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Perspectives régionales : Zimbabwe, terre d’opportunités pour les entreprises mauriciennes

Zimbabwe Le tabac est l’une des principales cultures du Zimbabwe.

À partir du vendredi 24 novembre, l’ombre dictatorial de Robert Mugabe sur le Zimbabwe fait partie du passé. Le riche pays en ressources et capital humain sera à nouveau en quête de partenaires économiques pour relancer le développement. Pour Maurice, ce pays ne cache aucun secret sur le potentiel.

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«Nous devons œuvrer pour nous rapprocher et renouer aussi vite que possible avec des organismes dans ce pays. Enterprise Mauritius devrait décider d’une mission de promotion commerciale dès maintenant. Parce qu’il n’y a pas que nous. Depuis la nouvelle du départ de Robert Mugabe, des pays et instances sont en train de revoir leur position par rapport au Zimbabwe », affirme Raju Jaddoo, secrétaire-général de la Mauritius Chamber of Commerce and Industrie (MCCI). « Au niveau de la MCCI, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux marchés pour des affaires.»

Le Zimbabwe compte un nouveau président. Emmerson Mnangagwa a prêté serment vendredi 24 novembre à Harare, la capitale. Connu comme le Crocodile, il démarre son mandat dos au mur. Avec un taux de chômage estimé à 90 %, une grave pénurie de monnaie, et des attentes d’un peuple soulagé de voir partir Robert Mugabe, il est obligé de changer les politiques économiques nationalistes pour des plans faisant la part belle aux investissements étrangers.

Agir vite en prenant les précautions d’usage est plus que nécessaire. Par exemple, l’Afrique du Sud, pays le plus industrialisé du continent et voisin du Zimbabwe, a déjà des entrées dans de multiples secteurs : les mines, la consommation et les services financiers.

Au niveau bancaire, par exemple, on note que le Nedbank a étendu son réseau en dépit des restrictions. Idem pour la Standard Chartered.

Selon Raju Jaddoo, Maurice devrait revoir sa présence directe et indirecte dans le pays. Parce que c’est quand même un pays plein de ressources. Sa population est lettrée. Des Zimbabwéens occupent des postes importants dans des institutions internationales. Ses ressources humaines sont tout aussi importantes. « C’est un espace géographique beaucoup plus propice. Si tout (est fait) dans la transparence, il n’y a aucune raison pour laquelle nous ne pourrions accroître nos échanges commerciaux », dit-il.

Agriculture

En sus d’une présence dans l’agriculture zimbabwéenne qui remonte à plus de 50 ans (la donne ayant changé suite à la politique nationaliste) et l’apport de Mauriciens dans l’enseignement, des entreprises locales ont exporté vers ce marché. Selon Amédée Darga, directeur de StraConsult, la valeur des exportations a chuté, passant de Rs 84 millions en 2014 à Rs 43 millions en 2016. « Mais si le Zimbabwe se reprend, Maurice tirera bénéfices tant sur l’exportation de produits que des services », a-t-il dit dans un récent entretien au Défi Quotidien.

Au-delà de cet enthousiasme pour trouver des opportunités d’affaires au Zimbabwe, il faut quand même savoir que le nouveau président a été le bras droit de Robert Mugabe pendant un demi-siècle incluant la guerre pour l’indépendance du pays et le règne de ce dernier. La séparation n’a été consommée seulement quand Robert Mugabe l’a écarté pour laisser la place à son épouse controversée, Grace Mugabe. D’ailleurs, des Zimbabwéens s’attendent à ce qu’Emmerson Mnangagwa ne continue pas avec la stratégie populiste qui a mis le pays à genoux. Qui plus est, valeur du jour, l’opposition ne fait pas partie du gouvernement. L’argument avancé est que c’es le Zanu-PF qui a remporté les récentes élections et la composition sera signe de continuité.

Cela étant dit, le Zimbabwe fait partie de blocs régionaux comme la Southern African Development Community, le Common Market for Eastern and Southern Africa, et l’Union africaine. Avec la démission de Robert Mugabe, c’est certain que ces institutions feront de leur mieux pour empêcher tout retour à l’ancienne formule. Parce que, tout comme Maurice, l’Afrique a beaucoup à gagner avec la nouvelle configuration politique…


Diplomatie économique : des retombées positives dans les négociations avec l’Europe

Accord de partenariat économique. C’est à travers ce mécanisme que l’Europe, notre principal partenaire économique, jette les bases pour des échanges commerciaux à l’avenir. Maurice se trouve dans un groupe de pays comprenant les États de l’océan Indien et le Zimbabwe est, à ce jour, le seul venant du continent. Le retour à la normale au Zimbabwe devrait donner une nouvelle impulsion dans l’élaboration de lignes directrices de l’accent et une nouvelle base dans les relations avec le Vieux Continent. « Le Zimbabwe est un partenaire important dans l’Economic Partnership Agreement (…) Nous ne pouvons pas sous-estimer la portée de ce pays dans ce contexte particulier », souligne Raju Jaddoo.

En chiffres…Un pays riche en métaux et terres fertiles

Pays enclavé avec le Mozambique, le Botswana, la Zambie et l’Afrique du Sud comme États-voisins, le Zimbabwe couvre une superficie de quelque 391 000 kilomètres carrés, soit 195 plus grand que notre île. Sa population est de 13,8 millions. En se basant sur les données du World Factbook de la Central Intelligence Agency des États-Unis, ce riche pays est à genoux. Riche parce que ses mines renferment diamant et platine et ses terres sont arables.

À genoux parce que le Zimbabwe est endetté. Sa Banque centrale, lasse d’imprimer des billets, a préféré l’usage du dollar américain, le rand sud-africain et le yuan comme monnaie dans le pays. Le Zimbabwe dépend en majeure partie des mines et de l’agriculture. De 1998 à 2008, l’économie a connu une décroissance accélérée. De 2010 à 2013, le pays a enregistré une expansion de plus de 10 ans avant de retomber dans ses travers d’avant. La croissance est passée 4 % en 2014 vers une contraction en 2016. Car les infrastructures sont défaillantes. Le climat a été défavorable à l’investissement.

La dette publique et externe s’est alourdie. Maintenant que la situation pourrait retourner à la normale, les agences internationales s’assureront que le pays rembourse plus de 1,7 milliard de dollars en premier. Et c’est là que des investissements étrangers seront les bienvenus…

 

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