Le FMI révise à la baisse ses prévisions de croissance de 5,4 % à 4,6 % pour Maurice

• Vers une inflation à 9,5 % cette année 

Le Fonds monétaire international (FMI) révise à la baisse ses prévisions de croissance pour le pays, mais rehausse celles sur l’inflation. C’est ce qui ressort de la dernière mise à jour des perspectives économiques mondiales de l’institution de Breton Woods, publiée le mardi 11 avril.

Les perspectives économiques s’assombrissent au niveau mondial. La croissance mondiale devrait ralentir de 3,4 % en 2022 à 2,8 % en 2023, soit son niveau le plus bas, avant de s’établir à 3 % en 2024. Un recul qui est attribué à une série de facteurs : les perturbations du secteur financier avec la crise bancaire aux États-Unis et en Suisse, le niveau élevé de l’inflation, les effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’héritage de trois années de la pandémie. C’est dans les pays avancés que le ralentissement économique sera le plus marqué, en particulier la zone euro et le Royaume-Uni, indique le FMI. Par ailleurs, l’inflation mondiale va diminuer, mais plus lentement qu’attendu initialement, passant de 8,7 % en 2022 à 7 % cette année, puis à 4,9 % en 2024. « Dans la plupart des pays, l’inflation ne devrait pas revenir à son niveau cible avant 2025 », prévient le FMI.

À Maurice, les prévisions de croissance ont aussi revu à la baisse. Le Fonds monétaire international table désormais sur une croissance de 4,6 % pour Maurice cette année contre une anticipation initiale de 5,4 %. Pour ce qui est de l’inflation, le FMI craint que le taux sera plus élevé cette année, soit de l’ordre de 9,5 % contre des prévisions antérieures de 6,1 %. 

Pour Shaktee Ramtohul, Chartered Accountant et Business Consultant, plusieurs facteurs sont à l’origine de cette baisse dans les prévisions. D’abord, notre dépendance des importations, rendues plus chères avec la dépréciation de la roupie. « De même, malgré une reprise dans le tourisme, nous avons des difficultés à créer d’autres pôles de développement surtout dans le domaine de l’innovation. Par ailleurs, nous peinons à attirer de l’investissement autre que dans l’immobilier », avance-t-il tout en s’interrogeant si l’État pourra soutenir les dépenses gouvernementales sans avoir recours à la dette. 

Dans la même foulée, Shaktee Ramtohul ne se dit pas surpris que l’inflation reste élevée cette année. « L’inflation est surtout importée. Comme nous importons une grande majorité de nos denrées alimentaires, nous sommes à la merci des pays fournisseurs », fait ressortir le consultant. 

Quant à Roshaan Kulpoo, expert en inclusion financière, il craint que Maurice ne doive se préparer à une nouvelle augmentation du taux Repo, ce qui devrait influer sur le taux à l’emprunt. « La balle est également dans le camp du gouvernement pour la mise en place de certaines recommandations phares du FMI », a-t-il ajouté.