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L’isolement de l’ex-ministre des Affaires étrangères

Vishnu Lutchmeenaraidoo

Il était pressenti pour être l’architecte du second miracle économique, en tandem avec sir Anerood Jugnauth. Sauf que Vishnu Lutchmeenaraidoo peine à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé lorsqu’il accède au poste de ministre des Finances en décembre 2014.

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25 janvier 2015. Vishnu Lutchmeenaraidoo annonce : « D’ici dix ans, nous pensons que la nouvelle ville de Highlands, qui est en construction, abritera le centre administratif. Le Parlement, la Cour suprême, le Conseil des ministres et les ministères iront tous à Highlands… »

Or, le 4 septembre, le Conseil des ministres annonce que Roshi Bhadain « présidera un Steering Committee pour gérer et s’assurer de la réalisation du projet de Highlands ». Le camp Lutchmeenaraidoo prend un premier camouflet.

Un mois plus tard, le Cabinet met sur pied un comité présidé par Vishnu Lutchmeenaraidoo pour gérer la Highlands Administrative City. Cependant, le 9 octobre, le Conseil des ministres décide de confier une partie des terres du projet Highlands (soit 336 arpents) à Roshi Bhadain pour y bâtir Heritage City, qui comprendra notamment le nouveau centre administratif. C’est la mise à mort du projet de Vishnu Lutchmeenaraidoo.

Autre camouflet : le démantèlement du groupe BAI. Alors qu’au début Vishnu Lutchmeenaraidoo prenait les choses en main, c’est Roshi Bhadain qui se fait davantage entendre à ce sujet.

En ce qui concerne le port, Vishnu Lutchmeenaraidoo avait l’intention de l’agrandir et l’étendre « de Riche-Terre à Pointe-aux-Sables ». On n’en entendra plus parler. Donc, sa pique sur l’agrandissement du port n’était pas anodine.

Autre grand projet : la Smart City de Pailles. Il s’agit d’un partenariat entre la State Investment Corporation, dont l’Officer-in-Charge est alors Rita Virasamy (sœur de Vishnu Lutchmeenaraidoo) et la société chinoise Yihai. Cet ambitieux projet devait transformer Le Domaine Les Pailles grâce à des investissements de plusieurs milliards de roupies.

Toutefois, le projet fera l’objet d’une enquête du ministère de la Bonne gouvernance. Après avoir compilé le dossier, Roshi Bhadain le présente au Conseil des ministres lors d’une réunion spéciale, le mercredi 2 mars 2016, en l’absence de Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui est malade. Le Cabinet décide alors d’envoyer le dossier à l’Independent Commission against Corruption (Icac) pour qu’une enquête soit menée. L’ancien ministre des Affaires étrangères sera blanchi par la suite. Jusqu’à présent, le chantier de cette Smart City n’est pas ouvert. Le malaise entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et le gouvernement est déjà papable.

«Surmenage»

Les choses empireront moins d’une semaine plus tard, quand éclate l’affaire Euro Loan. Vishnu Lutchmeenaraidoo a bénéficié d’un emprunt de 1,1 million d’euros (soit environ Rs 43 millions) de la State Bank of Mauritius alors qu’il est ministre des Finances.
Un an plus tard, soit en mars 2017, le Directeur des poursuites publiques décide, après l’enquête de l’Icac, de ne pas poursuivre Vishnu Lutchmeenaraidoo dans le cadre de cette polémique.

Quand l’affaire éclate, Vishnu Lutchmeenaraidoo est souffrant et il ne peut assister au Conseil des ministres. Alors qu’il a l’intention de démissionner à la mi-mars – officiellement pour cause de maladie –, Pravind Jugnauth l’en dissuadera.

Le lundi 14 mars 2016, Vishnu Lutchmeenaraidoo accepte une mutation au ministère des Affaires étrangères après un commun accord avec sir Anerood Jugnauth, alors Premier ministre. La raison officielle évoquée : le surmenage.

Dès sa nomination aux Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo se fera discret, refusant toute interview et tenant peu de conférences de presse.

Il ne sera pas non plus des grands déplacements sur les dossiers le concernant. Il ne fera pas partie de la délégation en visite officielle avec Pravind Jugnauth en Inde en février dernier.

En septembre 2018, quand le ministre mentor défend le dossier Chagos devant la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, aux Pays-Bas, Vishnu Lutchmeenaraidoo est absent. Le 25 février 2019, quand le verdict tombe, ce n’est pas le ministre des Affaires étrangères qui est présent à la CIJ mais l’Attorney General Maneesh Gobin.

 

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