Economie

Maurice sur la carte des risques

La plupart des analystes sont préoccupés par la montée du risque social, du risque politique et du risque financier, qui est susceptible d’entraver l'activité économique.

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1. Quel est votre sentiment sur la paix sociale à Maurice ?

Une paix sociale précaire

La très grande majorité des sondés disent être préoccupés, voire inquiets, par la fragilité actuelle de la paix sociale à Maurice. Cela s’explique par « the problem of high unemployment, drugs, crimes and robberies ». En effet, « despair and drugs are taking their toll on the young ones ». Pour couronner le tout, « the inaction of the police force and of the Prime Minister following the recent mishap by the Vice Prime Minister puts a doubt as to whether the rule of law still exists here ». Même ceux qui affichent la sérénité observent « a growing resentment against those who are rich and successful », et ils admettent que « this can flare up quickly if politicians are not careful on their actions ».

2. Selon vous, le risque politique à Maurice est actuellement...

Le risque politique n’est plus faible

Avant que l’affaire MedPoint ne soit référée devant le Privy Council, l’agence de notation Fitch avait écrit que « political risk will rise in Mauritius as the opposition disputes Prime Minister’s resignation in favour of his son, despite the accession being constitutionally legitimate ». Si un analyste sur deux trouve que le risque politique demeure modéré, 27 % des répondants le voient élevé, ce qui pourrait gêner l’activité économique. Pour cause, « if the Privy Council finds the son guilty of conflict of interest, there would be a major political upheaval as the father would no longer be able to step in ». Même si « we factor out the MedPoint case, the lack of leadership of the Prime Minister has been exposed with various scandals, and the fear of stepping on the toes of close collaborators underlines the weakness of the PM ».

3. Quelle variation sur l’emploi dans l’ensemble de l’économie aura la concrétisation du Metro Express ?

CRÉATION nette d’emplois 47%
PERTE nette d’emplois 27%
Aucune variation de l’emploi 27%

Plus d’emplois créés que détruits

S’il est réalisé jusqu’au bout, le projet Metro Express aura des répercussions sur l’ensemble de l’économie, pas seulement sur le secteur du transport. Des emplois seront détruits, d’autres créés, mais au final il y aura une création nette d’emplois, selon 47% des personnes interrogées. C’est que « we normally expect development of new activities around the stations, which should hopefully create employment in the medium term ». Toujours est-il que « the extent will not be significant » et que « the employment level will be affected only marginally ». Car « there will only be a shift of workers from the bus industry to the Metro », et « construction contractors will not recruit massively but redeploy their current idle workforce as metro stations are just shells, steps and platforms ».

4. Comment qualifiez-vous l'engagement du gouvernement à poser les fondations de l’économie océanique ?

Engagement FORT ET RAPIDE 7%
Engagement ASSEZ LENT 47%
Engagement TROP TIMIDE 47%

Rien que des discours sur l’économie océanique

Une récente étude de la Banque mondiale affirme que « doubling the GDP share of the Ocean Economy is possible, but achieving such target is likely to take at least 15-18 years ». Pour 93 % des sondés, l’engagement du gouvernement à créer ce nouveau secteur qu’est l’économie océanique semble assez lent, voire trop timide. Au lieu de trouver des expertises, « the government is only working on the public relations aspect of the project », mais ce n’est que « loose talk ». Comme « no bold decision has been taken yet », il s’avère que « very little progress has been done so far ». Entre-temps, « the party in power is jockeying for its own people, and no serious investor will invest if there is uncertainty ».

5. Le développement de l’aquaculture représente-t-il une menace pour le tourisme ?

L’aquaculture compatible avec le tourisme

Au contraire de ce que pense l’Association des hôteliers (AHRIM), sept analystes sur dix sont d’avis que le développement de l’aquaculture ne représente pas une menace pour notre secteur touristique. Pour un banquier, « it seems things are being blown out of all proportions by some lobbies ». Certes, « this activity should be confined to a particular region of our coastal line, not like a noose around our coastal line. The value added of a new activity should be gauged comparatively with a heat map of risks. » Mais, « if done properly, aquaculture can ‘cohabit’ with tourism ». Sinon, « it has been observed in Norway that aquaculture has a negative long term effect on coral and sea weeds production, and thus it indirectly affects the tourism industry ».

6. Selon vous, le ratio des crédits improductifs, qui était de 6,8 % en décembre 2016, sera en décembre 2017…

PLUS élevé 57%
MOINS élevé 3%
PAREIL 40%

Les risques de crédit en hausse 

La Banque de Maurice écrit que « the level of Non-Performing Loans in the banking sector continued its upward trend, indicating a deterioration in asset quality and enhanced credit risks ». De 6,4 % en décembre 2015, le ratio des crédits improductifs dépassera 6,8 % à décembre prochain, selon 57 % des sondés. D’ailleurs, « an impaired credit ratio can only get worse in a static or stagnant economy ». Une autre raison est que « the rules are very stringent ». Un banquier fait ressortir que « credit has slowed down, there will be more NPLs coming through, and as a result the ratio will deteriorate ». Mais « although NPLs have increased, we have not noticed a major trend in appointment of receiver managers », tempère un expert-comptable, qui précise que « a non performing loan does not mean recovery of loan will be poor ».

7. Quel niveau du Semdex prévoyez-vous d’ici à fin décembre 2017 ?

Au-dessus de 2 200 points 47%
Entre 2 000 et 2 200 points 47%
En dessous de 2 000 points 7%

Les actions plus rentables que les obligations

Le Semdex est repassé au-dessus des 2 000 points le 20 avril 2017 pour atteindre son plus haut niveau de 2 211 points le 28 juillet avant de perdre 25 points pour clôturer la semaine écoulée à 2 186 points. Pour 93 % des répondants, l’indice boursier ne redescendra pas sous les 2 000 points d’ici à la fin de l’année, en dépit de la proximité d’une élection partielle. La hausse du marché boursier « may be due to falling bond yields », puisque « many large companies have been refinancing debt via issue of corporate bonds », avec pour résultat que « a bubble in the corporate bond market is brewing ». Même si « there are many stocks trading below Net Asset Value », il demeure que « the market can only be doped by foreign investors, and when they disinvest the price goes down. The issue is that the market is not liquid enough. »

8. Quelle orientation du Repo Rate prévoyez-vous à la prochaine réunion du comité de politique monétaire ?

À quoi sert le taux directeur ?

Le comité de politique monétaire se réunira le mercredi 6 septembre. En dépit de la deuxième hausse consécutive des prix du carburant, 93 % des sondés envisagent un maintien du taux directeur. Ils estiment que « the economy cannot afford an increase in interest rates », d’autant qu’avec un dollar qui affaiblit, « inflation remains at an acceptable level for the time being ». De toute façon, « monetary policy has been inexistent of late ». En d’autres mots, « the Repo Rate has not worked and is irrelevant. Interbank and Treasury Bill rates are well below the Repo Rate. The transmission mechanism itself is poor. » C’est dire que « the policy rate has limited impact », ce qui fait que « the Bank of Mauritius does not control the yield curve by this Repo Rate ».

Enquête d’opinion réalisée par PluriConseil du 7 au 9 août 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 30 analystes économiques et financiers.

 

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