Débat

Exploitation sexuelle : les jeunes dénoncent

Le 4 mars, c’était la Journée mondiale de la lutte contre l’exploitation sexuelle. Dans ce contexte, Parveen Lord Seebun, 23 ans, étudiant en droit, Samuel Lamoureux, 27 ans, comptable, et Marine Liron, 20 ans, stagiaire en gestion, livrent leurs opinions sur la question.

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Que pensez-vous de l’exploitation sexuelle ?

Parveen Lord Seebun

Il y a différents types d’exploitation sexuelle et différentes catégories de personnes sont concernées : les enfants, les handicapés et celles qui n’ont pas toutes leurs facultés.

Par exemple, un employeur peut demander à un employé des faveurs sexuelles pour lui accorder une promotion. Cette exploitation peut être qualifiée de harcèlement sexuel.

Il y a aussi l’exploitation sexuelle à des fins commerciales. Cela inclut la prostitution et le trafic d’enfant, entre autres.

Samuel Lamoureux

C’est une chose triste qui prend beaucoup d’ampleur à Maurice. C’est un sujet très difficile à traiter, car beaucoup de victimes sont terrifiées à l’idée d’en parler. Pour moi, c’est une forme d’esclavage moderne. Les victimes sont conditionnées et modelées par la manipulation et les sévices. On dirait presque qu’elles sont formées pour ne pas attirer la police et subir en silence cette violence. Je trouve cela inadmissible, surtout quand les enfants sont des victimes. Maurice devient comme d’autres pays, nous ne sommes plus une petite île paradisiaque.

Marine Liron

Je pense que c’est la pire chose que de faire des personnes des objets de consommation, car bien souvent cela reste un traumatisme ou alors cela encourage la victime à faire souffrir d’autres personnes.

Y a-t-il beaucoup de cas à Maurice ?

Parveen Lord Seebun

Oui, certainement. Je sais qu’il y a eu beaucoup de cas rapportés à la police. Je pense que maintenant les gens sont prêts à porter plainte. Ils ne voient pas l’exploitation sexuelle comme un tabou et n’ont plus peur de la dénoncer. Toutefois, je pense qu’il y a beaucoup de cas qui ne sont pas rapportés par crainte du qu’en-dira-t-on.

Samuel Lamoureux

C’est très difficile à dire. Je suis sûr qu’il y a beaucoup de cas, sauf qu’ils ne sont pas connus. Je pense qu’il y a beaucoup de cas quand les employés sont contraints d’accorder des faveurs sexuelles pour monter dans la hiérarchie et obtenir des postes à hautes responsabilités.

Marine Liron

Oui. Il y en a beaucoup. C’est une chose assez récurrente et c’est dommage.

Quelles sont les causes ?

Parveen Lord Seebun

La pauvreté, la discrimination envers les femmes, les handicapés. Certaines personnes acceptent de le faire par peur et pour subvenir aux besoins du prédateur. Je pense aussi qu’il n’y a pas assez de sensibilisation pour pousser les victimes à dénoncer.

Samuel Lamoureux

La pauvreté. Certaines personnes arrivent à s’en sortir et d’autres non. Je pense que l’éducation aussi joue un rôle. Cela peut paraître difficile à croire, mais parfois certaines filles acceptent de faire cela par amour, car elles ont été manipulées par leur petit ami. Certaines victimes sont piégées, car ceux qui les ont recrutées ont fait passer la prostitution pour de la séduction et ont surtout mis l’accent sur l’argent gagné facilement et rapidement.

Marine Liron

Si on parle de proxénètes, c’est tout simplement pour se faire de l’argent facile sur la tête des victimes. Par ailleurs, pour certains cela peut être la seule solution qu’ils ont pu trouver pour sortir de la pauvreté, mais pour moi ce n’est pas une raison de réduire l’être humain à une simple marchandise.

La loi est-elle assez sévère ?

Parveen Lord Seebun

Je pense que oui. Au fil des années, des amendements ont durci les lois. Les peines sont plus sévères.

Samuel Lamoureux

La loi est assez stricte, mais c’est plutôt la façon de la faire respecter qui doit être revue. On ferme les yeux sur beaucoup trop de choses. C’est un peu délicat à dire, mais par exemple, la prostitution est interdite à Maurice. Malgré cela, il y a beaucoup de femmes qui se retrouvent sur le trottoir et elles ne sont pas souvent inquiétées par la police.

Marine Liron

Non. La loi n’est pas du tout sévère à Maurice. Je dirais même que les autorités n’agissent pas d’une façon juste contre l’exploitation sexuelle, car les peines pour le viol ne sont pas assez sévères. Les sanctions à l’étranger sont beaucoup plus sévères qu’à Maurice.

Quelle solution proposez-vous ?

Parveen Lord Seebun

Le voyeurisme et les « gang bang » doivent être illégaux. Il faut aussi des campagnes de sensibilisation dans les institutions primaires, secondaires et même tertiaires pour informer les jeunes des risques qu’ils encourent s’ils sont coupables de tels délits. Il faut encourager les victimes à dénoncer l’exploitation sexuelle.

Samuel Lamoureux

La police doit bien faire son travail. Il faut aussi éduquer les jeunes à ce sujet. Nous ne pouvons pas uniquement juger. Il faut aller à la source et déterminer les causes. Ensuite il faut éliminer ce fléau. Il faut rendre les lois plus sévères et je suggère la prison à vie pour ceux qui obligent les handicapés et les enfants à se prostituer.

Marine Liron

La solution serait de prendre des sanctions sévères contre ces personnes. Il ne faut pas envoyer des criminels/violeurs à l’hôpital psychiatrique (où ils sont assez libres), mais en prison, car ils ne méritent pas la belle vie. C’est trop facile de les envoyer dans un hôpital psychiatrique d’où ils sortiront après quelque temps et pourront ensuite refaire la même chose.

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