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Lindsay Rivière plaide pour un «rethinking» dans la presse

Les différentes confrontations médiatiques survenues cette semaine autour de l’affaire Bet365 ont été longuement commentées, lors de l’émission Au cœur de l’info, sur les ondes de Radio Plus, samedi.

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Ya-t-il eu des dérapages journalistiques autour de l’affaire Bet365 ? C’était là le principal thème abordé par Lindsay Rivière, journaliste et ancien président du conseil d’administration du Media Trust, et Rabin Bhujun, cofondateur et directeur éditorial du site d’information en ligne ION News. Pour Lindsay Rivière, il y a beaucoup d’enseignements à tirer des événements survenus lors de la semaine écoulée et qui ont débouché sur une série de confrontations quotidiennes entre le groupe La Sentinelle et Le Défi Media Group avec, pour conséquence, la consignation d’une plainte des représentants du Défi Media Group contre le groupe La Sentinelle au Central Criminal Investigation Department (CCID), vendredi dernier.

« Le rôle de la presse ne se limite pas à informer, commenter et interpréter. La presse a aussi un rôle social et démocratique », a affirmé Lindsay Rivière. Pour lui, les événements de ces derniers jours symbolisent le changement de culture qui a eu lieu dans les médias. « Nous témoignons d’un changement fondamental dans la culture des médias ces 15 dernières années.

Nous sommes passés de la presse écrite à l’émergence de l’Internet et des radios », a-t-il fait ressortir. Il a aussi expliqué que la presse traditionnelle a, depuis toujours, eu un rôle de spectateur, tout en critiquant et commentant, lorsque la situation l’exigeait. Toutefois, a-t-dit, la presse ne devait en aucun cas devenir un acteur et ne devait surtout pas créer l’événement. Ainsi avec cette transformation médiatique, la presse se doit être vigilante. Si Lindsay Rivière reconnaît que la presse a su jouer son rôle, en revanche il affirme qu’une réflexion s’imposait sur la nature du métier.

« Des égos en jeu »

Dans un premier temps, Rabin Bhujun a, lui, axé son intervention sur l’importance de faire preuve de précaution dans l’exercice de ce métier. La procédure n’a, selon lui, pas été respectée dans le traitement de l’information dans l’affaire Bet365. Il a reconnu toutefois que la lettre portant le sceau de l’Attorney General semblait compromettante, à première vue. Il dit ne pas avoir l’impression que l’on ait respecté ces efforts de vérification. Ce qui fait qu’on s’est, selon lui, engouffré dans une affaire en se fiant à la version d’une seule personne et qu’on refuse aujourd’hui de faire marche arrière. « Il y a des égos qui sont en jeu », a-t-il ajouté.

Lindsay Rivière a, lui aussi, affirmé que nous nous retrouvons aujourd’hui dans une ère de journalisme d’investigation. Ce qui est très intéressant, selon lui. Ce genre journalistique, a-t-il ajouté, demande de respecter des conditions bien précises. « Le double check, le triple check. Il faut donc avoir un devoir de vigilance. Et il faut aussi que cette nouvelle forme de journalisme soit bien encadrée », a-t-il expliqué. Faisant référence à sa carrière de journaliste, Lindsay Rivière a expliqué qu’il demandait toujours à être convaincu, tout en gardant son calme.

Whistleblower

Revenant sur l’affaire Bet365, Lindsay Rivière s’est dit choqué de toute la précipitation qu’il y a eu à publier le sujet. « L’affaire s’est développée un dimanche et a paru dans la presse dès lundi », a-t-il dit.  « Je m’inquiète de cette précipitation permanente dans la presse, où il faut break the news. Avoir des scoops. Cela pervertit la presse. Même Radio-Plus est en train de sombrer dans le sensationnalisme », a-t-il lâché.

Commentant la relation que devait entretenir un journaliste avec un whistleblower, Rabin Bhujun a déclaré que ce n’était pas le rôle d’un journaliste de drafter un affidavit. Il a aussi commenté l’empressement qu’il y a eu à publier l’affaire Bet365. « Enn linformasyon vinn kot ou dimans, landemin brek », a-t-il ajouté. Cela pouvait, selon lui, avoir des conséquences terribles. Rabin Bhujun, qui s’est souvenu de l’affaire du défunt frère Lourdes, a affirmé que ce dernier a été victime de dénonciations calomnieuses. « Cela a fait du tort au frère Lourdes. C’est irréparable, même si les allégations sont tombées par la suite », a-t-il poursuivi.

L’émission Au cœur de l’info a aussi été marquée par l’intervention d’Henri Marimootoo, journaliste à Week-End, et de Raj Meetarbhan, ancien rédacteur en chef du journal l’express.

Henri Marimootoo a fait ressortir que même s’il avait des réserves sur certaines pratiques autour du traitement de l’information dans l’affaire Bet365, il y avait pour lui un fait indéniable concernant la lettre portant le sceau de l’Attorney General. Raj Meetarbhan a, quant à lui, axé son intervention sur le fait que les valeurs de l’éthique étaient en train de disparaître dans la presse mauricienne. « C’est en mettant l’éthique au centre de nos préoccupations que l’on pourra aller vers de meilleures pratiques », a-t-il déclaré.

 

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