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Enquête sur la mort de Saivaani Aunatooa, 10 ANS : ces zones d’ombre qui inquiétent

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Un médecin et deux infirmières ont été suspendus, dans le cadre de l’enquête sur la mort de Saivaani Aunatooa. Celle-ci avait été opérée de l’appendicite, le 22 novembre 2022, à l’hôpital Dr-A.-G.-Jeetoo. L’entourage des infirmières indique qu’elles ont prodigué les soins postopératoires à la fille de 10 ans.

La sanction est tombée, le mercredi 8 février. Deux infirmières de l’hôpital Dr-A.-G.-Jeetoo et un médecin généraliste du département de pédiatrie de l’hôpital Victoria ont été suspendus avec effet immédiat. 

Saivaani Aunatooa avait été opérée le 22 novembre 2022.
Saivaani Aunatooa avait été opérée le 22 novembre 2022. 

Après le décès de Saivaani Aunatooa, le 23 novembre 2022, ses parents avaient porté plainte pour négligence médicale. L’affaire avait été confiée au Medical Negligence Standing Committee (MNSC). Celui-ci a complété son enquête préliminaire et a soumis son rapport au ministère de la Santé et du Bien-être à la fin de janvier. 

Les langues se délient et l’entourage des infirmières suspendues considère qu’elles sont boucs émissaires. Les infirmières auraient consciencieusement fait leur travail. Et ce serait du côté des médecins qu’il faut chercher les responsables de la mort de l’enfant. 

« Elles ont prodigué les soins postopératoires indiqués à la fillette dans le département pédiatrie après son opération », fait-on ressortir. 

L’entourage se demande pourquoi le MNSC n’a pas interrogé le pédiatre qui suivait l’enfant. « Pourquoi a-t-il été transféré à un autre établissement au lendemain de la mort de la fillette ? Pourquoi le personnel des soins intensifs n’a-t-il pas été interrogé ? Pourquoi la personne qui a pratiqué l’intervention à la place du chirurgien n’a-t-elle pas été interrogée ? » Ce sont des questions que se pose l’entourage des infirmières. 

Le chirurgien ne serait venu qu’une seule fois la voir dans la nuit. C’était avant qu’elle ne soit transférée aux soins intensifs quand son état a commencé à se détériorer. Elle aurait vomi de la matière fécale. 

Pour l’entourage des infirmières, il y a eu connivence pour dévier l’attention pour faire porter le chapeau de négligence médicale aux Nursing Officers. Il fait observer que l’opération n’aurait pas été pratiquée par un chirurgien, mais par une doctoresse. Celle-ci étudierait la chirurgie, mais n’a pas encore été titularisée. Cependant, le ministère de la Santé a fait comprendre que l’opération n’est pas le problème. 

Pour les infirmières concernées, on leur fait porter le blâme afin que les chirurgiens sortent de cette situation sans tâche. Le consultant en charge en chirurgie de l’hôpital Dr-A.-G.-Jeetoo est un des directeurs de la Santé. « On le soupçonne de vouloir protéger son ancienne équipe », indique-t-on. 

« Les infirmières suspendues comptent plus de dix ans d’ancienneté dans le département de pédiatrie. Elles ne s’attendaient pas à un tel blâme d’autant qu’elles n’avaient jamais eu de reproches auparavant.

La fillette entourée de sa famille,
La fillette entourée de sa famille, 

Elles sont démoralisées et ne s’attendaient pas à se trouver dans une telle situation », poursuit-on. L’entourage de ces dernières fait ressortir qu’elles soignent les patients et ne les tuent pas. 

Qu’est-ce que le Situs Inversus ?

C’est une anomalie rare du développement embryonnaire d’origine génétique, caractérisée par une transposition totale, dans une position en miroir par rapport au plan sagittal, des viscères du thorax et de l’abdomen.

Rajcoomar Aunatooa, le père : « Il faut d’autres suspensions »

Dans une déclaration au Défi Plus, Rajcoomar Aunatooa, le père de Saivaani est heureux que des actions aient été prises. Sa femme et lui ont rencontré le ministre de la Santé, Dr Kailesh Jagutpal, le mardi 7 février. 

« Nous sentons que le travail se fait assez vite. En suspendant un médecin et deux infirmières, c’est un signal fort qui est envoyé aux autres. Les médecins doivent être conscients qu’ils doivent ausculter comme il se doit les patients. Ils ne doivent pas les renvoyer à la maison avec quelques médicaments sans les toucher », avance Rajcoomar Aunatooa. 

Cet habitant de Saint-Pierre dit qu’il attend d’autres développements vu que le rapport a été transmis au Nursing Council et au Medical Council. « J’estime qu’il faut d’autres suspensions, dont des médecins du bloc opératoire. Ma fille a passé quatre heures au bloc au lieu d’une heure. Je pense qu’il y a quelque chose de louche. Ma fille avait le Situs Inversus. Ce qui a peut-être posé problème. Je suis convaincu que quelque chose n’a pas tourné rond dans le bloc opératoire. Il y a eu maldonne. »

Le père de famille compte suivre de très près les actions du ministère. « Si le dossier va dormir dans un tiroir, je compte loger une action devant le tribunal. Je suis déjà en contact avec des hommes de loi », déclare-t-il. 

Le 21 novembre 2022, Saivaani Aunatooa a ressenti des douleurs au ventre. Et elle a été transportée à l’hôpital Victoria où on lui a fait une injection. Le lendemain, la fillette se sentait toujours mal et son père l’a conduite chez un médecin privé qui a décelé une appendicite. 

« C’est ce médecin qui nous a dit qu’elle devait être opérée. Saivaani a été mise en observation à l’hôpital Dr-A.-G.-Jeetoo avant la chirurgie. Et elle a été opérée. Nous pensions que son état allait s’améliorer, mais au contraire il s’est détérioré », raconte-t-il.  

Ram Nowzadick : « Je ne vais pas défendre l’indéfendable »

Il ne compte pas défendre l’indéfendable surtout si des infirmières ont fait preuve de négligence. C’est ce que déclare le président de la Nursing Association, Ram Nowzadick. 

Sollicité par rapport à ce cas, le président de la Nursing Association précise que les médecins, l’équipe paramédicale et les infirmiers doivent donner le maximum de soins possibles aux patients. « S’il y a eu négligence, il faut situer les responsabilités. Si des infirmières ont fauté, je ne vais pas défendre l’indéfendable. Toutefois, il faut une enquête encore plus approfondie pour situer les responsabilités », explique-t-il. 

Il indique que le Nursing Council pourra éclairer davantage à ce propos. « Bien sûr, des sanctions doivent suivre pour donner l’exemple. Ceux qui embrassent le métier doivent donner le tout pour le tout. On doit envoyer un signal pour qu’il n’y ait pas d’autres cas de négligence. » Il ajoute que c’est toujours triste de perdre des patients, en particulier des enfants.

 

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