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La belle mort du CPE

Après plus de trois décennies d’existence, le Certificate of Primary Education (CPE) vient de rendre son dernier soupir. C’est un grand soulagement pour les élèves du primaire et pour leurs parents.

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En effet, cet examen avait acquis, au fil des ans, une importance démesurée, mettant l’accent sur la capacité à mémoriser plutôt que sur la faculté d’argumentation et sur la créativité.

Il était perçu comme un ascenseur social reproduisant l’inégalité. Car la grande majorité des enfants éjectés du système chaque année sont ceux provenant des familles défavorisées.

Une telle situation constituait alors un milieu fertile pour une exploitation à outrance par les enseignants à des fins bassement mercantiles. Ce qui a donné lieu à l’émergence d’une école parallèle payante après les heures des classes, ce alors que les dirigeants du pays ne cessent de vanter la « gratuité » de notre système éducatif. D’autre part, l’abandon du CPE libérera du coup plus d’espace dans le curriculum pour l’enseignement des valeurs morales et sociales, du sport, de la musique, des arts, etc.

L’an prochain, ce sera donc le PSAC qui prendra le relais – un examen qui, selon les autorités éducatives, ne serait qu’une évaluation formelle des élèves en vue de leur admission au Grade 7. Mais la question que l’on se pose : les conditions de base sont-elles vraiment réunies pour la mise en pratique du 9-Year Basic Continuous Education, le noyau du projet de la réforme qui a pour objectif de tordre le cou à cette compétition féroce et malsaine chez les enfants de 11-12 ans et en même temps, aux leçons particulières ?

Or, force est de constater que même si les collèges nationaux seront convertis en académies l’an prochain et, donc, accessibles uniquement aux élèves après la Grade 9, les collèges régionaux, eux, demeureraient toujours très inégaux et, dans la limite de seulement quatre zones éducatives, la compétition pour l’admission à ces collèges qui seraient, par conséquent, toujours perçus comme « bons » et « mauvais », serait tout aussi aiguë. C’est pourquoi, la mesure de base visant à garantir le succès de la réforme serait d’abord d’instituer un level playing field au niveau du secondaire et, dans le contexte actuel, la centralisation des établissements privés constituerait la solution la plus convenable.

Il convient de souligner que, dans le débat sur la réforme éducative, un constat fondamental ne doit en aucun cas échapper à la vigilance des autorités concernées : que c’est uniquement l’insuffisance des places dans les collèges qui avait, pendant des décennies, provoqué un goulot d’étranglement à l’entrée du secondaire, avec pour conséquence, le rejet du circuit d’environ 5 000 enfants chaque année.

Ainsi, avec la construction des dizaines de collèges par l’État, après le changement de régime en septembre 2000, bon ordre aurait déjà dû être mis au sein des établissements privés, financés par le gouvernement à travers la PSSA, mais dont l’administration et le recrutement du personnel sont laissés au bon vouloir des managers. Ce qui donne lieu à des abus de toutes sortes, se répercutant sur le processus éducatif et finalement sur les élèves. Or, manifestement, en introduisant d’abord la réforme, la ministre n’a fait que mettre la charrue avant les bœufs.

Par ailleurs, tout projet de réforme éducative ne peut occulter le sérieux problème de l’indiscipline, qui est devenu un fléau hautement préoccupant dans le milieu scolaire. Il est malheureux que devant le laxisme, pour ne pas dire la démission pure et simple des autorités concernées – responsables éducatifs à différents niveaux, parents, mais aussi force de l’ordre –, la situation n’a fait qu’empirer ces dernières années – langage ordurier des élèves, garçons comme filles ; comportements immoraux dans les lieux publics ; actes obscènes dans les autobus ; consommation d’alcool et d’autres produits illicites ; pagaille dans les gares routières et vagabondage dans les Shopping Centres après les heures des classes, etc.

S’il ne s’agit pas de mettre toute la classe estudiantine dans le même panier, le nombre d’élèves concernés par cette attitude de dévergondage est néanmoins suffisant pour jeter l’opprobre sur la jeunesse dans son ensemble. Il est temps d’attraper le taureau par les cornes et de mettre un terme à cette dérive estudiantine, une des causes principales d’ailleurs de l’échec scolaire, mais aussi de la dégradation sociale dans le pays.

Certes, le gouvernement compte venir de l’avant avec un National Student Behaviour Policy, mais que peut-on réellement attendre d’une jeunesse constamment exposée à la violence et l’obscénité sous toutes leurs formes, dans les médias – internet, télévision, etc. ? N’est-ce pas à ce niveau que doit d’abord débuter tout projet d’assainissement social ?

 

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