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Emploi : une année de grands défis pour le monde du travail

Emploi Les travailleurs comptent faire entendre leur voix pour que leurs intérêts soient garantis.

Alors que les salariés se trouvant au plus bas de l'échelle seront mieux lotis avec l’introduction du salaire minimal et l'impôt négatif, des perturbations se profilent néanmoins à l'horizon dans le monde du travail en 2018. Tel est du moins l'avis des observateurs.

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« Les règlements sur la santé et la sécurité au travail devront être renforcés »

Les années se suivent  et  se ressemblent  dans le monde du travail.  Certes si sur le plan financier, les travailleurs, surtout ceux se trouvant au bas de l'échelle, verront leur pouvoir d'achat s'améliorer avec leur base salariale qui passera à Rs 8 140 mensuellement, ils comptent  toutefois faire entendre leur voix dans d'autres circonstances.

Pour, Dev Luchmun, consultant en relations industrielles et ancien conseiller au ministère du Travail, des Relations industrielles et de l'Emploi, les défis seront nombreux en 2018 et s'ils ne sont pas bien gérés, ils pourront provoquer des frictions dans les relations industrielles.

Les projets de loi

Dev Luchmun estime que l'un des plus gros défis sera les ajustements des salaires  tant dans les secteurs public que privé, pour corriger les perturbations  à l'échelle salariale, suivant l'introduction du salaire minimal.  Il souhaite que cela soit fait, si possible en janvier prochain.       

Pour Dev Luchmun, les autorités devront veiller à ce que des entreprises, surtout du secteur manufacturier, ne procèdent pas à un dégraissage de leur personnel, en évoquant des difficultés financières suivant l'introduction du salaire minimal.

L'expert en relations industrielles craint aussi de graves perturbations dans l'industrie du transport avec la mise en chantier du métro-léger. Il conseille aux autorités d'entamer au plus vite le dialogue avec les syndicats en vue de rassurer les travailleurs concernés sur leur avenir.    

Une autre sujet qui dominera le monde du travail en 2018 sera les amendements qui seront apportés à l'Employment Relations Act et à l'Employment Rights Act. Dev Lutchmun  constate que la présentation de l'ébauche de ces projets de loi a subi un retard considérable en prenant en considération le fait qu'elle avait été annoncée pour avril 2016. Il souhaite que ce document soit porté à la connaissance du public avant sa présentation au Parlement.

Pour Dev Luchmun, bien que ces projets de loi doivent prendre en considération les intérêts économiques, ils doivent aussi protéger les intérêts des travailleurs. À cet égard, il souhaite l'inclusion des clauses garantissant la sécurité d'emploi, une meilleure protection contre les licenciements, l'introduction d'un Portable Severance Allowance Fund pour assurer les intérêts des travailleurs en cas de licenciement.

Le consultant en relations industrielles lance aussi l'idée d'une meilleure formule pour le calcul du Severance Allowance pour les travailleurs du secteur privé, à l'âge de la retraite. Il trouve inconcevable le grand écart entre ce que touchent des fonctionnaires arrivés à l'âge de la retraite par rapport aux employés du secteur privé. Il propose ainsi des plans d'assurance obligatoire  pour les employés du secteur privé, sans pour autant que ces derniers traînent tout le fardeau financier.  

Boni de fin d'année    

Dev Luchmun trouve inacceptable que chaque année, des salariés doivent se battre pour avoir leur boni de fin d'année. Aussi, il suggère que les autorités proposent des règlements obligeant toute entreprise du privé à verser chaque mois une somme d'argent à un fonds pour s'assurer que les employés ont leur boni de fin d'année en décembre.    Et de souligner que l'inspectorat du Travail pourra faire des visites périodiques pour s'assurer que ces entreprises contribuent  effectivement à ce fonds.

Il est d'avis aussi que les règlements sur la santé et la sécurité au travail devront être renforcés en 2018. Il regrette que depuis 2015, aucun nouveau règlement n'ait été publié. Il  souhaite qu'une Warehouses & Storage (Safety & Health) Act, soit introduite pour protéger la santé et la sécurité de ceux qui travaillent dans les entrepôts.
Fonction publique

Dans la fonction publique, on attend aussi le salaire minimal. Les salaires des petits fonctionnaires passeront alors de Rs 7 800 à Rs 9 000, sans compter les réajustements pour corriger les déséquilibres des relativités salariales entre les différents grades.   Pour le président de la Fédération des syndicats du service public, Rashid Imrith, ces réajustements devront être faits dans le plus bref délai pour éviter des frustrations chez des fonctionnaires.   

Le démarrage des consultations en prévision du prochain rapport du PRB est un autre dossier à retenir dans la fonction publique en 2018. Ce rapport devait être prêt d'ici à octobre 2019 pour être appliqué en janvier 2020.    

Rashid Imrith déplore que le dialogue n'ait pas primé à la satisfaction des dirigeants syndicaux au sein de la fonction publique. Il souhaite que le ministre de tutelle, Eddy Boissézon, maintienne une ligne de communication permanente avec les syndicats dans l'intérêt même d'une bonne relation industrielle dans la fonction publique. Selon lui, ce dernier devrait s’inspirer du Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth qui, a-t-il dit, a privilégié le dialogue avec les syndicats sur la question du salaire minimal, la compensation salariale et l'épisode des Cleaners des écoles primaires.  Il veut que certains hauts responsables des organismes parapublics se ressaisissent en 2018 pour la bonne marche de ceux-ci.

Il a déclaré qu'il mènera it le combat en 2018, pour que le rapport Appanah sur la restructuration de la State Trading Corporation soit publié.

Le dilemme 

2018 s'annonce difficile pour les chauffeurs de taxi à la suite de la récente hausse du carburant. Pour le président de la Taxi Proprietors’ Union, Raffick Bahadoor, les chauffeurs se trouvent face à un dilemme. Augmenter  leur tarif, a-t-il dit, risque de réduire le peu de clients qui voyagent encore par taxi. Appliquer le statu quo signifierait rouler à perte. Il est d'avis que les subventions gouvernementales sur les carburants pour les chauffeurs de taxi n'est pas une solution viable. Il estime que le gouvernement pourra prendre certaines mesures pour venir en aide aux chauffeurs de taxi, notamment une révision à la baisse de la Road Tax, entre autres. Il a réclamé une table ronde avec le ministre des Infrastructures publiques et du Transport, Nando Bodha.

Zone Franche

L'année 2018 s'annonce aussi meilleure pour les employés de la zone franche. Leur salaire passera à Rs 9 000 avec l'introduction du salaire minimal. Selon le président de la Free Democratic Unions’ Federation, Désiré Guildhary,  cette hausse salariale n'affectera pas la profitabilité et la compétitivité des entreprises. Et d'affirmer que le patronat dépense plus pour les travailleurs étrangers, notamment pour le logement, la nourriture et autres. Il est d'avis qu'une revalorisation des conditions de travail incitera davantage de Mauriciens à prendre de l’emploi dans la zone franche.

 

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