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Fabrication de ravannes Sofélapo !

La ravanne faite partie de notre patrimoine culturel. Cependant cet héritage risque de se perdre si la jeune génération ne continue pas à en fabriquer. Nous avons ainsi rencontré, à la Résidence Barkly, des jeunes qui ont repris le flambeau de feu Michel Legris.

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C’ est toujours au sein des belles amitiés que surviennent les meilleures idées. Et cela a été le cas pour Nigel Ramsamy, Yoni Sautrelle et Allenson St Louis.

Et pour cause, il y a 3 ans, ces trois amis ont eu la brillante idée de fabriquer eux-mêmes leurs ravannes. « Avant de nous lancer dans la fabrication de ravannes, il faut savoir que nous évoluions tous au sein du groupe Échos des Iles. C’est un groupe de séga qui gagne sa vie dans le circuit hôtelier. Et comme nous jouons de la ravanne, nous nous sommes dit pourquoi ne pas les fabriquer nous-mêmes », explique Nigel.

Commence alors une longue série d’essais peu concluants : « Nous n’avions jamais appris comment fabriquer une ravanne. Au départ, je dois avouer que nos ravannes ressemblaient à tout, sauf à des ravannes. Mais nous nous sommes sans cesse améliorés jusqu’à finir par avoir la main. »

La fabrication du support en bois, ne dure qu’une demi-journée, séchage inclus. 

Au départ et afin de respecter la tradition, les trois jeunes se sont attaqués à la fabrication des ravannes traditionnelles : « C’était important de commencer notre fabrication avec des ravannes traditionnelles qui sont composées de bois et d’une peau de cabris tendue. Une fois que nous avons pu maîtriser cet art, nous sommes passés à la fabrication de ravannes synthétiques. »

La fabrication de ravannes synthétiques nécessite beaucoup moins de temps : « La fabrication d’une ravanne traditionnelle peut compter deux jours sinon plus. Parce qu’il faut que la peau sèche et c’est cela qui prend du temps. Par contre, la fabrication d’une ravanne synthétique peut se faire en une journée. Une fois qu’on colle le cercle en bois, il suffit de placer la peau synthétique qu’on utilise pour les batteries, et le tour est joué. »

Il faut impérativement chauffer la peau de la ravanne traditionnelle pour la tendre et ainsi obtenir un meilleur son.

Par contre, en matière de son, rien n’égale le son émanant d’une ravanne lapo cabri : « C’est vrai qu’une ravanne traditionnelle demande d’être chauffée au feu de bois avant de pouvoir servir. Une ravanne synthétique est beaucoup plus simple. Mais en ce qui concerne le son, il n’y a pas photo, la ravanne traditionnelle est nettement meilleure. »

Par ailleurs, pour obtenir la qualité, il ne faut surtout pas hésiter à mettre la main à la poche : « Dépendant de sa dimension et de la peau utilisée, une ravanne peut goûter entre Rs 600 et Rs 3 500 pour un modèle de 22 pouces. Ce qui n’est pas cher payé parce que nous garantissons la qualité de nos produits », explique Nigel.

De plus, cette bande d’amis ne se contente pas de fabriquer des ravannes, elle a surtout trouvé un moyen d’en améliorer la fabrication : « Nous avons commencé de zéro pour en arriver à un stade où nous avons pu trouver un moyen d’améliorer la fabrication de nos ravannes traditionnelles. Nous avons fait de ce secret de fabrication la signature sonore de nos ravannes », fait ressortir pour sa part Yoni Sautrelle.

Mais malgré la production d’instruments de qualité, la petite entreprise n’arrive pas à se faire une place au soleil. Yoni, n’hésite pas à parler de cartel : « Qu’on le veuille ou non, il y a un monopole sur la vente de cet instrument à Maurice. Ainsi, nous avons vainement essayé d’écouler nos ravannes sur le marché local. À chaque fois, les portes se sont fermées, juste pour des raisons purement politiques. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons dû revoir notre production à la baisse. »

 

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