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Larmes d’un combat : le calvaire d’un couple âgé tyrannisé par deux fils toxicomanes

Fatima et son époux souhaitent pouvoir vivre en paix. Photo d’illustration

La paix qui devrait caractériser les dernières années de vie de Fatima et Ahmed, âgés de 69 et 84 ans respectivement, est devenue une denrée rare. Ils doivent composer avec les menaces, les tentatives d’intimidation et le climat de peur instauré par leurs deux fils toxicomanes. 

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Fatima* a 69 ans et son époux Ahmed* en a 84. Le visage buriné par le temps et les yeux remplis de tristesse, ils sont à une étape de leur vie où ils auraient dû se reposer et profiter de leur retraite, après des années de travail acharné, durant lesquelles ils se sont dévoués corps et âme pour leurs quatre enfants. 

Malheureusement, la réalité de ce couple qui vit à Camp-Chapelon, Pailles, est à mille lieues de ce rêve idyllique. Leurs fils Karim*, âgé de 40 ans, et Malik*, qui a 29 ans, ont emprunté un triste chemin, qui a plongé la famille dans un abîme de souffrance. Ils sont tous deux toxicomanes. La drogue, telle une ombre pernicieuse, malfaisante et persistante, s’est insinuée dans la vie de ces jeunes hommes et elle fait de leur existence un cauchemar sans fin. 

Pa kapav koz ar zot. Si koz ar zot, zot koumans zoure ek zot rod agres mwa. Parfwa mo bizin sove kit lakaz ale»

Les visages ridés de Fatima et d’Ahmed portent les marques d’une douleur profonde, comme si chaque ride était une cicatrice laissée par cette épreuve qui finira par les avoir à l’usure, si rien ne change. Autrefois, Fatima était une femme joyeuse et pleine de vie. Son sourire s’est hélas effacé au fil des années. 

Les souvenirs heureux de leur jeunesse, jadis partagés en famille, sont désormais des vestiges d’un passé lointain, emportés par la tourmente de la dépendance. Les rires qui résonnaient autrefois dans leur humble demeure ont été remplacés par des pleurs silencieux et des soupirs résignés. Les nuits jadis paisibles sont ponctuées par des cris étouffés et des pleurs de détresse, alors que la famille lutte pour préserver un semblant de normalité dans ce chaos. 

Les journées de ces parents dévoués sont maintenant empreintes d’une inquiétude constante. Le moindre bruit de pas ou le moindre appel téléphonique est une source d’anxiété, car ils redoutent le prochain épisode de la toxicomanie de leurs fils. Les appels incessants des créanciers, les visites de la police et les disputes tumultueuses entre les deux frères font partie intégrante du quotidien de ce couple vieillissant. 

Malgré tous leurs efforts, Fatima et Ahmed se retrouvent souvent seuls dans leur triste demeure, abandonnés par des fils dont l’addiction les éloigne toujours davantage. Chaque jour qui passe apporte son lot de douleur et de chagrin dans une vie qui avance comme une tragédie inachevée. Piégés dans un tourbillon de désespoir, ils s’accrochent à l’espoir fragile que leurs fils pourront un jour trouver la voie de la guérison. 

Le cauchemar du couple atteint désormais des sommets insoutenables, révélant un sinistre tableau de violence et de chantage. Quotidiennement, leurs deux fils les somment de leur donner de l’argent, en faisant montre d’agressivité et en proférant des menaces. 

Bizin ferm zot ek les zot dan prizon. Nou tia swete ki lotorite ed nou. Pa les zot revinn dan lakaz»

Par peur de subir des violences physiques et de voir ses biens détruits, Fatima finit toujours par céder à leurs exigences. Un scénario qui se répète inlassablement dans la demeure familiale où la terreur est palpable. « Toulezour, sa de frer la lager antre zot. Parfwa sakenn tir kouto ar so kamarad. Ena fwa zot amen move dimoun dan lakaz. Pa kapav koz ar zot. Si koz ar zot, zot koumans zoure ek zot rod agres mwa. Parfwa mo bizin sove kit lakaz ale », confie Fatima, désemparée. 

Elle explique que leurs deux fils prennent tout ce qu’ils trouvent dans la maison pour les vendre. Même les provisions y passent. Du coup, la mère de famille ne fait plus de courses pour le mois. Son époux et elle achètent ce dont ils ont besoin quotidiennement. « Mo bizin aste zour pou zour mo manze. Me pena enn zour ki mo rapel ki mo misie ek mwa finn resi manz an pe », explique Fatima. 

Ahmed a tellement souffert sous l’emprise de ses deux fils tyranniques qu’il souffre, depuis plusieurs années, de troubles mentaux. Un proche indique qu’il est arrivé quelquefois où ce pauvre père de famille a dû prendre la fuite pieds nus et sous un soleil de plomb après que ses deux fils l’ont chassé de la maison. 

L’incident le plus récent remonte au mardi 28 novembre 2023. C’était vers 7 heures. Les deux fils ont fait pression sur Fatima, en ayant recours à des menaces et des intimidations, pour qu’elle leur remette de l’argent. Mais elle a répondu, la peur au ventre, qu’elle n’en avait pas. 

Ignorant ses supplications, Karim et Malik ont commencé à proférer des paroles agressives. Le ton est monté. Fatima s’est enfuie de chez elle pour aller se réfugier ailleurs. Cette mère dévouée s’est résolue à porter plainte pour violence domestique contre ses fils au poste de police de Pailles. Elle n’a aucun témoin pour corroborer son récit. 

Karim et Malik sont activement recherchés par la police. Toute personne détenant des informations sur le lieu où ils se trouvent est priée de contacter immédiatement la police. 

La mère de famille explique qu’à chaque fois qu’elle porte plainte contre ses fils, la police les arrête, mais les deux jeunes gens sont parfois relâchés le même jour. « Bizin ferm zot ek les zot dan prizon. Nou tia swete ki lotorite ed nou. Pa les zot revinn dan lakaz », conclut Fatima. Elle lance un appel à l’aide au ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille, ainsi qu’à l’Elderly Protection Unit pour qu’ils leur viennent en aide avant qu’il ne soit trop tard. 

* Prénoms d’emprunt

 

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