Economie

Maurice face au triple choc du dollar, euro et du pétrole

L’environnement financier international devient de plus en plus difficile. Dans sa forme actuelle, il comporte trois risques majeurs pour l’économie mauricienne. La dernière complication en date vient de l’Europe, notre principale source de revenus, suite au vote défavorable des Italiens sur une réforme constitutionnelle.

Publicité

L a monnaie unique de l’Union européenne a pris la pente après l’annonce des résultats du vote en Italie. Ce sont six électeurs sur 10 qui ont rejeté la proposition du Premier ministre Matteo Renzi de limiter les pouvoirs du sénat italien. Matteo Renzi a entretemps démissionné. Et cela a attisé des craintes de nouvelles secousses financières au sein de l’Union européenne.

Entre vendredi 2 décembre et ce lundi 5 décembre, l’euro s’est déprécié de quelque 1,1% par rapport à la roupie. Selon les données disponibles sur le site de la Banque de Maurice, l’euro est passé à Rs 37.38 (transfert télégraphique entrant). Et le groupe MCB affirme que l’euro a chuté à son niveau le plus en bas en une semaine vis-à-vis de la roupie.

Pour l’économie mauricienne, une baisse de la valeur de l’euro a une incidence directe sur les revenus du pays car l’Europe est le principal pourvoyeur de touristes vers Maurice. De janvier à octobre, le nombre de visiteurs européens (incluant ceux de la Grande-Bretagne) a atteint 573 576 – ce qui représente environ 57% du nombre total de touristes. Qui plus est, l’Europe est le premier marché pour nos exportations, dont la valeur a été de Rs 27,4 milliards. Le principal choc porte sur les produits pétroliers. En premier, le cours du baril a pris l’ascenseur après l’annonce de l’Organisations des Pays Exportateurs de Pétrole visant à réduire leur production quotidienne de 1,2 millions de barils à partir de janvier 2017. Le Petroleum Pricing Committee, à sa réunion du 2 décembre, a certes maintenu le prix à la pompe de l’essence et du diesel. Mais le directeur-général de la State Trading Corporation, Rajanah Dhaliah, a affirmé la semaine dernière: « C’est clair que la tendance à la hausse sur le marché mondial se maintient. Et le prix actuel ne pourra être maintenu éternellement. »

Le deuxième choc est sur le plan des devises, avec une appréciation du dollar. Les marchés anticipent une décision de la Réserve Fédérale des états-Unis pour augmenter le taux d’intérêts lors de la prochaine réunion, ce mois-ci. Maurice est un importateur net de nourriture et de produits pétroliers, libellés majoritairement en dollars. Toute hausse résulte en une facture plus lourde à l’importation pour Maurice.


Analyse - Dhanesh Maraye: «L’heure des réformes structurelles»

Expert financier et partenaire chez Bean Tree Capital, Dhanesh Maraye estime que le pays devrait enclencher un processus de réformes au sein de l’économie, avec la participation du gouvernement et du secteur privé.

Il explique: « La conjoncture internationale est certes difficile.En Europe, nous avons le Brexit. Maintenant, c’est au tour de l’Italie. Aux états - Unis, il y a changement de politique économique à venir, où, potentiellement, il y aura plus du protectionnisme. C’est sûr qu’il aura des secousses à Maurice. Au cours des prochains deux ou trois ans, il y aura beaucoup d’incertitudes. On doit être précis sur la voie que nous voulons emprunter. Cette précision dans les décisions et actions doit venir du gouvernement qui met en place l’environnement propice pour des activités économiques accrues et surtout du secteur privé, qui est le principal acteur de l’économie mauricienne. Il est important que des reformes structurelles soient apportées dans notre économie et assurer qu’on se focalise sur l’exportation de services à haute valeur ajoutée dans des secteurs tels que la finance, l’informatique et l’industrie créative, et surtout la technologie. »

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !