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La place d’Air Mauritius dans le secteur de l’aviation (Suite et fin)

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Air Mauritius

Il a fallu dix ans à Air Mauritius pour se développer, les cinq premières années pour se concentrer sur la maîtrise des opérations au sol uniquement. L’arrivée des A350 flambant neufs aurait dû être une opportunité pour fédérer Air Mauritius et créer un esprit de partenariat.

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« Le corridor aérien entre l’Asie et l’Afrique fait un tort immense à Air Mauritius. »

Avec les perspectives économiques et le développement du tourisme, Air Mauritius a volé régulièrement vers de nouveaux sommets dans les années 80. Ses fortunes ont été intimement liées à la croissance du tourisme. En utilisant une stratégie de partage de codes avec des concurrents tels que Air France, Air Mauritius avait trouvé la bonne formule pour un développement rapide. De 1987 à 1988, la taille de la flotte de Boeing et ATR, le nombre de destinations internationales et la fréquence des vols régionaux et internationaux et des services avaient transformé MK avec toutes les contraintes et risques associés.

Il est à noter que cette trajectoire ascendant régulier a eu lieu malgré une restructuration qui avait amené le gouvernement à devenir l’actionnaire principal de la compagnie avec 42 %. De la politique gouvernementale et des ouvertures diplomatiques, les ministres et les conseillers parfois ont donné l’impression qu’ils connaissaient mieux la stratégie de développement du transporteur national. Le poids de tous les dirigeants politiques a probablement pesé sur les nominations et les promotions, tandis que des questions parlementaires sur MK étaient généralement mises de côté par n’importe quel gouvernement en place.

Air Mauritius a survécu à des épisodes extrêmement mouvementés, comme la tristement célèbre affaire « carnet la boutique » ou « la caisse noire ». Dans le milieu des années 1990, Air Mauritius a navigué avec succès la conversion stratégique de ses services et opérations de la flotte de Boeing à Airbus, devenant même le premier transporteur de l’hémisphère Sud à exploiter la nouvelle génération A340. Il est, donc, compréhensible que la série d’événements qui se sont déroulés à Air Mauritius, depuis 2015, aient été suivis avec un malaise considérable dans des milieux concernés. Le corridor aérien entre l’Asie et l’Afrique fait un tort immense à Air Mauritius. Aussi desservir le Mozambique et la Tanzanie sans aucune planification fait perdre beaucoup d’argent à Air Mauritius.

Des stratégies appropriées

Le moteur est le coeur d’un avion, mais le pilote est son âme – cette citation de Walter Alexandre Raleigh résume toute la responsabilité qui repose sur les épaules d’un pilote. Le bras de fer entre la direction d’Air Mauritius et les deux syndicats, l’Airline Employee Association et la Mauritius Air Line Pilots Association, remonte à 2015. Récemment, des pilotes étaient malades, d’autres indisponibles. Résultat des courses : plusieurs vols annulés, des centaines de passagers mécontents, les contrats de trois pilotes résiliés, la menace de sanctions contre Air Mauritius par la Fédération internationale des associations de pilotes de ligne et, pour clôturer le tout, cet ordre d’expulsion du territoire à l’encontre d’un des pilotes étrangers émanant du bureau du Premier ministre. En trois jours, Air Mauritius, qui a souvent connu des turbulences, est passé par l’une des pires crises de son existence.

C’est bien sûr le résultat d’une faillite totale de communication et peut-être d’égo meurtri ou trop gonflé. Dommage ! Car, il suffisait d’une dose de bonne volonté avec une maîtrise du dossier pour résoudre ces problèmes.

En dépit des revers subis ces derniers temps, Air Mauritius a joué son rôle pleinement comme moteur de développement touristique, depuis plus de 50 ans. Maurice a la chance d’avoir sa propre compagnie d’aviation nationale. Il faut peut-être regarder autour de nous, plus précisément en Afrique, pour comprendre le rôle d’un transporteur national. Il y a bien peu de pays africains qui ont une compagnie d’aviation à l’image d’Air Mauritius. Aujourd’hui, le Nigéria, le Ghana et bien d’autres pays ont toutes les peines du monde à mettre une compagnie d’aviation en marche. South African Airways et Kenya Airways font face à des difficultés insurmontables qui ont nécessité des injections de milliards de rands ou de dollars de leur gouvernement. Le gouvernement mauricien, lui, n’a jamais mis un sou dans Air Mauritius, sauf lorsqu’il a créé la compagnie et quand il a acheté des parts dans la compagnie.

Pour survivre et réussir dans un environnement de plus en plus compétitif, une compagnie aérienne doit être dirigée par des gens honnêtes et compétents avec des stratégies et des plans d’action appropriés. Et bien sûr, sans ingérence externe. Bien que les compagnies nationales soient les porte-drapeaux de leur pays, si elles ne veulent pas disparaître, elles doivent, surtout dans le cadre d’une économie locale fragilisée, accepter des partenariats stratégiques au sein desquels elles ne sont plus en situation dominante. Il semble illusoire, en période de crise, qu’une petite compagnie aérienne comme Air Mauritius réussisse à trouver le dosage entre nation et mondialisation.

L’île Maurice a récemment monnayé son secteur offshore avec l’Inde contre le financement du Metro Express. Il se pourrait qu’un jour Maurice ne refuse pas de monnayer Air Mauritius contre le financement d’un autre méga projet par un des États émiratis !

Source : Conjoncture (Janvier/Février 2018)

 

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