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Leela Devi Dookun-Luchoomun, ministre de l’Éducation : «un rapport attendu pour décider sur la révision du calendrier scolaire»

Au début de ce deuxième trimestre scolaire, Leela Devi Dookun-Luchoomun, la vice-Première ministre et
ministre de l’Education brosse un tableau du secteur éducatif. Elle évoque les avancées de la réforme éducatives et certains défis à relever au 2e trimestre.

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Une réforme éducative a été enclenchée en 2017. Parlez-nous des avancées à ce jour…

La réforme éducative a été étendue à tous les secteurs et sous-secteurs de l’éducation. Au niveau préscolaire, un nouveau National Curriculum Framework a été introduit. Nous avons déjà lancé la formation des éducateurs dans ce cadre. En sus, la gratuité a été instaurée au pré-primaire, avec désormais 648 écoles gratuites. Nous avons également oeuvré pour l’amélioration des conditions des enseignants, avec une révision salariale qui égalise désormais les salaires dans les secteurs privé et public. Les managers ont également reçu des ressources supplémentaires pour améliorer les installations destinées aux enfants. À noter que Maurice est l’un des rares pays à offrir deux années de préscolaire gratuitement. Par ailleurs, les managers bénéficieront d’une formation, et des cours sont en préparation au Mauritius Institute of Education (MIE) pour les préparer à dispenser ces formations.

Qu’en est-il du primaire ?

Au niveau primaire, nous avons introduit le programme Communication Skills, ce qui se reflète dans la facilité avec laquelle les enfants s’expriment. Aussi, grâce au Holistic Programme, tous les enfants peuvent développer leurs talents et sont heureux à l’école. L’introduction du Early Digital Learning Programme a également été un succès, avec la distribution de tablettes à tous les enfants des Grades 1 à 6, en veillant à l’équité et à la qualité de la réforme. Toutes les ressources et les livres sont désormais disponibles en ligne.
À partir du Grade 4, un Classroom Management System a été mis en place, permettant aux enseignants d’ajouter des programmes et de faire des évaluations à partir des équipements reçus. Tous les enfants à partir de cette classe participent à des cours de natation scolaire. Enfin, l’After School Programme offre des opportunités supplémentaires aux élèves. Le ‘Early Support Programme’ joue un rôle crucial en assurant un suivi des élèves en difficulté, les aidant ainsi à retrouver le bon chemin. Un programme de formation est en place pour les enseignants et les chefs d’établissement, mettant l’accent sur le partage entre professionnels. Il est important de comprendre que la réforme éducative n’est pas une destination finale, mais un processus continu. Les enfants d’aujourd’hui étant des natifs du numérique, l’introduction des tablettes les aide à se concentrer davantage en classe.

J’attends le rapport des techniciens, nous prendrons une décision sur la révision du calendrier scolaire ou non''

Le ‘Early Support Programme’ joue un rôle crucial en assurant un suivi des élèves en difficulté''

Le secondaire est marqué par beaucoup de critiques au niveau de l’Extended Programme ?

L’Extended Programme a remplacé le Prevocational. Tous les enfants ont droit à une éducation de base sur une période de neuf ans. Chaque enfant arrivé à la 9e année doit avoir les connaissances et les compétences qui lui permettront de continuer dans sa vie, d’être productif et de contribuer selon ses aptitudes dans la société. C’est pour cela qu’au niveau du ministère de l’Éducation et au niveau du gouvernement, nous pensons qu’il est important de donner plus de temps à l’élève. On lui donne le temps d’apprendre.

Un problème réside cependant dans le fait que l’accent est mis sur le nombre d’enfants suivant l’Extended Programme. Il est crucial de souligner que l’obtention d’un certificat ne constitue pas une fin en soi. Ces enfants ont initialement rencontré des difficultés et il était nécessaire de leur accorder le temps nécessaire pour se rattraper et découvrir des connaissances au-delà de ce qu’ils avaient appris au primaire.

Nous leur transmettons les connaissances nécessaires pour naviguer dans la vie et mener une existence équilibrée. Si un jeune de l’Extended Programme décide demain d’ouvrir un atelier ou une boutique, il doit savoir comment interagir avec les clients, gérer ses finances, entre autres compétences essentielles. Même s’il n’obtient pas son NCE, il aura tout de même un certificat attestant des acquis qu’il a pu développer au cours
de ces années.

Le dernier rapport de l’Audit vient cependant pointer du doigt l’Extended Programme ?

L’Audit doit certes vérifier si les fonds ont été utilisés correctement, mais peut-il remettre en question le bien-fondé de fournir une éducation de base sur 9 ans ? Si un enfant ne réussit pas, l’avonsnous abandonné ? N’avons-nous pas mis en place le Bright Up Programme pour soutenir ces élèves et assurer un suivi ?

Nous avions mis en oeuvre un suivi avec les responsables du MIE et des facilitateurs dans les écoles. Nous étions conscients que certains élèves franchiraient le cap, tandis que d’autres rencontreraient des difficultés, d’où l’initiative de leur offrir une 4e année pour passer les examens du NCE. Cependant, la pandémie de COVID-19 a également posé des défis supplémentaires.

Que prévoyez-vous pour aider ces élèves ?

La cuvée de cette année sera évaluée selon un autre format, incluant le School-Based Assessment et le Written Paper. En cas de réussite, les élèves pourront soit poursuivre dans le cursus classique (mainstream), soit intégrer l’un des centres du MITD. En cas d’échec, le Bright Up Programme leur est proposé.

Nous leur offrons tout le soutien nécessaire en termes de ressources, de textes et de valeurs enseignées, ainsi que diverses activités. Tous les enfants doivent avoir les mêmes chances. Peu importe ce que dit l’Audit, je ne parle pas en termes d’argent. We cannot afford not to give to each mauritian child his chance. Au ministère de l’Éducation, nous prônons l’équité et l’égalité des chances... Le secondaire ne se limite pas à l’Extended Programme. Nous proposons toute une gamme d’activités et de programmes pour le bien-être de tous les élèves.

Notre but est de pouvoir offrir le KM au niveau du ‘A Level''

Certains élèves du School Certificate, qui avaient pris le Kreol Morisien en 2023, ne peuvent continuer au niveau du HSC. N’y a-t-il aucune solution pour eux ?

Notre objectif est d’offrir le Kreol Morisien au niveau du ‘A Level’. Ce qui est le plus important pour moi, c’est que nous ayons pu organiser un premier examen. C’est la première fois que nous avons pu proposer un questionnaire d’examen au niveau national. Il est crucial de développer cette expertise. Nous nous sommes déjà engagés à introduire un Advance Subsidiary in KM, puis à proposer le ‘A Level’ par la suite. Il y a quelques problèmes à résoudre, notamment le nombre d’enseignants. Nous souhaitons recruter davantage et leur accorder le temps nécessaire pour se former. Il nous faut également des ressources pédagogiques utilisables pour les examens. Il y a beaucoup d’autres aspects à prendre en considération. C’est un engagement que le gouvernement a pris, et nous le réaliserons. Le Kreol Morisien n’est pas la seule matière où les élèves le font jusqu’au SC. Nous nous engageons à aller de l’avant, mais dans un premier temps avec l’Advance Subsidiary.

2024 voit l’introduction du Bright Up Programme ou le Technology Education Scheme. Cependant, ces programmes n’ont pas attiré beaucoup d’élèves. Comment s’assurer que tous ces projets puissent fonctionner pour que les élèves concernés en sortent gagnants ?

C’est tout à fait normal. Lorsque nous avons lancé le HSC Pro, il y avait très peu d’élèves. Au fil des années, le nombre toutefois a augmenté. Nous comptons 86 élèves au niveau du Technology Education Scheme (TES). En début d’année, il y en avait 80. Le TES comprend trois filières : Engineering Technology ; Computer Technology & Innovation et Health and Hospitality. Les élèves vont apprendre de façon plus appliquée, ce qui va leur permettre de continuer selon leurs besoins. Aujourd’hui, l’enfant a devant lui toute une panoplie de possibilités. Il peut décider de poursuivre ses études, tout en travaillant. Les cours que nous proposés en fonction de la demande de l’économie. La réforme est une transformation du système et on a pu le faire.

Quelles sont les mesures prises pour attirer et retenir les enseignants qualifiés et compétents dans le système éducatif ?

La demande pour les postes d’enseignant reste élevée parmi les jeunes. Cependant, les récentes difficultés rencontrées lors de l’exercice de recrutement mené par la Public Service Commission (PSC), avec un nombre élevé de demandes et d’entretiens, ont retardé le processus. Néanmoins, nous avons reçu aujourd’hui plus de 525 enseignants et la rentrée ne devrait pas être affectée. S’il y a certes encore une matière pour laquelle aucun enseignant n’a été recruté à ce jour, nous avons déjà mobilisé des ‘supply teachers’ pour combler ce manque.

Comment le ministère de l’Éducation intègre-t-il la technologie dans le système pour améliorer l’apprentissage des élèves, surtout pendant les intempéries ?

Il est important de reconnaître que chaque fois que nous avons eu recours à la technologie, c’était en réponse à des situations de crise comme la pandémie de la COVID-19 ou des conditions météorologiques défavorables. Avant même la pandémie, nous avions introduit le Student Support Portal (SSP), qui s’est avéré être un outil précieux. Actuellement, nous continuons à renforcer les programmes d’études à ce niveau, et
le département de l’E-learning a lancé la Google Classroom, une plateforme plus interactive que nos précédents outils comme Microsoft Teams et WhatsApp. Nous sommes en train de former les enseignants à utiliser cette nouvelle plateforme.

Les élèves vont recevoir les livres manquants à la rentrée''

Le 2e trimestre débute ce lundi 22 avril. Quelle assurance pouvez-vous donner aux élèves et au personnel ?

Je voudrais transmettre aux élèves le message que l’école est une expérience extraordinaire. Cependant, pour tirer le meilleur parti de cette expérience, il est essentiel d’investir des efforts. Actuellement, nous entamons le second trimestre après quelques perturbations au premier trimestre en raison du temps. C’est donc le moment de se concentrer et de redoubler d’efforts. Les parents ont leurs responsabilités, l’école a les siennes, mais chaque élève doit également fournir l’effort nécessaire pour réussir. Je suis convaincue que chacun possède les capacités pour y parvenir. Malgré les difficultés du premier trimestre, il est temps de se ressaisir et de travailler avec détermination.

Nous avons quand même raté 12 jours de classe au premier trimestre en raison du mauvais temps. La révision du calendrier scolaire est-elle envisagée ?

Il y a un ‘survey’ en cours au ministère de l’Éducation auprès des chefs d’établissement. Cette enquête vise à évaluer ce qui a été accompli jusqu’à présent et ce qui reste à faire. J’attends le rapport des techniciens, après quoi nous prendrons une décision concernant une éventuelle révision du calendrier scolaire.

Le département de l’E-learning a lancé la Google Classroom, une plateforme plus interactive que nos précédents outils''

Le premier trimestre a aussi été marqué par le manque de certains manuels…

Selon les informations que j’ai reçues de mes officiers, les élèves vont recevoir les livres manquants à la rentrée.

 

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