Magazine

La popularité et ses revers

Derrière chaque personne connue se cache une histoire qui est parfois lourde à porter. L’image que l’on se fait d’elle ne reflète pas toujours la réalité. Souvent jugée, elle encaisse et garde la tête haute. Portrait de quatre personnalités mauriciennes.

Publicité

Bessika Bucktawor : «Je me sens victime de harcèlement et au bord de la dépression»

La dernière semaine n’a pas été de tout repos pour la Miss Mauritius 2016, Bessika Bucktawor. Son nom a été associé à une fausse affaire de drogue dans un journal fictif en ligne. Quand cela s’est produit, elle a cru que les Mauriciens auraient le discernement de réaliser que c’était une fausse nouvelle. Or, la réaction des internautes a été tout autre. À 21 ans, elle n’était pas prête à faire face à une telle situation.

« La nouvelle, en elle-même, n’est rien. Mais la façon dont les Mauriciens ont partagé cet article et m’ont jugée m’a profondément blessée », fait-elle comprendre. Elle a encaissé seule des remarques blessantes.

« On n’est jamais assez bien préparé à ce genre de situation. Pourtant, en participant à ce concours de beauté, je savais que j’allais devoir faire face à des moqueries. Toutes les Miss savent qu’il faut passer par là et on se prépare psychologiquement », ajoute-t-elle.

Mais elle n’avait pas envisagé être traitée de tous les noms et voir des injures sur sa page Facebook et dans sa boîte de messagerie. « Un vrai cauchemar. Je me dis que je dois être forte, mais le regard des autres blesse. Depuis quelques jours, je me sens victime de harcèlement et au bord de la dépression », indique-t-elle.

La pression est si forte qu’elle a désactivé son compte Facebook temporairement et essaie, autant que possible de garder le sourire en public. « Faire semblant que tout va bien est un gros travail. Je me sens capable de le faire, mais je pense aussi avoir recours à une aide psychologique pour mieux gérer la situation et afin que cela ne me n’affecte pas », dit-elle.

Selon elle, l’heure est mal choisie. « C’est arrivé à un moment où j’étais la plus vulnérable. Je suis seule avec ma sœur à Maurice, car mes parents sont en voyage en Inde. Quand cette affaire a éclaté, je ne voulais pas qu’ils paniquent, ce qui fait que je n’ai rien dit. J’ai tout pris sur moi », raconte-t-elle.

Dan Baboo : «Être une figure publique est une arme à double tranchant»

Dan Baboo, le nouveau Chief Whip de l’opposition, a beaucoup fait parler de lui durant les deux dernières années en tant que ministre des Arts et la Culture. Il se souvient surtout de l’épisode où il a été critiqué pour son livre de chevet en octobre 2015.

« Une journaliste m’a ainsi proposé un entretien pour m’aider à faire monter ma côte de popularité. Elle m’a approché pendant la pause déjeuner, lors d’une séance parlementaire », se souvient-il.

Il relate qu’il a invité la journaliste à son bureau pour répondre à ses questions. Il avance que lors de l’entretien, il a reçu un appel pour l’informer de la tenue d’une réunion avec le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval.

« Au même moment, la journaliste a voulu connaître mon livre de chevet. Comme je n’ai pas trop porté attention à la question, je lui ai demandé de la reformuler. Une fois l’entretien complété, j’étais content, car j’attendais avec impatience de lire l’article après sa parution », raconte-t-il.

Sa joie est de courte durée ! Les lecteurs sont nombreux à critiquer Dan Baboo sur les réseaux sociaux. « Les questions et les réponses étaient présentées d’une autre manière. Les lecteurs avaient l’impression que je ne connaissais pas la définition d’un livre de chevet, alors que j’étais ministre des Arts et de la Culture. J’étais triste et je me suis senti insulté ! Les commentaires m’ont blessé. Heureusement que mon épouse, qui est enseignante au collège du Saint-Esprit, m’a soutenu », indique-t-il.

Dan Baboo est directeur de plusieurs compagnies. « Je suis une personne positive et j’ai pu surmonter cette période sombre. J’ai appris qu’être une figure publique est une arme à double tranchant », poursuit-il.

Il dit avoir appris les ficelles du métier graduellement. « Je me suis donné corps et âme en tant que ministre. Plusieurs projets ont été initiés et ont porté leurs fruits. Toutefois, cela n’était pas au goût de tout le monde. J’ai subi des critiques de toutes parts », confie-t-il. Il dit ne pas se laisser pour autant décourager.

Om Lombard : «Je me suis battu pour ma crédibilité»

La réputation d’Om Lombard en a pris un coup avec l’affaire des graines de cannabis trouvées à Zoomania et le vol allégué d’ara en 2016. Bien qu’il dit être resté fort, son image de mannequin international a été entachée. Depuis, il s’est reconstruit et a redoré son image et dans la même foulée, celle de son animalerie Zoomania. Le mannequin et homme d’affaires est suivi par près de 205 000 fans sur Facebook. « J’ai une réputation dans le mannequinat et dans le social, notamment avec la Croix Rouge. J’ai énormément de gens qui me suivent et ceux qui me connaissent savent que j’ai une vie saine, je mange bio », explique-t-il.

Aujourd’hui, malgré ses douze jours passés en prison, il prend la chose avec humour et beaucoup de recul. « J’ai été propulsé du statut d’Om Lombard, mannequin international, à Om Escobar. C’est à ce moment que l’on prend connaissance de l’impact médiatique d’une allégation ».

« En général, la société associe le mannequinat à la drogue, mais ce n’est pas le cas pour moi », précise-t-il. Pendant son passage en prison, une page en solidarité avec le mannequin « We are Om » a été créée par ses fans et elle a réuni 8 000 fans à sa cause.

« Ce sont des gens qui ont cru dans mon innocence », explique le mannequin. « Je n’ai jamais voulu fermer Zoomania, malgré ce qui s’est passé. Je me suis battu pour ma crédibilité et pour faire triompher la vérité. C’est d’ailleurs les médias qui m’ont permis de me réhabiliter. Et il est facile d’y parvenir lorsqu’on est innocent. Peut-être qu’une autre personne aurait fait une dépression, mais pour mon image et par respect pour ceux qui me suivent, je me devais de garder la tête haute », fait-il observer.

Dan Callikan : «Il faut une ligne de démarcation»

Dan Callikan a été le directeur de la MBC de 2009 à 2014, sans compter qu’il a été le conseiller de l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam. Il a connu la notoriété, mais a été aussi critiqué. Il a géré son image au mieux, avec le sentiment d’avoir agi dans l’intérêt du public. Cela fait trois ans qu’il n’est plus à la tête de la MBC, mais les Mauriciens se souviennent encore de son passage au Réduit.

L’ancien directeur garde un très bon souvenir de cette période. « Cela fait toujours plaisir quand les gens vous arrêtent dans la rue pour vous saluer. C’est un peu un signe de reconnaissance à votre modeste contribution. »

Et quand on est populaire, il faut tout de même imposer certaines limites. « Être connu c’est une chose, mais il faut une ligne de démarcation pour que les gens n’abusent pas de votre position. Ainsi, quand j’étais directeur de la MBC, je n’ai fait de faveur à personne. D’ailleurs, ceux qui me connaissent savent que cela ne valait pas la peine de me demander quoi que ce soit », explique-t-il.

Toutefois, il a souvent été vivement critiqué pour ses décisions. Un fait que le principal concerné ne dément pas, bien qu’il estime avoir agi dans l’intérêt des abonnés de la MBC.

« Quand on veut changer les choses, c’est un peu normal que certaines personnes s’y opposent. Dans mon cas, je ne me suis pas arrêté à ces critiques non constructives et j’ai fait de mon mieux pour offrir une télévision de proximité aux Mauriciens. C’est ainsi que la chaine créole et celle en bhojpuri sont venues se greffer à la programmation, qui a connu un lifting. J’estime que la population a su apprécier mon travail. »

Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !