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Pauvreté : la volonté de sortir de la précarité

Il n’y a point de vertu dans la pauvreté, qui doit être combattue avec ferveur et acharnement. De nombreuses personnes luttent pour sortir de la précarité. Certaines parviennent à sortir la tête de l’eau et vivent dans de meilleures conditions.

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Pour avoir une vie meilleure et sortir de la pauvreté, il faut s’armer de volonté et s’investir. La clé de la réussite se trouve dans la persévérance, lance Joanny Raymond. Si, pour certains, la priorité reste de rechercher la richesse, pour notre interlocuteur, c’était plutôt réussir pour tendre la main aux nécessiteux. C’est cela qui a poussé cet homme de 37 ans à se battre pour sortir de la misère.

Joanny Raymond

Père de deux enfants, il est aujourd’hui propriétaire d’un restaurant et d’un School Bus. Pourtant, il y a vingt ans, il n’avait rien. Issu d’une famille de cinq enfants, Joanny Raymond a dû dormir le ventre vide et sur le sol. Sa mère vendait des gâteaux dans la localité où ils habitaient pour subvenir aux besoins de la famille.

Joanny, ses frères et ses sœurs n’ont jamais pu mettre les pieds dans un établissement scolaire. Leur père, qui avait été libéré après avoir été incarcéré, n’arrivait pas à trouver un travail. Heureusement qu’ils vivaient près de La Ferme, à Bambous, et qu’il pêchait des poissons et cueillait des brèdes pour se nourrir.

À huit ans, Joanny n’a pas de cartable, mais vend des pistaches à la gare du Nord. Petit à petit, il économise des sous pour pouvoir réaliser ses rêves. Il aide sa famille à joindre les deux bouts et a des objectifs pour son avenir. Il veut une meilleure vie pour lui et pour les autres.

« Kan ou dormi vant vid ki ou konn vre soufrans. Kan mo pans sa lepok la, larm rampli dan mo lizie. Les tentations sont nombreuses. Les jeux de hasard et d’autres fléaux de la société sont souvent des obstacles. Quand je regardais autour de moi, je voyais les autres jeunes sombrer dans la drogue et l’alcool.

Découragés par les difficultés, plusieurs amis ont abandonné à mi-chemin. Pour commencer un business, il me fallait un prêt bancaire, mais je n’avais aucune garantie. C’est ainsi que je me suis lancé dans la restauration avec une table, quatre chaises, quelques ustensiles et quelques sachets de nouilles.

J’étais dévoué dans mon travail et j’offrais le meilleur service que je pouvais à ma clientèle. Ne pas prendre les gens pour acquis et ne pas faire des affaires que pour de l’argent, mais proposer un service irréprochable était ma devise. C’est ainsi que je suis parvenu à faire fructifier mon business et à acheter un van », poursuit-il.

Il est chauffeur au lycée et confie qu’il travaille très dur pour y inscrire son fils. « Je n’ai pas eu la chance d’avoir une éducation, mais je ferai tout pour que mon fils ait une autre vie. Je veux l’encadrer pour qu’il évolue dans un environnement sain. À mon époque, j’ai eu la chance d’avoir des amis qui m’ont épaulé et m’ont aussi aidé financièrement.

Or, aujourd’hui, je suis convaincu que l’éducation est la clé de la réussite. Je veux que mon fils soit un homme éduqué et qu’il ait du succès. Mon frère aussi a fait beaucoup d’efforts pour avoir une vie confortable. Ma mère est décédée, il y a trois ans, mais j’ai pu la rendre heureuse en lui offrant une meilleure vie durant sa vieillesse », raconte-t-il.

Sensible aux problèmes des autres, Joanny Raymond essaye d’aider les gens qui ont des difficultés. Bien que son objectif soit désormais d’acheter une maison luxueuse pour sa famille, il met toujours un peu d’argent de côté pour les personnes pauvres et leur consacre du temps.

« Beaucoup de gens ont des problèmes. Je ne crois pas qu’il faille être égoïste quand on devient riche. Je n’oublierai jamais le temps où j’étais pauvre. Je serai toujours humble. L’importance est de rester en bonne santé et d’avoir de la satisfaction quand on aide les autres. Si ou ena bon lintansion, kas la pou vini mem sa », dit-il.


Karine : « Je ne peux pas travailler à cause mon handicap »

Karine B. fait l’expérience de la pauvreté depuis qu’elle a 33 ans. Cette mère célibataire de quatre filles et un garçon, âgés entre 5 et 16 ans, vit dans une pièce qu’elle loue à Tranquebar. Elle la partage avec sa mère. De plus, sa fille aînée est déjà mère d’un fils de deux ans. Karine B. était la compagne de Kersley Chiffone, qui a été tué dans un accident de la route à Camp-Chapelon, le 23 octobre.

Karine B. n’arrive pas à travailler, car elle souffre d’une paralysie partielle à la main et au pied droit. « Je souffre d’une insuffisance cardiaque depuis que je suis jeune. Mes parents ont entamé en vain plusieurs démarches pour que je puisse bénéficier d’une pension ou d’une aide sociale », raconte-t-elle. Elle fait de son mieux pour nourrir ses enfants, son petit-fils et sa mère.

Elle dit éprouver toutes les peines du monde à joindre les deux bouts. « La pension que perçoivent mes deux benjamins et l’aide financière dont je bénéficie de la National Empowerment Foundation au nom de mes enfants scolarisés m’aident à subvenir aux besoins de ma famille. Mais, au niveau de la nourriture, cela devient difficile. Je suis contraint de demander à mes voisins de me donner quelque chose à manger pour mes enfants pour qu’ils ne dorment pas le ventre vide », explique-t-elle.

Sa situation financière ne lui permet pas de penser à l’avenir. Elle dit vivre au jour le jour. « La vie ne m’a pas fait de cadeau. J’ai vécu dans la misère noire. Mais je ne veux pas que mes enfants vivent dans la précarité. Je veux qu’ils arrivent à construire un avenir durable », dit-elle. Elle espère que sa fille aînée trouve un emploi, afin de l’aider.


Asmina R. : « Je veux avoir un emploi fixe »

Asmina R., 29 ans, une habitante de Beau-Bassin, vit avec ses quatre enfants âgés de 12, 11, 4 et 1 an. Cela fait six mois que cette mère célibataire cherche un emploi pour subvenir aux besoins de ses enfants. « C’est une tâche difficile pour une mère célibataire d’élever des enfants. J’ai pu trouver un toit pour mes enfants, mais je n’arrive pas à trouver un emploi fixe », confie Asmina R.

Cette jeune femme n’arrive pas à joindre les deux bouts. « Pour que mes aînés ne souffrent pas de malnutrition ou de faim, j’ai dû les laisser chez des proches. Je m’occupe de mes deux petits de 4 ans et 1 an. Mon fils est inscrit dans une école préscolaire », indique-t-elle. Elle veut à tout prix réunir ses quatre enfants.

« Je veux me débrouiller toute seule. Autour de moi, les gens cumulent plusieurs petits boulots pour s’en sortir. Pourquoi pas moi ? Je veux me battre. Je veux travailler et subvenir aux besoins de mes enfants sans mendier. Je ne peux pas abandonner mes enfants. Je veux leur donner un meilleur avenir. Mes aînés sont scolarisés et je veux qu’ils ne manquent de rien pour avancer », dit-elle.

 

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