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Présence militaire indienne à Agaléga : le GM mauricien maintient le silence envers et contre tout 

Les travaux du mini-port, qui accueillera des bateaux d’environ 200 mètres de long, sont plus ou moins achevés.

Le gouvernement mauricien reste silencieux sur la nouvelle piste d’atterrissage et le mini-port à Agaléga, malgré les spéculations dans la presse indienne sur une possible base militaire. Le Hindustan Times rapporte que la marine indienne compte envoyer du personnel sur la piste d’atterrissage. Les autorités mauriciennes n’ont pas encore confirmé ni infirmé ces informations, alimentant ainsi les spéculations. 

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Àquelques semaines de la fin de la construction de la nouvelle piste d’atterrissage longue de près de 3 000 mètres et du mini-port à Agaléga, le gouvernement mauricien continue de garder le silence. La presse, notamment indienne, évoque, elle, ouvertement et sans précaution une base militaire indienne. Face à l’absence de réaction des autorités mauriciennes, plusieurs questions se posent. 

Le vendredi 22 septembre 2023, le très réputé Hindustan Times a enfoncé le clou. Il a publié un article intitulé « L’Inde étend son emprise maritime vers Oman et Maurice pour surveiller la région de l’océan Indien » (traduit de l’anglais : « India extends its sea legs to Oman and Mauritius to monitor Indian Ocean Region »). 

Dans cet article, il écrit que « la marine indienne prépare déjà des plans pour envoyer au moins 50 officiers et du personnel afin d’occuper la piste d’atterrissage, qui aura la capacité de gérer les avions de surveillance et de guerre anti-sous-marine Bœing P-8I des forces armées indiennes ». Ces informations font suite à une série de publications dans la presse indienne ces derniers temps. Cependant, à Maurice, aucune réaction n’a été enregistrée pour infirmer, confirmer ou préciser ces informations. 

Le Hindustan Times précise qu’il s’agit notamment d’assurer la sécurité maritime de la nation insulaire et de contribuer à protéger ses atouts touristiques dans la région. Il mentionne également que cette démarche est partiellement motivée par les activités accrues de la marine chinoise dans la région de l’océan Indien. Selon les planificateurs de la sécurité nationale, les forces de frappe aéronavales de la marine chinoise devraient patrouiller dans la région de l’océan Indien d’ici 2025-26. 

Sateeaved Seebaluck, ancien Senior Advisor au bureau du Premier ministre et ancien Secrétaire au cabinet et Chef de la fonction publique, affirme que la vaste zone économique exclusive de Maurice (actuellement de 1 200 000 km carrés) « nécessite une surveillance ». Il ajoute que c’est impossible de le faire seul. « Nous avons besoin de nos partenaires pour nous aider, mais il faut discuter de la forme que cela prendra », souligne-t-il. 

La présence d’avions militaires  «pas anormale» 

Pour obtenir une réponse à la question de la présence indienne à Agaléga, où l’Inde a pris en charge la construction de la piste d’atterrissage, de la tour de contrôle, du mini-port et des aérogares à travers la société indienne Afcons, qu’elle a elle-même sélectionnée, il faut se référer à celle donnée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en juillet 2022. C’était à l’Assemblée nationale dans le cadre d’une Private Notice Question (PNQ) posée par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Il avait rétorqué : « Agaléga n’est pas en train d’être transformée en base militaire. » 
En revanche, l’archipel pourrait bien accueillir des avions et des bateaux militaires indiens une fois que la nouvelle piste d’atterrissage, capable d’accueillir des Bœing 737-900 et des Airbus 321, ainsi que le nouveau port pouvant accueillir des bateaux de 149 mètres de long, seront prêts. Cependant, cela se fera avec la permission du bureau du Premier ministre. 

Dans sa réponse, Pravind Jugnauth avait précisé que « comme c’est le cas pour Maurice et Rodrigues, toute demande d’utilisation de nos installations portuaires et aéroportuaires par un bateau ou un avion civil ou militaire étranger sera examinée et décidée par le gouvernement. Le même principe s’appliquera à toute demande pour Agaléga dès que les installations seront opérationnelles ». 

Il avait également souligné que « dans le passé, sous des gouvernements précédents, il y a eu des demandes d’autorisation d’atterrissage d’avions militaires ou civils à l’aéroport de Plaisance, qui ont été accordées ». Il disait disposer d’une liste pour différents pays, y compris des avions militaires français. « De 2014 à 2020, nous avons accueilli 95 avions militaires, dont 10 de l’Indian Air Force, ainsi que des avions militaires américains. Donc, ce n’est ni nouveau, ni exceptionnel, ni anormal », avait-il soutenu. 

Dans une déclaration accordée au Financial Times le 25 octobre 2018, Pravind Jugnauth avait affirmé que l’Inde financerait entièrement les infrastructures à hauteur de Rs 3 milliards « sous forme de subventions ». Depuis lors, il n’a plus mentionné de chiffres. 

Pour le Docteur en droit international, Milan Meetarbhan, qui est aussi un ancien représentant de Maurice auprès des Nations unies, cette opacité nourrit l’impression qu’il y a quelque chose de louche autour de ce dossier. « Le gouvernement est aux antipodes de ce que disent les médias et les ‘think tanks’ indiens, qui sont généralement très bien renseignés », dit-il. Il est d’avis que par honnêteté envers la population, le gouvernement gagnerait à éclaircir toutes les questions relatives à ce dossier. 

Cet archipel composé  de deux îles 

Agaléga est un archipel composé de l’île du Nord, plus grande, et de l’île du Sud. Il se situe à 1 064 km au nord de Maurice. Les installations construites et financées par l’Inde se trouvent sur l’île du Nord qui fait 12,5 km de long sur 1,5 km de large. Les installations occupent donc plus d’un tiers de la superficie de l’île. Celle du Sud fait 7 km sur 4,5 km. L’archipel compte environ 400 habitants.

 

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