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Lutte contre la misère : à 28 ans, Devon Davy souhaite devenir athlète professionnel

La maison de Devon La maison de Devon

La motivation de Devon Davy n’a pas de limites. Ce jeune homme est un exemple de persévérance. Malgré les obstacles de la vie, il ne baisse pas les bras. Au contraire, il rêve, encore et toujours, d’aller plus loin. Aujourd’hui son rêve : s’entraîner à l’étranger et y travailler pour sortir de la misère. Rencontre

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Vendredi 9 février. Il est 15 heures. Il pleut des cordes dans la région Ouest. Nous sommes à La-Gaulette. Nous avons rendez-vous avec Devon Davy. Le jeune homme de 28 ans habite sur les terres de l’État avec d’autres squatters. On accède difficilement à sa maison car le sentier qui nous y mène est devenu quasi impraticable à cause des averses.

Devon est un exemple de persévérance.

Devon vient à notre rencontre, souriant et content de partager avec nous son histoire. Il habite une bicoque en tôle composée d’une seule pièce dans laquelle il y a un lit, une table et quelques ustensiles de cuisine. Cela fait huit mois qu’il y habite. Il nous explique avoir construit des toilettes un peu plus loin pour ne pas être incommodé par l’odeur.

Autour de nous, la situation est semblable pour les autres squatters. Hommes et femmes essaient tant bien que mal de réparer les toitures pour éviter de subir les caprices de Dame Nature tandis que les enfants jouent à l’extérieur... dans la boue.

Devon regarde lui aussi autour de lui et balance : « Je veux les aider. Je veux aider ces enfants. » Il nous raconte avoir connu une enfance très difficile. « J’habitais avec ma mère, puis j’ai été placé dans un shelter. Cependant, à l’âge de 18 ans, je suis retourné chez elle, mais je ne me sentais pas à ma place.» Il décide alors de se débrouiller seul. Une décision prise à la va-vite qu’il a souvent regrettée. « Je me disais que ce ne serait pas trop difficile d’avoir un emploi et une maison, mais je me suis trompé. Je n’avais pas de certificat et personne n’était prêt à m’offrir un travail avec logement. J’ai vécu au jour le jour avant d’entendre parler de l’association Amour et Espoir de Coteau-Raffin. Là-bas, on m’a ouvert la porte et on m’a aidé jusqu’à ce que je puisse construire cette maisonnette en tôle. Comme les autres, je souhaite que le gouvernement m’aide à avoir un logement décent pour que je ne reste pas un sans-abri toute ma vie. »

Prendre son destin en main

Mais au lieu de garder espoir ou d’attendre qu’une aide lui tombe du ciel, Devon décide de prendre son destin en main. « J’ai travaillé ici et là, puis un ami m’a présenté à M. Christopher Brick qui est devenu mon patron. Aujourd’hui, je suis employé comme jardinier.» D’ailleurs, c’est un métier qui lui plaît bien. « J’aime la nature et les plantes. Comme j’habite seul, j’ai parfois besoin de mettre de l’ordre dans ma tête et je le fais souvent entouré d’arbres et de plantes. Ils ont une vie. Ils bougent et respirent, sont là, mais ne me jugent pas. »

Amoureux de sport depuis sa tendre enfance, Devon décide un jour de se donner une chance. « Je me rendais souvent au stade de Bambous pour voir les jeunes s’entraîner. Puis un jour, j’ai décidé d’approcher un coach. Je lui ai dit que je souhaitais m’entraîner et je lui ai demandé des conseils. Il a accepté de m’aider. Je remercie le coach Guyano pour ses conseils. C’est ainsi que je suis devenu athlète d’endurance. » Aujourd’hui, il participe régulièrement à la Ligue de cross et au marathon. « J’aime les courses de fond et de demi-fond. » Après trois ans, il vient d’intégrer il y a trois mois, un club de Chemin-Grenier sous la houlette du coach Bertin. Depuis, Devon s’entraîne deux à trois fois par jour. « Le coach me donne un programme à suivre. Parfois, je cours jusqu’à Chemin-Grenier pour le rencontrer, d’autres fois je m’entraîne seul. »

Pour s’entraîner seul, il faut beaucoup de motivation. Et le jeune homme en a. Il est convaincu que le sport l’aidera à sortir de la pauvreté. « Mon patron m’aide pour les équipements, car il sait que j’aime vraiment ça. De plus, je veux montrer que les jeunes qui ne sont pas doués pour les études ne sont pas des bons à rien. Je veux que les gens arrêtent de dire que les squatters ne sont que des ‘bater bis’. Dans chacune de ces maisons que vous voyez à côté de la mienne, il y a une histoire, une histoire triste, des gens malheureux qui ont envie d’un lendemain meilleur. »

Devon veut aujourd’hui passer pro et souhaite devenir athlète professionnel à l’étranger. « J’ai essayé de m’en sortir ici. J’ai essayé de me battre. J’ai fait du progrès, mais je ne suis pas sûr de pouvoir un jour combattre la misère. Vous direz ce que vous voudrez, mais quand on est pauvre et sans éducation, on ne va pas bien loin. C’est pour cela que je souhaite me rendre à l’étranger. Je souhaite y travailler, m’entraîner et économiser pour revenir à Maurice et aspirer à des lendemain meilleurs. Malheureusement je ne sais pas comment faire et j’aimerais que quelqu’un m’aide. »

Entre-temps, il souhaite véhiculer un message d’amour et de positivité aux autres jeunes qui sont victimes de la pauvreté et les encadrer de manière bénévole dans le domaine sportif. Le jeune homme est joignable sur le 5 737 9855.

 

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