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Palmar Ltée sous administration judiciaire : un drame humain en gestation

Palmar Ltée

«Zis Bondie kone ki pou ariv nou ! » Cette réaction d’un groupe d’employés illustre le sentiment d’incertitude qui anime les 1 400 employés de Palmar Ltée, dont 400 étrangers. À l’usine, qui se trouve dans la zone industrielle de Mon Loisir, Rivière-du-Rempart, cela concerne principalement l’administration et le département teintuerie. Les employés sont réticents à parler. Ils craignent pour leur emploi. Toutefois, certains se sont confiés.

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Anand, qui travaille au sein de l’usine depuis deux ans, souligne qu’il ne comprend pas ce qui se passe en ce moment. « Je vis dans un stress quotidien depuis le début de ce mois. Personne n’en parle et les patrons ne nous disent rien. »

Steeve, qui était à sa pause-déjeuner, souligne que le travail se fait comme au quotidien. « Les employés attendent toujours une annonce de la direction et on ne sait pas ce que le futur nous réserve. »

Palmar Ltée possède deux autres usines à Flacq. Dans l’unité qui se trouve près du stade Auguste-Volaire, certains employés ont repris le travail le mercredi 13 février.

Aarti, qui y a travaillé pendant sept ans, trouve cela désolant que le directeur des Ressources humaines n’ait pas pris contact avec eux pour les informer de la situation. « C’est mercredi qu’on a repris le travail, après une semaine de congé forcé. Du coup, c’est à 14 heures qu’on va quitter l’usine au lieu de 17 heures. La semaine dernière, un membre de la direction nous a uniquement informés qu’on devait rester chez nous pendant une semaine. » Selon Aarti, c’est la deuxième fois que les employés ne reçoivent pas leur salaire à temps. « C’est le 8 février qu’on a été payés pour le mois de janvier. On ne sait pas ce qu’il en sera pour le salaire de février. »

Sa collègue Sandrine, qui vient d’accoucher, ne sait quoi faire si l’usine ferme ses portes. « Mo latet fatigue. Mo pa kone ki mo pou fer si lizinn ferme. Mo ena pu soign mo zanfan. Enn sel kout noun apran lor radio ki ena problem dan lizinn. Nou esay kone ki pe arive me personn pa le dir nou », déplore-t-elle. Clarelle fustige également le directeur des Ressources humaines, qui n’a jusqu’à présent, pas pris contact avec eux. Le patron de l’usine avait l’habitude de venir nous voir, mais depuis quelque temps, on ne le voit plus.

Raisons inconnues

Ramen ne comprend pas comment l’usine, qui a fabriqué et exporté 500 000 pièces en novembre et décembre derniers, peut faire faillite en janvier 2019. « Je me demande si c’est en raison du salaire minimum ou de la compensation salariale de Rs 400 de cette année que l’usine risque de fermer ses portes. » Il ne sait pas, ajoute-t-il, comment il fera pour nourrir sa famille et honorer ses dettes si l’usine ferme ses portes, car son épouse y travaille aussi.

Sunita et ses collègues ne savent pas si elles vont garder leur temps de service au cas où il y a un repreneur. « Si on nous prend dans les mêmes conditions, on peut travailler. Si on nous recrute à nouveau, alors il faut qu’on conserve notre temps de service car certains ont travaillé depuis la création de l’usine, soit 35 ans », souligne-t-elle. « On ne saura quoi faire si on est redéployé dans une autre usine qui se trouve dans une autre région. L’adaptation sera difficile. »

À l’autre unité se trouvant à Flacq, personne ne veut aborder la question en raison de la présence d’un responsable qui surveillait les employés. Au sein de l’administration, on souligne que les employés sont au chômage technique. Cela a eu l’effet d’une bombe quand les employés ont su que Palmar Ltée avait été placée sous administration judiciaire depuis le 7 février dernier, explique une responsable. « Les employés sont encore sous le choc, mais continuent de venir travailler. L’usine a honoré ses commandes en 2018 et personne ne s’attendait à cela en janvier. » Elle explique que certains des employés ont travaillé pendant 20 ans, voire 35 ans au sein de l’usine.

 

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