Live News

Opérationnelle depuis trois mois : pleins feux sur la Special Striking Team

L’avocat Shakeel Mohamed s’entretenant avec l’ASP Ashik Jagai aux Casernes centrales le vendredi 4 novembre, suivant l’arrestation de Bruneau Laurette.

Un peu plus de trois mois depuis la mise sur pied de la Police Headquarters Special Striking Team. Et le bilan est éloquent. Toutefois, cette unité, qualifiée d’élite, n’est pas épargnée par la controverse. 

Publicité

Si elle est souvent qualifiée d’unité ciblant les adversaires politiques du gouvernement, n’empêche que la Police Headquarters (PHQ) Special Striking Team a réalisé plusieurs gros coups. Mise sur pied par le commissaire Anil Kumar Dip le 3 août 2022, l’équipe menée par l’ASP Ashik Jagai est devenue, en peu de temps, l’unité phare des Casernes centrales. Sa mission : traquer les caïds de la drogue et autres criminels.

Son efficacité sur le terrain n’est plus à prouver. À son actif, d’importantes saisies de drogue ou encore l’arrestation de personnalités publiques pour délits de drogue, dont le couple Akil Bissessur-Doomila Moheeputh, et Bruneau Laurette. Ou encore l’interpellation du policier Jonathan Rabot et ses complices présumés dans l’affaire des 58 kilos de drogue.

« Avan ti Raddhoa, zordi Jagai »

drogue

Aux Casernes centrales, on évoque la crainte des trafiquants depuis la prise de fonction de l’ASP Jagai à la tête de la PHQ Special Striking Team. « Avan ti Raddhoa, zordi Jagai. Vagabon pe per… parey kouma avan kan tann Raddhoa zot tranble », avancent des hommes de terrain aux Casernes centrales. « Aster marsan ladrog pe per lekip Jagai ! »

La PHQ Special Striking Team opère différemment des autres unités de la police. La vingtaine d’officiers qui la composent travaillent à des odd hours. « Pena lanwit lizour… pena week-end, pena fami nanye. Nou tou nou res travay nirport ki moman kouma bizin », relate un sergent de l’équipe.

D’autres policiers concèdent que c’est un véritable défi de concilier vie professionnelle et vie familiale. « Ena gagn problem ar madam lakaz, akoz pass lanwit andeor dan travay… » s’amusent à dire certains.

On commente aussi les méthodes utilisées par les deux équipes de police, celle de Raddhoa et celle de Jagai. « Parey kouma ti pe kritik Raddhoa so manyer travay, la nou trouve kouma pe kritik Striking Team. Poz ou la kestion, a ki profit sa ? » relate un membre de l’équipe.

Critiques nombreuses

En effet, si la PHQ Special Striking Team fait figure d’unité d’élite aux Casernes centrales, les critiques sont nombreuses. L’équipe de l’ASP Ashik Jagai a notamment été montrée du doigt par des hommes de loi et fait, entre autres, l’objet d’allégations de « planting of drugs » ou d’« opérations piégées ».

Aux Casernes centrales, dans les locaux de la PHQ Special Striking Team, on s’en défend. « Dimoun vagabon koz tou seki zot le, nou fer case ek avoy dosie dan lakour, pa lor diskour camera / Facebook ou ankor lagazet », argue-t-on. 

Toujours est-il que les allégations de « planting of drugs » contre l’équipe de l’ASP Ashik Jagai ont commencé après l’arrestation d’Akil Bissessur, faisons-nous remarquer. « Kot nou pou gagn sa kantite ladrog-la pou fer ‘planting’ ? » nous rétorque-t-on.

Des membres de l’équipe d’élite des Casernes centrales parlent d’une machination mise en œuvre pour porter atteinte à leur intégrité. « Si gagn ladrog ar dimoun nou bizin aret li, si pa gagn kitsoz ilegal li lib. »

D’ailleurs, un sergent de la PHQ Special Striking Team affirme que la plupart des opérations demeurent infructueuses. Il fait comprendre que seules les opérations réussies sont médiatisées. « Defwa trafikan fini defalke, defwa informasion pa ekzak, pa gagn nanye… » confirment des membres de l’équipe. Ils mettent en avant les ruses des trafiquants, qui innovent dans leur façon de procéder. 

Ils tiennent à préciser, dans la foulée, que la PHQ Special Striking Team n’est l’adversaire d’aucune autre unité de la police. « Nou lekip pe travay pou kas lerin trafikan ek kriminel au mieux nou kapasite. »

ASP Ashik Jagai : «Mon expérience et celle de mes hommes sont payantes»

jagai

« Mon expérience et celle de mes hommes sont payantes. » Propos de l’ASP Ashik Jagai à Le Dimanche/L’Hebdo. L’homme fort de la PHQ Special Striking Team explique qu’il compte plus de 30 années d’expérience dans le domaine de l’antidrogue. Il salue aussi les membres de son équipe qui ont été choisis pour leurs expérience et expertise dans le domaine. 

En réponse à ses détracteurs, l’ASP Ashik Jagai explique que même avant la création de la PHQ Special Striking Team, il multipliait les opérations contre les trafiquants de drogue avec réussite. « Mo ti l’Adsu Rose-Hill, mo ti pe aret trafikan partou… » 

Il précise qu’il est important que le public sache que la PHQ Special Striking Team a réalisé plus d’une vingtaine d’opérations depuis sa création, dont certaines se sont révélées infructueuses. « Si ti pou ena mazik kouma sertin pe dir, ou ti pou trouv 20 loperasion, 20 kout sezi. »

Les controverses

 « Hit list »

Il a été allégué que la PHQ Special Striking Team opérerait selon une présumée « hit lit », sur laquelle figurent des opposants du pouvoir. Allégation rapidement démentie par les Casernes centrales après la publication de ce « document ». On y trouve les noms de Bruneau Laurette, Sanjeev Teeluckdharry ou encore de certains journalistes. 

« Planting of drugs »

Suivant son arrestation, l’avocat Akil Bissessur accuse la PHQ Special Striking Team d’avoir « placé » la drogue retrouvée au domicile de sa compagne. C’est d’ailleurs ainsi qu’ont commencé les allégations de « planting of drugs » contre cette unité. Bruneau Laurette, qui récuse toute implication dans un quelconque trafic, a lui aussi laissé entendre que la drogue retrouvée dans sa voiture aurait été « placée ». 

Circulation de clips vidéo intimes

La circulation des clips vidéo intimes du couple Akil Bissessur-Doomila Moheeputh a porté un coup à l’image de la PHQ Special Striking Team. Les images se trouvaient sur les téléphones cellulaires saisis par cette unité lors de l’opération au domicile de Doomila Moheeputh, le 
19 août dernier. Les avocats d’Akil Bissessur ont montré du doigt les membres de la PHQ Special Striking Team dans cette affaire.

Perquisition chez la belle-famille de Me Teeluckdharry 

Le 27 octobre, l’équipe de la PHQ Special Striking Team fait une perquisition chez la belle-famille de Sanjeev Teeluckdharry, un membre du groupe d’avocats dits Avengers, à Rose-Hill. La fouille dure environ deux heures. Rien de compromettant n’est toutefois trouvé. L’avocat évoque un acte d’intimidation. Reprochant à l’ASP Ashik Jagai un abus de pouvoir et d’autorité, la belle-famille de Me Sanjeev Teeluckdharry lui a envoyé une mise en demeure, lui réclamant des dommages de Rs 50 millions. 

Des opérations importantes de la Special Striking Team 

4 août : Fraîchement mise sur pied, la PHQ Special Striking Team épingle une femme de 42 ans à Quatre-Bornes. 61,2 grammes d’héroïne, estimés à environ Rs 1 million, et destinés au trafic, sont saisis. À la revente, cette dealeuse allait obtenir un bénéfice de Rs 918 000. Lors de cette descente, la police récupère une somme de Rs 275 000 en liquide, soupçonnée de provenir de la vente de stupéfiants.

Lundi 15 août : saisie de 377 grammes d’héroïne valant Rs 5,5 millions. Un dealer présumé de Bambous, âgé de 50 ans, est arrêté. L’opération se déroule sur l’aire de stationnement du stade Germain Comarmond. Le quinquagénaire était dans le collimateur des équipes de l’antidrogue depuis un bout de temps.

Vendredi 19 août : Une descente au domicile de la compagne de l’avocat Akil Bissessur à Palma, Quatre-Bornes, permet de récupérer 52 grammes de drogue synthétique. La police soupçonne qu’une grosse partie de la drogue a été détruite dans les tuyaux d’égout des toilettes. L’avocat et sa compagne Doomila Moheeputh sont arrêtés lors de cette opération filmée pour trafic de drogue. 

Mercredi 24 août : Les hommes de l’ASP Jagai récupèrent 1,5 kilo de drogue synthétique dans la région de Batterie-Cassée, sur un terrain de basket. La drogue est estimée à Rs 7,5 millions.

Lundi 3 octobre : Lors d’une opération au Morne, trois véhicules sont interceptés aux petites heures. 58 kilos de cannabis sont découverts et sept suspects sont épinglés sur les lieux, dont le constable Jonathan Rabot (33 ans), Joe Enzo Romeo Louis (22 ans), Louis Arman Allas (36 ans), James Laurent L’Entêté (31 ans), Jean Lajaro Meunier (33 ans) et Gerald Carnen (23 ans). Kenny Alvin Couronne, un ancien policier de 30 ans, et Stephan Nicholas Desroches, alias Kafé, sont eux épinglés par l’Adsu dans le sillage de cette enquête.

28 octobre : Hazareesingh Canhye, connu pour être un prêteur sur gage, dit « casseur », est appréhendé après que des bijoux et de l’argent valant Rs 5,4 millions sont découverts chez lui à Surinam. Les bijoux et l’argent étaient cachés dans un faux mur dans la cuisine.

29 octobre : l’homme d’affaires Jonathan Augustin est arrêté, le 29 octobre, après qu’une cargaison de 22 millions de « ti-papie », estimés à Rs 430 millions, est découverte à l’entrepôt de PATS. L’importateur est la compagnie Zippy Mouse Ltd, dirigée par Jonathan Augustin. Dans le passé, Jonathan Augustin avait été inquiété par l’Icac pour soupçon de blanchiment d’argent. 

Vendredi 4 novembre : Bruneau Laurette et son fils Ryan sont arrêtés pour possession de Rs 230 millions d’haschisch. 46 kilos de cette drogue sont découverts dans le coffre de la berline allemande JR 12 BMW utilisée par Bruneau Laurette, lors de cette opération à son domicile à Petit-Verger, St-Pierre. Deux armes à feu et des munitions sont également saisies.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !