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La Gestion du Seafarers’ Welfare Fund décriée: appropriation alléguée des contributions étrangères

Rs 100 millions de réserves en banque, mais « aucun sou » pour le bien-être des marins étrangers. C’est le reproche fait au Seafarers’ Welfare Fund par les compagnies maritimes étrangères qui y contribuent environ Rs 10 millions par an. Or, plus de Rs 1 million sont dépensées avec les marins locaux.

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C’est une injustice commise à l’égard des marins étrangers. C’est ainsi que  les propriétaires des navires étrangers qui jettent l’ancre à Maurice dénoncent la gestion du Seafarers’ Welfare Fund (SWF). Ils ont adressé une correspondance, en date du 21 septembre 2015, à Prem Koonjoo, ministre de l'Économie océanique, des Ressources marines, de la Pêche et des Iles éparses. Le Board du SWF est présidé par le Chef de Cabinet de ce ministère. L’Association professionnelle des agents maritimes mauriciens (APAMM) affirme que les compagnies maritimes étrangères considèrent injuste que les autorités mauriciennes n’utilisent pas leurs contributions au SWF pour le bien-être des travailleurs étrangers. Chaque navire qui accoste la rade de Port-Louis doit verser un Seafarer’s Welfare Fee au SWF. L’argent est collecté par la Mauritius Ports Authority (MPA). « Cette contribution doit être utilisée, entre autres, pour le bien-être des marins qui transitent à Port-Louis. Cependant, pas un seul sou n’est utilisé pour le bien-être des marins étrangers, bien que ces services existent à Port-Louis », déplore le capitaine Sanson, président de l’APAMM. Par ailleurs, les propriétaires de navires étrangers accueillent avec appréhension le projet du gouvernement de rendre payant le traitement des marins étrangers dans nos hôpitaux.

Rs 4 millions d’intérêts

D’après les observations de l’APAMM, le bien-être des marins est sacrifié au profit d’autres activités. Primo, le SWF place une bonne partie des contributions en banque. « We understand that some Rs 9 millions were collected for the year 2014 from our Principals (NDLR : les compagnies maritimes) and placed in fixed deposits in local banks. There is now apparently an amount in excess of Rs 100 M in hand », fait-il ressortir. D’après ses bilans financiers, le SWF obtient plus de Rs 4 millions d’intérêts par an sur ses placements. Pour 2013, il a obtenu Rs 1,8 million de la Mutual Aid ; Rs 1,9 million de l’ABC Banking Corporation ; Rs 750 000 de la SICOM et Rs 220 142 de la Mauritius Post and Cooperative Bank, entre autres. De plus, le SWF a obtenu Rs 183 865 d’intérêts de son compte épargne.
[panel contents="En 2013, le SWF a posté un surplus de Rs 10,3 millions contre Rs 8,8 millions en 2012. Ses recettes proviennent de deux sources. D’abord, les contributions des compagnies maritimes (Rs 10,6 millions). Ensuite, des intérêts bancaires (Rs 4,9 millions). Ses dépenses s’élèvent à Rs 5 millions, dont Rs 3 millions pour les frais administratifs et Rs 1,7 million pour les activités organisées à l’intention des marins mauriciens et leurs proches." label="Rs 5 M de dépenses par an" style="info" custom_class=""]

Secundo, ce fonds est aussi utilisé pour des dépenses avec des navires ayant des problèmes. L’APAMM a cité un cas dans sa correspondance : « using part of that money to buy bunker for a vessel (M/V Markella) arrested at Port-Louis. » D’après son bilan financier 2013, SWF a encouru près de Rs 1,4 million de dépenses avec ce navire. « In 2012, the Fund provided assistance to the crew of vessel Markella amounting to Rs 1 395 420 (including legal costs). The Fund expects to recover that amount out of the sale proceeds of the vessel », peut-on lire à la page 40 du bilan financier sous le chapitre “Contingent Asset and Contingent Liability”. Tertio, l’APAMM déplore que, depuis 2010, le board du SWF ait cessé de financer la Mauritius Sailors’ Home Society (MSHS) qui opère le seul et unique « lieu de détente » des marins à Maurice. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

Adminitrative Costs (2013)

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Mise en garde

La Trevessa House est vouée à la fermeture, car l’APAMM qui l’a financé l’année dernière ne souhaite pas poursuivre avec cette action de bénévolat pour une raison ‘évidente’. « We obviously cannot continue to finance MSHS when we are already paying a large amount for the welfare of our seamen. Without any source of funds, we fear that MSHS may be forced to close such class facility », fait ressortir l’APAMM. L’APAMM met en garde les autorités : cette injustice alléguée va à l’encontre de la Mauritius Labour Convention de l’International Labour Organisation que Maurice a signé. L’article A 4.4(1) stipule que chaque pays signataire doit rendre accessibles toutes les facilités de bien-être aux  marins « irrespective of nationality, race, colour, sex, religion, political opinion or social origin and irrespective of the flag State of the ship on which they are employed or engaged or work. » Les démarches du Défi Plus pour obtenir la version du président du SWF se sont avérées vaines.


Afzal Delbar: « Inacceptable »

Le Port Users’ Council, par la voix de son président Afzal Delbar, confirme les reproches de l’APAMM. « Il est inacceptable qu’aucune facilité ne soit accordée aux marins étrangers, alors que les compagnies qui les emploient contribuent au Seafarers’ Welfare Fund pour leur bien-être. À quelques reprises, le Ports Users Council a dû venir à la rescousse des marins en difficulté pour leur trouver un lieu d’hébergement. Les compagnies maritimes étrangères n’ont pas tort de croire que les autorités mauriciennes sont en train de s’approprier leurs contributions », déclare-t-il. À son avis, la solution serait de placer ce fonds sous la responsabilité conjointe de la Mauritius Ports Authority et du Port Users’ Council.

 

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