Démission éphémère de deux heures : Paul Bérenger tente de sauver sa peau

Paul Bérenger

Pour tenter de mater l’aile du renouveau menée par le trio Steven Obeegadoo, Aadil Ameer Meea et Pradeep Jeeha, Paul Bérenger a démissionné comme leader du MMM. Avant de reprendre son poste à peine deux heures, après un vote au sein du comité central ! Selon un ancien ministre mauve, il s’agirait d’un stratagème pour « se refaire une virginité ».

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«Le MMM, c’est Paul Bérenger et Paul Bérenger, c’est le MMM. Il fait la pluie et le beau temps. Personne ne peut le contester. Somme toute, après lui le déluge. Ce militant historique est en train de plomber le parti », fulmine un ancien proche collaborateur de Paul Bérenger. Cet ancien ministre se dit très déçu par la tactique dilatoire adoptée par le leader du Mouvement militant mauricien (MMM) samedi.

Celui-ci a, selon l’ex-ministre, démissionné pour « jouer sur l’émotion » et « rechercher une nouvelle légitimité ». Pour plusieurs membres du MMM contactés par Le Dimanche/L’Hebdo, sans le savoir Paul Bérenger a confirmé qu’il était sur la défensive face à l’aile du renouveau. « En démissionnant, il n’a pas voulu faire face à une cruelle réalité. Celle de la montée en puissance d’un courant qui prône la rupture avec la tendance des défaites successives. Si le MMM va seul aux prochaines élections et que Paul se présente comme Premier ministre, ne serait-ce que pour une semaine, le MMM ne parviendra pas à faire élire un seul candidat », considère un ancien député mauve.

J’ai ressenti beaucoup de tristesse et du dégoût»

Un autre ancien ministre, presque en retrait de la politique, regrette, lui, que Paul Bérenger semble être devenu un poids lourd dans les négociations électorales. « Ni Pravind Jugnauth, ni Navin Ramgoolam ne veulent de lui au Conseil des ministres. Ils préfèrent le voir aller au Réduit », dit-il.

Les militants constituant le comité central ont débattu la motion de démission du poste de leader du MMM, présentée par Paul Bérenger lui-même. 63 d’entre eux ont voté pour que celui-ci conserve son poste. Neuf ont voté contre et six se sont abstenus lors du scrutin à bulletin secret.

Paul Bérenger a dénoncé les « hypocrites » au sein du parti. « Des remous secouent ces derniers temps le parti mauve. Et d’autres choses blessantes donnent l’impression que je m’accroche au leadership du MMM. Selon certaines allégations, j’aurais insisté pour qu’il y ait des élections au sein du bureau politique (BP) et du comité central, car je voudrais propulser ma fille en avant. Franchement, tout cela me dégoûte. Il n’y a pas eu de propositions, dans la mesure où je me suis retiré comme leader du MMM », a martelé Paul Bérenger lors du point de presse tenu à l’issue de la réunion du comité central, au Hennessy Park Hotel, samedi après-midi. 

Selon le leader mauve, la motion de démission devait être débattue le jeudi 15 février lors de la prochaine réunion du comité central. « Toutefois, il y a eu une proposition pour qu’elle soit passée au vote samedi. Ce qui a été fait », a-t-il indiqué. Il a dit avoir « souhaité des débats » autour de sa motion et voulu laisser le soin à « chacun de prendre ses responsabilités ».

Il s’est dit animé « par trois sentiments ». « J’ai ressenti beaucoup de tristesse et beaucoup de dégoût, car il y a de nombreux hypocrites, mais aussi beaucoup de colère », a-t-il dit. « Kan ti ena pou koze dan komite santral, personne n’a contesté mon leadership, mais cela ne s’est pas reflété lors du vote », a-t-il ajouté. « Le travail reprendra normalement, en attendant les élections d’un nouveau bureau politique. »

Concernant la motion de blâme contre Steven Obeegadoo, suite à une interview qu’il avait accordée à un hebdomadaire, Paul Bérenger a souligné qu’un membre du MMM avait proposé d’inscrire cet item à l’agenda du BP, « mais il l’a par la suite retirée », a précisé le leader mauve.

Celui-ci a apporté des précisions sur des articles parus le 5 février. L’un d’eux mentionnait une formule (politique) selon laquelle Paul Bérenger serait présenté comme futur Premier ministre durant trois ans et Madan Dulloo pour deux autres années. Et Paul Bérenger d’indiquer : « Ladite formule n’a pas encore été discutée au sein du BP, tout comme les détails pour les prochaines législatives ».

 

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