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Maha Shivratree : une grande nuit de prières et de dévotion

Après le pèlerinage au lac sacré de Grand-Bassin, place maintenant à la grande nuit de Shiva, ce vendredi soir 24 février. Nos compatriotes de foi hindoue lui dédieront une nuit entière de prières pour attirer ses faveurs. Celles-ci se termineront au lever du jour.

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Février correspond à un mois sacré pour les hindous : celui du phalgun dédié à Shiva, le dieu le plus vénéré du panthéon hindou. Ainsi, depuis le 11 février, les dévots observent le jeûne afin de se préparer à la grande nuit de Shiva.

« Cette prière demande une préparation. Pendant pratiquement 13 jours, les hindous observent le jeûne, qui exclut tout aliment carné. Nous optons pour un régime végétarien, parce qu’on ne peut prétendre prier Shiva pendant le mois qui lui est dédié en ôtant la vie à un animal pour se nourrir », explique le pandit Sanjay Sonahee, de Grand-Bois.

Une fois ce régime strict observé et après le pèlerinage au Grand-Bassin pour recueillir l’eau sacrée issue du Gange en Inde, la grande nuit de prière peut enfin commencer. « D’ordinaire, la prière débute à 18 heures. Chaque séance, qu’on appelle pahar, est d’une durée de trois heures. Et pendant la nuit, il y en aura quatre », fait ressortir le religieux. Ainsi, à chaque intervalle, des intentions de prières spécifiques sont adressées au dieu Shiva.

« Pendant la première tranche, nous l’invoquons afin qu’il nous envoie sa prospérité. Puis, dans la deuxième partie, nous lui demandons de nous aider à approfondir notre foi. À la troisième séance, nous le supplions d’exaucer tous nos souhaits les plus chers. Enfin, à la quatrième et dernière partie, nous demandons à Shiva de nous libérer de nos problèmes de la vie de tous les jours », explique le pandit.

Pour ce faire, les dévots offrent à la divinité 108 feuilles de belpatra, un arbre qui produit le fruit préféré de Shiva. « Nous lui offrons les feuilles de cet arbre afin qu’il rachète toutes les fautes commises en paroles, pensées et en actions. » Cependant, le plus important au cours de cette prière, c’est le déversement de l’eau ramenée du Grand-Bassin sur le shivling. « C’est la représentation même de Shiva. C’est d’ailleurs lui qui l’a créé. »

Ainsi, en arrosant le shivling avec de l’eau, les dévots saluent son sacrifice d’avoir avalé du poison afin de sauver le monde. « Pendant toute la soirée, l’eau et le lait sont également versés sur le shivling afin de soulager la souffrance de Shiva en commettant cette action héroïque », souligne le pandit Sonahee.

Symbolisme

Maha Shivratree signifie la grande nuit de Shiva, explique le pandit Umakant Deepchand. Il ajoute que, chaque mois, le Masik Shivratree est observé. « Mais le Maha Shivratree n’est célébré qu’une seule fois par an. Cela explique donc toute la ferveur autour de cette fête religieuse », soutient le pandit.

Trois à quatre jours avant le Maha Shivratree, les pèlerins convergent vers le lac sacré du Grand-Bassin. Certains sont munis de kanwar. Les dévots vont ainsi recueillir l’eau sacrée du Ganga Talao. Elle sera utilisée pour la séance de prières de ce vendredi 24 février. En effet, les Mauriciens se lèveront tôt et se rendront au shivala (temple) de leur localité. Le prêtre va ensuite procéder à un rituel et l’eau sera versée sur le shivling. Cette pierre cylindrique est le symbole de Shiva.

« Dans la mythologie hindoue, les dieux et les démons étaient à la recherche du nectar de l’immortalité. Pour s’en procurer, ils rivalisaient pour baratter l’océan du lait ou Kshir Sagar. Toutefois, c’était le poison qui émergea de l’océan et menaça de détruire l’humanité. Pour éviter cette catastrophe, Shiva, suite à l’appel de détresse du dieu Vishnu, but le poison. Il le garda toutefois dans sa gorge. Shiva devint ainsi Neelkanth, celui qui a la gorge bleue », explique le pandit Umakant Deepchand.

Le jeûne : une purification du corps

Le jeûne suivant le Maha Shivratree est particulier. Pendant 40 jours, ceux qui porteront le kanwar se sont abstenus de manger de la viande. Les plats végétariens ont prédominé durant ces dernières semaines. Cela est également le cas pour toute la communauté hindoue qui entame le jeûne pendant dix jours avant la grande nuit de Shiva. « Mais il n’y a pas que les viandes qui sont coupées de l’alimentation. La préparation des mets est revue.

En effet, les plats sont préparés sans oignon, ail et piment », explique Kevin Thamdan de Lemon Taste, qui est connu pour son sept curry et ses ti puri. Et, pendant ces quelques jours de jeûne, les familles vont privilégier les recettes traditionnelles. « Il s’agit, en fait, des plats peu communs, tels le kitiri, le dhal pita et une variété de légumes sont au menu », fait comprendre le restaurateur.

Et après la grande nuit de Shiva, certains dévots continuent le jeûne et certains ne mangent rien. D’autres consomment uniquement du sucré. Finalement, pour rompre le jeûne, les familles hindoues sont nombreuses à opter pour le traditionnel curry de poisson à l’aubergine. « Il est accompagné de riz et de dholl », conclut notre interlocuteur.


Zeness Laperouge Association privilégie les petits ‘kanwar’

Il effectue le pèlerinage vers le Ganga Talao depuis près de 20 ans. Ashley Seenuth, président de Zeness Laperouge Association d’Eau-Coulée, y était mercredi et jeudi avec les membres de l’association. Cette année, ils ont conçu 64 petits kanwar pour ne pas obstruer la circulation. « Ce vendredi, nous irons au temple pour verser l’eau recueillie sur le shivling. De 18 heures à 21 heures, nous assisterons à la première séance des Chaar Pahar ki Pooja. La soirée se clôturera avec les représentations de tandava, danse de Shiva, à travers le pays. Les prestations sont présentées par les membres de l’association », explique-t-il.

 

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