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Perspectives - Réussir sans diplômes : mission possible

Ils essaient tant bien que mal de se frayer un chemin dans la société.  Malgré l’absence de diplôme et de qualifications, certains jeunes réussissent. Rencontre.

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La jeunesse et l’enfance sont des étapes pour faire son entrée dans la vie d’adulte. Elles jouent un rôle primordial sur le développement des jeunes afin qu’ils puissent intégrer la société comme il se doit. Hélas ! Une minorité de ces jeunes éprouve des difficultés à trouver leur place dans la société en raison de l’absence d’un diplôme ou des qualifications. Plus fréquemment confrontés au chômage, ces jeunes ne sont pas pour autant condamnés à condition de développer des stratégies qui leur sont adaptées pour ne pas s’apitoyer sur leur sort et rebondir.

Yannick Zoïle : «J’aime mon métier»

Garnisseur de profession, Yannick Zoïle, 27 ans, est marié et père de famille. Il compte aujourd’hui 15 ans d’expérience dans le domaine. Il a arrêté l’école à l’âge de 14 ans pour se concentrer dans ce métier. Il l’a appris de son oncle et il a débuté chez lui dans son salon. Avec le temps, il a dû déménager en raison du manque d’espace pour ses machines et ses employés qui sont au nombre de dix.

Yannick Zoïle n’a pas déserté les bancs du collège parce qu’il éprouvait des difficultés au niveau de l’apprentissage. « J’ai interrompu mes études parce que je voulais devenir garnisseur et je rêvais d’avoir mon atelier, des employés et ensuite agrandir mon entreprise. » Au fil du temps, il a gravi les échelons tout en surmontant d’innombrables difficultés. « J’aime mon métier, j’ai réalisé mon rêve et je gagne ma vie correctement », lance-t-il avec un grand sourire aux lèvres.

« Tous les types de clients m’intéressent que ce soit pour la maison, l’hôtellerie, l’automobile, les bateaux et j’en passe. » Pour un canapé neuf, il faut attendre entre quatre et cinq jours dépendant du modèle.

Un deuxième showroom en vue

La recette de son succès, dit-il, c’est la persévérance, car il a dû apprendre le métier de A à Z parce qu’à Maurice, aucune institution ne propose ces cours. C’est une fierté pour lui d’en être arrivé là car ce n’est pas facile de trouver un emploi sans de bonnes qualifications. De nos jours, les entreprises cherchent plus que la HSC, dit-il. « Quand j’ai cessé l’école, ma maman était contre, elle voulait que je termine la HSC mais elle est revenue à de meilleurs sentiments », confie Yannick. « Elle est devenue ma secrétaire et elle s’occupe aussi de mon showroom  situé à Curepipe. » Yannick envisage même d’agrandir son entreprise et d’ouvrir un deuxième showroom.

Selon lui, l’éducation ne peut être un frein à l’avenir d’un jeune. Même s’il ne réussit pas à l’école, il peut réussir dans la vie. « Il faut seulement avoir la volonté dans le métier qu’on choisit et je lance un appel aux jeunes pour qu’ils persévèrent dans ce qu’ils entreprennent. » 

Washim Ramjaun : «Je n’arrivais pas à m’adapter»

Washim Ramjaun, habitant de L’Escalier et âgé de 22 ans, est coiffeur. Il fait lui aussi partie de ceux qui réussissent malgré l’absence de diplômes. Il tient un salon de coiffure, depuis quelques années, à Curepipe à la Rue Malartic, qui est prisé tant par des jeunes que des moins jeunes.

À 14 ans, il quitte l’école qu’il n’aime pas trop. « C’était difficile pour moi, car je n’arrivais pas à m’adapter. » Il décide de devenir coiffeur. Il va apprendre le métier et à force de sacrifices et du soutien de son père, Sultan, il débute en professionnel en 2006. « Être coiffeur, c’est un plaisir et cela me permet de bien gagner ma vie. »

«Les jeunes n’ont pas de travail»

Washim trouve que c’est triste que beaucoup de jeunes consacrent du temps à étudier mais n’ont pas de travail malgré leurs qualifications. Il encourage ceux qui éprouvent des difficultés à l’école d’apprendre un métier où ils se sentent à l’aise car c’est là qu’ils peuvent se faire un bel avenir.

Bleck Lindor : «Ils ne m’ont pas accepté»

Bleck Lindor et Harry Bouf.

Bleck Lindor, un artiste de 27 ans, a opté pour la sculpture. Il a arrêté sa scolarité après le CPE. Quelques années plus tard, il a trouvé sa vocation. « Après le primaire, j’ai intégré le pré-vocationnel pendant trois ans au SSS de Bambous avant de prendre un cours d’un an au IVTB et d’être formé pendant six ans à l’école de sculpture de Lewis Dick. » Depuis tout semble aller bon train pour Bleck. Il est actuellement prof de sculpture, de sport et de musique dans deux écoles à Rivière-Noire. Il tient aussi un atelier de sculpture en compagnie de deux amis.

Bleck ne s’est jamais laissé abattre par les difficultés même s’il s’est essayé à plusieurs métiers. Il a voulu s’inscrire dans un cours de plomberie, il y a quelques années, mais en vain. « Ils ne m’ont pas accepté parce que j’avais des ‘dreads’, je n’ai pas compris, mes cheveux sont comme ça depuis enfant. » Avec le soutien de ses parents, il s’est tourné vers la sculpture. « Finalement le fait de n’avoir pu devenir plombier a été un mal pour un bien car j’ai trouvé ma voie dans l’art et je suis mon propre patron. »

«Réussir sa vie et dans la vie»

Ce père de famille d’un petit garçon de neuf mois affirme, lui aussi, que tout le monde peut réussir dans la vie. Selon lui, rien n’arrive par hasard. Avec ou sans certificats, chacun peut se faire une place dans la société. « On peut rêver et aller au bout de ses rêves. »

Bleck Lindor s’envole bientôt pour la Suisse en compagnie de Harry Bouf, un de ses camarades pour participer à une compétition de sculpture, l’International Holzbildhauer Symposium à Brienz du 4 au 8 juillet 2017, destiné à tous les artistes de sculpture à travers le monde.

Les facilités du HRDC

Du côté du Human Resource Development Council (HRDC), un préposé explique que plusieurs facilités sont offertes. Le programme vise les jeunes ayant étudié jusqu’au HSC ou dans le groupe d’âge de 16 à 35 ans. Chaque domaine a une condition requise à l’exception de la construction qui est ouverte à tous les niveaux d’éducation.

Plusieurs formations sont disponibles dans les Tic, la technologie, la construction, l’industrie et les finances, entre autres. Pour participer au Natural Skills Development Programme (NSDP), les candidats sont passés au crible. Par exemple, un candidat ne peut être admis s’il est employé ou détenteur d’un diplôme.

Les formations, gratuites car prises en charge financièrement par le NSDP, durent entre trois et douze mois. Les stagiaires bénéficient d’une formation selon les besoins en compétences des employeurs afin de mieux les aider à s’intégrer sur le marché du travail. Ils reçoivent une allocation mensuelle de Rs 5 000 et Rs 1 000 additionnelles pour des frais de transport.

Après les formations, les stagiaires ont l’opportunité d’acquérir une expérience de travail dans leur domaine à travers des stages en entreprise, qui sont disponibles à travers le NSDP. L’avantage de la formation, c’est qu’elle aide pour les compétences qui sont en forte demande dans les industries et autres secteurs. À la fin de la formation, un certificat, approuvé par les règlements de la Tertiary Education Commission et de la Mauritius Qualifications Authority, est délivré.

Parole aux jeunes

Est-ce possible de réussir dans le monde du travail sans diplômes ou qualifications ?

Lorriane Nadal - 21 ans : «Un diplôme peut faire la différence tout comme l’expérience»
« Normalement, un diplôme fait la différence mais sans expérience, ce n’est pas gagné d’avance. Alors qu’en l’absence d’un diplôme mais avec beaucoup d’expérience, on peut faire la différence dans beaucoup de secteurs. »

Aleem Maderbocus - 22 ans :  «L’expérience ne doit pas être le critère principal»

« Un diplôme universitaire ne consiste pas seulement à obtenir un emploi ou une carrière. Cela englobe davantage. Pour ma part, il est temps que l’expérience de travail ne soit pas le critère principal des employeurs parce qu’entre un jeune fraîchement diplômé et un autre doté de trois ans d’expérience, le choix est vite fait. »

Delphine Chan - 20 ans : «Certains métiers ne nécessitent pas de diplômes ou de qualifications»

« Effectivement, c’est possible de réussir dans le monde du travail car ce n’est pas tous les domaines qui requièrent des diplômes ou des qualifications. Tout dépend du choix de la filière. Par exemple, si on décide de se lancer dans la gestion, il est impératif de détenir un diplôme tandis que les métiers de télécommunication, on bénéficie d’une formation. »

 

 

 

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