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Philippines: Boracay, l'île "fosse septique", va être interdite aux touristes

 Les Philippines vont interdire aux touristes l'île de Boracay, une destination prisée dont le littoral s'est cependant transformé en "fosse septique" selon le président Rodrigo Duterte, en raison de l'incurie des bars et des hôtels.

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Le chef de l'Etat a décidé que cette interdiction s'appliquerait à compter du 26 avril pour une durée maximale de six mois, a annoncé son porte-parole Harry Roque mercredi soir sur Twitter. "Boracay est connue dans notre Nation comme un paradis et cette fermeture temporaire vise à permettre que les générations futures le connaîtront également", a expliqué jeudi M. Roque aux journalistes.

Cette décision pourrait mettre en péril les emplois de milliers de personnes travaillant sur ce qui est un des joyaux touristiques de l'archipel, une île qui accueille chaque année environ deux millions de visiteurs et génère un milliard de dollars pour l'économie philippine. Mais M. Duterte avait en février accusé les hôtels et bars de l'île du centre de l'archipel de déverser directement leurs eaux usées dans la mer.

Les eaux cristallines de cette île minuscule ultra fréquentée et ses plages de sable blanc se sont transformées en "fosse septique" qui sent "la merde", avait dit le président, connu pour sa propension à ne pas mâcher ses mots. Le ministère de l'Environnement avait affirmé que 195 commerces et 4.000 particuliers de l'île n'étaient pas connectés aux réseaux d'égouts.

Conséquence de la décision de "fermer" l'île aux touristes, des compagnies aériennes ont annoncé jeudi qu'elles réduiraient leur nombre de vols. Et certains professionnels de Boracay ne cachaient pas leurs inquiétudes. "Nous n'aurons pas de recettes mais il faudra quand même payer les factures, je ne sais pas comment je vais survivre", a déclaré à l'AFP Manuel Raagas, gérant d'un hôtel bon marché.

Le mois dernier, le sous-secrétaire à l'Environnement Jonas Leones avait indiqué à l'AFP que la mise en œuvre d'une "fermeture" pourrait impliquer que les ferries cessent leurs rotations vers l'île, ou que les plages soient purement et simplement interdites, avec si besoin le déploiement d'effectifs de police.

"Nous allons transmettre des consignes sur la façon d'empêcher les touristes d'entrer (sur l'île), à commencer par le port", a déclaré jeudi aux journalistes le ministre adjoint de l'Intérieur Epimaco Densing.

Certains experts s'étonnent cependant de la "fermeture" de l'île de 10 km2 située à 300 kilomètres au sud de Manille, d'autant que le gouvernement vient de donner son feu vert au géant macanais Galaxy Entertainment pour la construction l'an prochain d'un nouveau casino et complexe hôtelier à 500 millions de dollars.

"Ce casino va à l'encontre de tous les efforts pour nettoyer Boracay et s'assurer que l'île ne dépasse pas ses capacités d'accueil", a estimé auprès de l'AFP l'ancien sous-secrétaire philippin à l'Environnement Antonio La Vina. Il a déploré un développement "illimité" de la zone en mettant en cause "les agences locales du gouvernement et les agences nationales qui n'ont pas fait leur travail de mise en œuvre des réglementations en matière d'occupation des terres et d'études d'impact environnemental".

Les autorités ont affirmé qu'elles mettraient la "fermeture" de l'île à profit pour construire de nouveaux réseaux d'assainissement, détruire des constructions érigées sur des marais et poursuivre des responsables locaux et des entrepreneurs qui ont enfreint les normes environnementales. La Fondation Boracay, une association d'entrepreneurs de l'île, avait demandé à ce que le gouvernement s'attaque aux commerçants enfreignant les lois sur la protection de l'environnement.

"Il est injuste que les établissements en règle soient affectés par la fermeture", a estimé auprès de l'AFP la directrice générale de la Fondation Pia Miraflores, affirmant que l'activité avait baissé avant même l'annonce de l'interdiction. "Les guides touristiques se plaignent de la baisse du nombre de clients", a-t-elle dit, citant des clients paniqués ayant déjà réservé harcelant les agences de voyage pour savoir s'ils doivent ou non venir.

L'île qui abrite déjà plus de 500 hôtels emploie 17.000 personnes, sans compter les 11.000 employés du secteur de la construction qui travaillent sur de nouveaux projets.

 

AFP 

 

 

 

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