Examen - School Certificate : l’importance d’obtenir cinq « credits » analysée

Il faut obtenir cinq « credits » aux examens du School Certificate pour passer en Grade 12. 5 210 élèves de la cuvée 2023 étaient qualifiés pour le faire. Le Mauritius Examinations Syndicate vient de publier les statistiques sur l’« Aggregate Distribution » (6-20). Aperçu et comparaison avec les années précédentes.

5 210 élèves sur les 12 919 sont qualifiés pour passer en Grade 12. Ce sont les chiffres pour la cuvée 2023. 9 522 candidats (4 154 garçons et 5 368 filles) ont réussi à ces épreuves, ce qui représente un taux de réussite de 73,71 %.

Le pédagogue Basheer Taleb fait l’historique de la nécessité d’avoir cinq « credits ». « Durant l’ère coloniale, on avait besoin de cadres pour l’administration (clerical work) avec un bon niveau de langage et de maths. Les cinq “ credits ” garantissaient ce niveau. Il n’y avait pas de Higher School Certificate (HSC) et les plus ambitieux faisaient le “ A’ level de la London University. Aujourd’hui, les cinq “ credits ” indiquent toujours un certain niveau, mais il y a des élèves avec six “ credits ” qui peuvent faire le HSC. Par contre, il y a des matières qui requirent une bonne base pour comprendre les concepts en HSC. Par exemple, l’économie et les sciences. Le “ credit level ” est nécessaire dans ces cas. »

Yugeshwur Kisto, le président de la Government Secondary School Teachers Union, abonde dans le même sens. Pour lui, il est important d’avoir cinq « credits » pour satisfaire les exigences du monde du travail, en particulier du secteur public. Puis, c’est une base solide afin d’entamer les classes supérieures.

Le président de l’United Deputy Rectors and Rectors Union, Harrish Reedoy, fait remarquer qu’une baisse dans le niveau indique un relâchement de la part des apprenants. Lorsque le niveau est élevé, davantage d’efforts doivent être déployés et les résultats s’améliorent ainsi que la qualité. Pour lui, « nous ne devrions pas produire la quantité au détriment d’une éducation de qualité. Nos élèves ont d’autres chats à fouetter que leurs études. La qualité est devenue une denrée rare. Ils ne font pas d’efforts dans leurs études. Pour ne citer qu’un exemple, combien d’élèves lisent aujourd’hui en s’appuyant sur un dictionnaire pour enrichir leur vocabulaire d’expression et de compréhension ? Très peu ! La lecture est devenue la bête noire de la population scolaire. Avec un vocabulaire sommaire, leur pouvoir des mots est extrêmement faible. C’est la raison pour laquelle tous les ans, plus de 50 % des candidats ne parviennent pas à obtenir un “ credit ” en langue anglaise au SC. Ils arrachent une simple “ pass ”. »

Travail assidu 

Harrish Reedoy rappelle qu’il est important d’obtenir cinq « credits » au SC. Car c’est généralement un résultat scolaire équilibré. « Cette réussite ouvre les portes à diverses opportunités d’éducation et de carrière. Elle permet d’accéder à des programmes d’enseignement supérieur et à certaines professions. »

Pour sa part, Basheer Taleb met l’accent sur les « grade boundaries » qui diffère dépendant des matières. « Cambridge fait aussi un exercice de standardisation à la fin de la correction. Donc, on ne peut pas savoir exactement quels sont les minimums marks pour un “ credit ”. Je pense qu’ils varient d’année en année. »

Les pédagogues sont unanimes à dire qu’il faut un travail assidu et rigoureux pour réussir dans les différentes matières. En langue c’est la grammaire qui est la base, en science et économie ce sont les concepts ; en art et design ce sont les rudiments de dessin et de l’imagination.

Vers une approche inclusive

Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees, compare la situation qui existe à Maurice avec celle en Angleterre. « Durant l’ère coloniale britannique à Maurice, la barre des cinq “ credits ” au niveau SC constituait une ligne de démarcation pour passer en HSC. Afin de donner une chance équitable à la plupart des étudiants d’accéder au HSC, la condition des cinq “ credits ” a été maintenue par le gouvernement mauricien après l’indépendance. Aujourd’hui, en Angleterre, un étudiant peut interrompre et reprendre ses études à n’importe quel âge, sans être contraint d’obtenir cinq “ credits ” en une seul examen. Les élèves qui n’ont pas de “ credit ” en mathématiques au GSCE peuvent tout de même passer en A-Level, mais ils doivent obtenir un “ credit ” en mathématiques (obligatoire) en Grade 12 avant de passer en Grade 13. »

Pour lui, l’exigence de cinq « credits » peut parfois poser un problème. Car certains élèves sont contraints de choisir une ou deux nouvelles matières en HSC. C’est en raison des combinaisons de matières proposées dans les collèges.

« L’exigence des cinq “ credits ” sert à orienter les apprenants. Elle leur permet de concourir pour être lauréats. Elle leur donne la possibilité de postuler pour la plupart des emplois dans la fonction publique.

Cependant, cette exigence pourrait indirectement suggérer que la voie technique et professionnelle est inférieure à la voie académique. Ce qui n’est pas le cas, car même sans cinq “ credits ”, les apprenants peuvent accéder aux instituts proposant ces cours. »

Arvind Bhojun avance qu’il est temps de revoir l’exigence de cinq « credits » en un seul examen pour accéder au HSC. « L’introduction d’une évaluation scolaire continue dans les matières à orientation technique et professionnelle au niveau de la Grade 11 pourrait être bénéfique. Dans l’enseignement en ligne, les salles de classe virtuelles efficaces sont essentielles pour faciliter l’interaction entre éducateurs et apprenants. »

Selon le syndicaliste, l’outil doit permettre l’interaction écrite et par visioconférences. Ce qui permettra aux apprenants qui ont des difficultés de lecture d’interagir et de comprendre plus efficacement. L’égalité des étudiants dépendra de la disponibilité des outils, de la connectivité et de la formation adéquate.

Il propose ainsi des sessions de réflexion et de consultation qui réunissent les parties prenantes. Il faut prendre en compte les différentes réalités des établissements. Un groupe de professionnels doit être mobilisé pour mettre en œuvre et fournir une formation de haut niveau aux éducateurs et aux apprenants. Le ministère doit créer un département spécifique pour ce projet. Ce qui assurera une continuité et une amélioration constante du système.

Le ministère de l’Éducation devrait continuer à encourager les enseignants par le biais d’incitations financières et technologiques. Il y a un investissement à faire au niveau des dispositifs électroniques et des livres. Des avantages fiscaux devraient être accordés aux enseignants et aux parents.