Faits Divers

Jordan Rambhoro fils de Jeannette Rambhoro, une des victimes de l’Amicale: «Je leur pardonne»

«Ma maman me manque… Je suis certain qu’elle est fière de moi, là où elle est. »
Jordan Alan-Shane Gilbert Rambhoro, 20 ans, avait à peine quatre ans lorsqu’il a perdu sa mère Jeannette. Cette dernière a péri dans l’incendie criminel de la maison de jeu L’Amicale de Port-Louis le dimanche 23 mai 1999. Aujourd’hui membre de la force policière, il dit pardonner aux auteurs de cette tragédie. Le jeune homme au teint basané se souvient très vaguement de celle qui l’a mis au monde. Pendant 16 ans, il a tenté de rassembler les souvenirs qui restent vagues dans sa tête. Les seuls éléments qui lui rappellent sa défunte mère sont les clichés de celle-ci, précieusement conservés par son père, sa grand-mère maternelle et ses tantes, puis les compliments de son entourage sur sa ressemblance avec sa mère. Par contre, Jordan Rambhoro semble avoir du mal à ôter de son esprit le fait que, sans cet incendie, il aurait eu une petite sœur de 16 ans. Son père s’est remarié presque 12 ans après le décès de sa mère et il a un frère de quatre ans, né de cette union. « La disparition de ma mère n’a pas eu d’impact direct sur mon enfance. À l’époque, j’avais 4 ans et je ne comprenais pas ce qui passait. D’ailleurs, son décès n’a jamais été le sujet de conversation principal à la maison. J’ai eu une enfance paisible et joyeuse aux côtés de mes cousins et des autres enfants de la région. Je me faisais toujours poudrer le nez par mes proches, sans doute parce que ma maman était partie trop tôt », dit-il. Notre interlocuteur ajoute qu’il n’a jamais manqué de rien et que son père et ses deux grands-mères faisaient toujours de leur mieux pour répondre à ses besoins.

Force policière

La langue bien pendue et le sourire facile, Jordan Rambhoro, qui a récemment intégré la force policière, possède toutes les caractéristiques d’un homme sans histoires malgré ses tatouages cachés. Il raconte qu’il est très casanier de nature, proche des membres de sa famille et très aimable avec son entourage. C’est la raison pour laquelle il est une petite vedette à résidences Vallijee, un des faubourgs de Port-Louis. Le jeune policier raconte qu’il a entamé sa scolarité à l’école primaire du Dr O.-Beaugeard, à Port-Louis, puis au collège Alpha, où il a étudié jusqu’au School Certificate (SC). C’est au collège privé La Bourdonnais qu’il complètera ses études secondaires, mais n’aura pas l’occasion de passer ses examens de Higher School Certificate (HSC), parce qu’il avait intégré la force policière. Il vient de compléter son internat de six mois en octobre. Depuis son affectation au poste de police de Pointe-aux-Sables, le jeune homme n’a qu’une seule chose en tête : travailler pour faire honneur à sa famille et aider ceux qui sont dans le besoin. [blockquote]«J’ai toujours voulu être policier. Sans doute parce que je voulais à tout prix être reconnaissant envers ceux qui ont toujours été gentils envers moi», explique-t-il.[/blockquote] Le rêve du petit est de monter en grade, afin de finir sa carrière au rang de commissaire de police. « Être policier est une profession noble. C’est le genre de travail qui vous donne l’occasion d’aider ceux qui sont dans le besoin. C’est dommage que certains ne se rendent pas compte de la valeur de l’uniforme et se permettent de faire des choses qui nuisent à leur statut », fait ressortir le jeune homme. « Je suis peut-être policier, mais je n’ai pas l’intention de mettre qui que ce soit derrière les barreaux. La prison a tendance à forger des récidivistes, car les détenus sont constamment entourés de criminels. Le mieux serait d’instaurer un système de travaux communautaires destiné aux prisonniers. Je suis certain que le taux de criminalité chuterait considérablement, si le gouvernement faisait la part belle aux travaux communautaire, au lieu de prôner l’incarcération », ajoute-t-il.

« Ils ont payé... »

Jordan Rambhoro était quelque peu réticent à commenter l’affaire L’Amicale. Aux yeux du policier, la justice a fait son travail. « Tout ce que je sais, c’est que j’ai grandi sans la présence d’une mère. Les années d’emprisonnement que le système légal a infligées à ceux qui ont été trouvés coupables dans cette affaire ne me la ramènera pas. Je suis d’avis qu’il serait temps de relâcher les condamnés de l’affaire L’Amicale. Ils disent qu’ils sont innocents. Mais s’ils sont coupables, ils ont payé leur dette envers la société. Je leur pardonne », fait ressortir le jeune homme. Pour lui, cette tragégie est chose du passé. « Je veux mener une vie paisible, aux côtés de ceux que j’aime. Un point c’est tout ! Mais des fois, ma maman me manque, même si je ne l’ai pas vraiment connue. Je suis certain qu’elle est fière de moi, là où elle est », explique-t-il.

Cette fameuse nuit du 23 mai 1999

Le dimanche 23 mai 1999, un match de football oppose la Fire Brigade et le Scouts Club au stade Anlajay, Belle-Vue. La rencontre est marquée par des incidents dans les gradins. Des actes de vandalisme ont lieu tout au long du trajet retour des supporters vers la capitale. À Port-Louis, les locaux de la Mauritius Football Association, le poste de police de la rue Pope Hennessy et d’autres immeubles sont saccagés. Les forces de l’ordre et les pompiers sont mandés d’urgence à la rue Royale. L’Amicale, maison de jeu de cette partie de la région, est la proie des flammes. À l’intérieur, sept personnes, dont une femme enceinte de huit mois, Rozanna Jeanette Rambhoro, seront retrouvées calcinées. La police procèdera à l’arrestation de 25 personnes durant la semaine suivant le drame, puis poursuivra neuf personnes. Tout plaident non coupables. Cinq accusés seront innocentés. Pour leur part, Sheik Imram Sumodhee, 38 ans, Khaleeloudeen Sumodhee, 37 ans, Abdool Naseeb Keeramuth, 20 ans, et Muhammad Shafiq Nawoor, 19 ans, écopent, le 20 novembre 2000, d’une peine d’emprisonnement à vie. Cependant, ils seront libérés le 17 mars 2019, grâce à la décision de la présidente de la République sur recommandation de la commission de pourvoi en grâce.

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