Interview

Nasser Moraby : «Les grandes surfaces représentent 25 % à 30 % du marché du pain»

Nasser Moraby Nasser Moraby, président de l’Association des propriétaires des boulangeries

Le comité exécutif de l’Association des propriétaires des boulangeries se réunira la semaine  prochaine pour décider si une éventuelle hausse du prix du pain serait justifiée. C’est ce qu’indique le président Nasser Moraby. Ce dernier évoque aussi des problèmes auxquels font face les boulangers.

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Depuis la semaine dernière, le prix du carburant a augmenté de 10 %. Dans quelle mesure, cette augmentation affectera-t-elle les boulangers? 
Toute hausse est un coup dur pour les producteurs. Cette hausse de 10% sur le prix de carburant représente une hausse dans le coût de la production. En  moyenne, nous utilisons 5 à 6  litres de carburant pour un chariot de pain (un chariot peut contenir entre 600 et 750 ‘pains maison’ dépendant de la grandeur). Par ailleurs, nous n’utilisons pas des produits pétroliers uniquement pour la fabrication du pain, mais aussi pour la distribution.

Dans ce cas, comptez-vous réclamer une hausse de prix du pain? 
Une réunion des membres de notre comité exécutif était prévue cette semaine-ci pour évaluer les coûts, mais avec Maha Shivratree qui approche, nous l’avons renvoyée à la semaine prochaine. Nous allons étudier les coûts des commodités qui ont grimpé ces derniers mois. Il n’y a pas que le prix du carburant qui a augmenté. La levure, l’électricité, les loyers et la main-d’œuvre ont aussi connu une hausse. Nous allons donc examiner l’impact de toutes ces augmentations sur notre coût de production. Si le besoin se fait sentir, nous allons demander une hausse du prix du pain. Actuellement, un ‘pain maison’ se vend à Rs 2,70. Ce n’est qu’après la réunion du comité qu’on pourra définir le quantum.

Et pourquoi le prix du pain ne baisse-t-il pas quand celui du carburant baisse ?
Il y a certes eu une baisse du prix du carburant à deux reprises. Mais durant cette même période, le prix d’autres intrants a pris l’ascenseur. Aussi, le dollar ne cessait de s’apprécier vis-à-vis de la roupie mauricienne. De ce fait, nous n’avions pu bénéficier de la baisse du prix de carburant.

Comment se porte le secteur actuellement ?
Le secteur a considérablement évolué depuis ces 20 dernières années. Si en 1990, il y avait 89  boulangeries, aujourd’hui le pays en compte 202, avec une bonne partie dans les grandes surfaces. Depuis leur arrivée, les ventes ont considérablement diminué. Les consommateurs cherchent  aujourd’hui un ‘One-Stop Shop’ pour faire leurs achats. Jusqu’à présent, les grandes surfaces ont pu conquérir entre 25 % et 30 % du marché du pain. Ne pouvant faire face à  cette concurrence, de nombreuses boulangeries ont dû fermer leurs portes. Aussi longtemps que les supermarchés et les hypermarchés vendront du pain, des boulangeries fermeront leurs portes.

Quels sont les autres défis des boulangers ?
Le plus  gros défi est le manque de main-d’œuvre. Les Mauriciens ne veulent plus travailler dans le secteur de la boulangerie. Même pour un salaire attrayant, entre Rs 600 et
Rs 800 pour neuf heures de travail, ils ne sont pas intéressés. D’ailleurs, 90% des employés dans le secteur sont des étrangers, avec une majorité de Bangladeshis. Nous recommandons plus de souplesse et de flexibilité sur l’importation de  la main-d’œuvre étrangère. Nous sommes un service essentiel et travaillons 7 sur 7.

 

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