  passé à 7,6 % au troisième trimestre de 2016.

Toutefois, sur une base annuelle, le nombre de chômeurs accuserait une baisse. De 46 300 en 2015, il passera à 42 900 cette année. D’ailleurs, Statistics Mauritius prévoit un taux de chômage de 7,4 % cette année comparée à 7,9 % en 2015. Pour Atma Shanto, président de la Fédération des travailleurs unis (FTU), les travailleurs sont restés vulnérables en 2016 face au spectre du licenciement qui pèse sur eux. « Ce qui explique qu’ils ont peur de se joindre à un syndicat », avance-t-il, tout en déplorant la « facilité dont jouit le patronat pour licencier les travailleurs en brandissant les difficultés économiques ».

EN CHIFFRES

  2015 2016 Changement
Nombre d’employés 538 300  536 500  -1 800 
Nombre de chômeurs  46 300  42 900  -3 400 
Taux de chômage (%)  7,9  7,4  -0,5

Litiges : 15761 plaintes enregistrées

Au ministère du Travail, on apprend à ce jour que 15 761 plaintes ont été déposées par des travailleurs contre leurs employeurs. Certaines ont pu être réglées par les officiers du ministère et d’autres ont été référées à la cour industrielle.

D’autre part, de janvier à novembre 2016, Rs 98 602 669 ont été payées suivant des plaintes enregistrées. De cette somme, Rs 19 108 651 ont été payées selon la nature des cas qui ont été portés par les officiers devant la justice et Rs 98 602 669 à travers les interventions des officiers du ministère.

L’adoption du National Minimum Wage Consultative Council

2016 a aussi été marquée par l’adoption du National Minimum Wage Consultative Council (NMWCC). Certes, la loi a été votée, mais l’institution de ce conseil prend beaucoup de temps, déplore Pradeep Dursun, Chief Operating Officer (COO) de Business Mauritius. « Les partenaires sociaux doivent travailler davantage sur ce projet pour aplanir toutes les difficultés et arriver à un consensus. »

Toutefois, le COO de Business Mauritius insiste sur la nécessité de revoir le mécanisme salarial actuel après l’introduction du salaire minimal. Pour Pradeep Dursun, on ne peut avoir plusieurs organismes parallèles pour s’occuper de la question salariale. Il cite le National Remuneration  Board (NRB), le comité tripartite, la Commission de conciliation et de médiation et l’Employment Relations Tribunal qui décerne parfois des récompenses et sans compter la négociation collective.

Les dispositions sur la négociation collective

L’autre étape importante dans les relations industrielles en 2016 a été la décision de l’Organisation internationale du travail (ILO) de demander au gouvernement mauricien de se conformer aux dispositions de la convention 98 sur la négociation collective. Pradeep Dursun se prononce pour  davantage de dialogue social. Le COO de Business Mauritius regrette que le ministère du Travail ait une rencontre mensuelle avec la classe syndicale, alors qu’il voit à l’occasion les représentants du patronat.

Pas de réelle évolution de salaire

La classe syndicale se plaint que les salaires n’ont pas évolué dans le secteur privé en 2016.  « Au fait, il y a un gel de salaires et les employés doivent toujours se fier à la maigre compensation salariale pour améliorer leurs conditions de vie », déplore Atma Shanto, président de la FTU. Il prévoit une année difficile en 2017, surtout avec les amendements qui seront apportés à l’Employment Relations Act et l’Employment Rights Act.

Les dossiers en attente

2016 est aussi marquée par l’attente. Pradeep Dursun, le COO de Business Mauritius, déplore  que l’adoption d’une Employment Policy se fasse toujours attendre. Pourtant, avance-t-il, cette policy permettra de donner plus de clarté sur l’évolution de l’emploi à Maurice.

Autre dossier en attente : la révision des Remuneration Orders dans 14 secteurs d’activité. Ce qui permettrait aux travailleurs de ces secteurs, qui touchent moins de Rs 6 000, de recevoir un meilleur salaire ainsi que de meilleures conditions de travail. Ce qui ne peut qu’être bénéfique, avance l’économiste Vishal Rughoobur dans la mesure où cette démarche va stimuler la production car les travailleurs seront davantage motivés dans leur travail.

 

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