Journée mondiale du thé : un breuvage qui défie le temps

thé

Il y a mille et une marques de thé. Il y a également mille et une façons de préparer et de boire ce breuvage. Selon nos interlocuteurs, le café n’a pas préséance sur le thé, comme certains le penseraient, car il est profondément ancré dans notre culture.

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Au réveil, nous sommes tous accros du thé, hormis la jeune génération qui préfère le chocolat et le café. Pour dire combien ce breuvage est important dans la vie de tous les jours des Mauriciens est le manque de ces sachets sur les rayons des supermarchés.

Il y a plusieurs raisons à cela, nous explique Asvin Bokhoree, grand patron de La Chartreuse Ltée : « Depuis quelques années, le nombre de bureaux a augmenté, avec un personnel grandissant et la pratique veut que le matin vers 10 h 00, il y a la pause thé. Puis, vers 15 h 00, une autre pause est offerte. Cela est valable pour les usines de textile et d’autres secteurs d’activités. Le bien-être du personnel a pris de l’importance pour le patronat. D’où sans nul doute une augmentation de la consommation du thé et le manque sur le marché quelques fois ».

Asvin Bokhoree

Selon le directeur de La Chartreuse, la santé a aussi un rôle dans l’augmentation de la consommation du thé : « Depuis peu, les bienfaits du thé sur la santé sont répandus sur le Net et il est un fait prouvé que cette boisson est bonne pour son bien-être, quelle que soit la qualité : le thé vert, le thé à la menthe, le thé au jasmin et les autres ». Pour lui, le thé est meilleur s’il est pris sans lait ni sucre. « C’est un anti-oxydant, comme le thé vert ». Il conseille d’ailleurs aux consommateurs de laisser mûrir le sachet de thé pendant un mois après l’achat, « car le produit vient de sortir de l’usine et c’est meilleur après, en termes de goût au palais ».

Et d’ajouter que de plus en plus de touristes chinois nous visitent et se font un devoir d’en rapporter chez eux : « En Chine, il y a le thé vert qui est consommé à longueur de journée, tout comme le thé au jasmin. Et quand ils viennent à Maurice, ils découvrent le thé noir fait-maison, ils en consomment et en rapportent par valises pour eux-mêmes et pour offrir en cadeau afin de faire découvrir cette magnifique boisson à leurs proches et amis. »

Un passionné du thé

Il y a un hic, reconnaît Asvin Bokhoree : « On a un gros problème de main-d’oeuvre, il faut en importer, car à Maurice, les jeunes ne veulent plus travailler dans les champs. En outre, on doit compter sur le taux d’absentéisme qui était, pour la journée de mardi, de 12 %. Ce qui réduit la chaîne de production et cela s’accumule dans le temps ».

Asvin Bokhoree se dit fier que son thé La Chartreuse occupe « 50% de la part du marché, bien que nous ne soyons là que depuis 12 ans ». Son entreprise produit 3 300 tonnes de feuilles pour 660 tonnes de thé en produit fini prêt à la consommation. « Mais si l’hiver est rigoureux et plus long, la production baisse automatiquement et ce qui cause ce manque sur le marché », dit-il.

Max Emil Boullé est lui aussi un passionné du thé. Il dit pouvoir en parler tellement il en est imprégné : « Je suis bercé depuis ma tendre enfance par le monde du thé. Le parfum, le goût, l’arôme qui s’en dégage me suit partout. D’ailleurs, j’ai été l’un des directeurs de Corson Ltd, la plus vieille usine de thé du pays. »

Après avoir été consultant-ingénieur pour Les Moulins de La Concorde, à la direction de Maurifoods, il a roulé sa bosse dans des pays d’Afrique, comme le Malawi et le Mozambique « où j’ai été dans le secteur de la farine et du livestock food, avant d’être affecté à Rey Lenferna. » Ce n’est qu’après une année sabbatique que Max Emil Boullé a repris du service. « C’est à la compagnie Corson que j’ai atterri entre 2005 et 2015 et j’ai baigné dans le thé, matin, midi et soir », nous dit-il.

Il reproche toutefois aux cultivateurs de thé le fait d’avoir changé la méthode de cueillette : « Auparavant, ce n’étaient que les deux premières feuilles et le coeur qui étaient cueillies, à la main et non au sécateur. La méthode orthodoxe permettait d’avoir un thé de meilleure qualité. En déchiquetant les théiers avec des cisailles, on tue la production ». Pour lui, les meilleurs testeurs et goûteurs de thé sont les oenologues qui ont « le palais et le nez pour ».


Il y a 5 000 ans apparaît le thé en Chine

La légende raconte que c’est par pur hasard que l’empereur Shen Nong, qui avait pour habitude de faire bouillir son eau pour la purifier, découvrit le thé... Ce jour-là, il fit bouillir son eau sous un arbuste, il s’assoupit et, pendant son sommeil, quelques feuilles de l’arbuste tombèrent dans l’eau.

À son réveil, l’empéreur trouva cette boisson délicieuse et décida de développer des jardins de cet arbuste, le théier. Il incita ses sujets à faire du thé leur boisson favorite et ce fut un succès.

Consommé bien au-delà des frontières de la Chine, le thé est devenu la deuxième boisson la plus consommée au monde après l’eau. Il se boit près de 1 200 milliards de tasses de thé par an, soit environ 36 000 tasses à chaque seconde.


Et son arrivée en Europe

Tout comme le café, le thé fut introduit en Europe par les Néerlandais. En 1606, un navire hollandais de la Dutch Esat Company embarqua à Java quelques caisses de thé échangées contre des caisses de sauge. L’histoire ne dit pas si les Hollandais achetèrent alors des thés fermentés ou si le thé fermenta naturellement au cours du voyage. Toujours est-il qu’il fut d’abord connu en Europe sous forme de thé noir.

En 1653, les premières caisses arrivèrent en Angleterre où l’usage de la boisson se répandit rapidement, porté par la vogue du café. La reine Anne Stuart le consomma pour la première fois au petit-déjeuner. Anne, duchesse de Bedford (1788-1861), fut la première à inviter ses amis pour une petite collation l’après-midi autour d’une tasse de thé accompagnée de petits gâteaux, de sandwiches et de pâtisseries. Elle imita alors une habitude des salons français, qui d’ailleurs disparut en France avant d’être réintroduite à nouveau à la fin du XIXe siècle par imitation de la tradition britannique. La pratique éminemment sociale de l’afternoon tea se répandit alors dans toutes les couches de la population et se formalisa au XIXe siècle en five o’clock tea. Le thé devint au cours des XVIIe et XVIIIe siècles un enjeu économique majeur, objet d’une lutte acharnée entre Anglais (puis Britanniques) et Hollandais. La Compagnie des Indes Orientales, fondée en 1599 par la reine Elisabeth, eut le monopole du commerce du thé jusqu’en 1834.


Le thé sous toutes ses formes

Le thé appartient à la famille du Camelia Sinensis. La Chine est le berceau de cette plante. C’est également là-bas que naquit l’usage des feuilles comme base de boisson. La première trace écrite du thé remonte à deux cents ans avant Jésus-Christ, où le thé est cité dans un traité de pharmacologie.

L’art du thé apparaît au VIIIe siècle avec les premières méthodes de production, de transformation et de dégustation du thé. Le thé est tour à tour consommé sous forme de soupe (on additionnait au thé infusé une pincée de sel), de soupe d’agrumes (on y ajoutait des écorces d’agrumes, d’épices et de fruits), en décoction, puis comme boisson des moines bouddhistes, ceux-là même qui l’introduisent au Japon au IXe siècle. Il n’est exporté par la Chine vers l’Occident que quelques siècles plus tard, pendant la dynastie Ming (1368-1644).

C’est à cette période que le thé est consommé tel qu’il l’est aujourd’hui : dans une théière, infusé parfois plusieurs fois. Le thé subit ensuite les influences des continents où il transite : au Japon où il est l’objet d’une cérémonie, en Russie où il est préparé avec un samovar ou au Royaume-Uni, où il est consommé corsé, noir ou avec un nuage de lait.


À Maurice  

À Maurice, on compte 1 340 planteurs pour 672 hectares de terres. La production tourne autour de 1 500 à 1 700 tonnes par an. Il y a trois usines de thé : Bois Chéri, Corson et La Chartreuse. La consommation locale est de 1 450 tonnes par an et cette industrie réalise un chiffre d’affaires de Rs 265 millions par an. 26 tonnes de thé ont été exportées de la dernière récolte vers la Chine, La Réunion, les Seychelles et la France. L’importation du thé noir, principalement des pays de la Comesa, est permise pour le mélange mais ne doit pas dépasser 2,5% de la consommation locale. En 2014-15, 20 tonnes ont été importées, dans le respect des règles phytosanitaires. Les sachets de thé se vendent en logements de 125 g, 250 g et 500 g et coûtent entre Rs 99 et Rs 110 le demi-kilo.


La culture du thé

Le Camelia Sinensis est un arbre à feuilles persistantes, qui pousse dans des régions tropicales ou sub-tropicales. Un fort taux d’humidité, un bon ensoleillement et des pluies abondantes sont les conditions idéales pour sa culture. Le théier peut atteindre, à l’état sauvage, 10 à 15 mètres. Toutefois, afin de faciliter la récolte de ses feuilles, il est taillé à environ 1,10 mètre du sol. Sa durée de vie est d’environ une quarantaine d’années.

Les feuilles du théier sont récoltées trois fois par an et chaque période de récolte imprime au thé une saveur particulière. La première récolte a lieu de mi-mars à mi-avril. La seconde récolte, appelée récolte du milieu, se déroule de mi-avril à mi-mai et produit des thés à la saveur plus fruitée et parfumée. Enfin, la dernière période pour récolter le thé se situe de mi-mai à mi-juillet pour des crus plus corsés et moins fins.


Le thé noir

C’est le thé le plus répandu à Maurice, en Occident et ailleurs. Les feuilles de thé sont déposées sur des claies ou durant 20 heures environ les feuilles flétrissent pour perdre la moitié de leur eau. Les feuilles sont ensuite roulées (dans une machine ou à la main, selon la qualité de fabrication), procédé qui brise les cellules de la feuille et déclenche la fermentation enzymique. Le temps de cette fermentation est très variable, fonction de la région de la qualité des feuilles de thé et du produit recherché. Le thé est ensuite porté à haute température pour stopper la fermentation. Le thé peut être ensuite haché. On obtiendra un thé fort, que l’on retrouvera généralement dans les sachets individuels. Les meilleurs thés seront conservés en feuilles, parfois triées ou assemblées en mélange, comme on compose un vin.
Les thés noirs sont d’une richesse et d’une variété exceptionnelle. Ils sont notamment très fréquemment utilisés dans la composition des thés parfumés.


Quelques chiffres autour du thé

Le thé est la boisson la plus consommée après l’eau. Les Irlandais sont les plus gros consommateurs de thé en Europe, avec plus de 3 kg par an et par habitant. Avec 250 g par an et par habitant, la France est loin derrière, mais l’engouement pour le thé est tel aujourd’hui que l’écart se resserre rapidement. L’Inde est le premier producteur mondial de thé. Ce gigantesque pays d’un milliard d’habitants produit 35 % de la production mondiale, loin devant la Chine (20 %). Le Kenya et le Sri Lanka représentent chacun 10 % de la production mondiale de thé. Il existe plus de 2 500 thés dans le monde, soit plus que de vins.

(Sources : Internet)

 

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