Projet hôtelier controversé : les autorités veulent reprendre les terres à St-Félix

Projet hôtelier controversé Manifestation du collectif AKNL contre le projet hôtelier de St-Félix.

Le gouvernement adopte-t-il une nouvelle posture concernant la gestion des plages à Maurice ? Il y a en tout cas une volonté du ministère du Logement et des terres de stopper la « braderie » des plages, à commencer par celle de Pomponette.

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Le ministère du Logement et des terres est en train d’étudier la possibilité de reprendre les 16,57 arpents de plage publique destinés à un projet hôtelier à St-Félix. C’est ce que nous a confié le ministre Mahen Jhugroo, joint au téléphone hier. Ce site avait été alloué au promoteur Clear Ocean Hotel & Resorts Ltd en août 2016. « Oui, nous sommes en train de voir comment faire, mais la tâche ne sera pas facile », dit-il. Quelles sont les motivations du ministère ? Mahen Jhugroo se contentera de répondre que « l’on ne peut continuer avec cette pratique de donn nou la plaz partou partou ».

Selon des recoupements obtenus auprès de plusieurs sources au ministère du Logement et des terres, le ministre Mahen Jhugroo a été informé des implications d’une telle décision. Une source proche du dossier ne manque pas de faire ressortir que cela aura d’importantes implications financières. « Le promoteur a déjà encouru des investissements autour de ce projet, notamment au niveau du plan d’architecture. Reprendre ce site pourrait impliquer des dédommagements s’élevant à des centaines de millions de roupies », explique cette source. Et d’ajouter qu’une telle décision pourrait également obliger le ministère à trouver un autre site pour le promoteur : « C’est compliqué, dans le contexte actuel, de trouver un autre emplacement, sans compter que cela engendrerait certainement une nouvelle polémique. Ce serait comme éteindre une polémique à St-Félix et en créer une nouvelle dans une autre région du pays. » L’annonce de ce projet avait suscité une série d’affrontements entre les mouvements militant pour le respect de l’environnement et les autorités. Le projet hôtelier comprend 152 suites, 217 villas pied dans l’eau, une piscine de 1 800 mètres cubes, un jardin qui s’étend sur 600 mètres carrés, trois restaurants et un centre de conférences.

Vela Goulen, membre de la plateforme Aret Kokin Nou Laplaz (AKNL), que nous avons joint au téléphone hier, estime qu’il s’agit là d’une occasion en or pour le gouvernement de rendre les plages aux Mauriciens. Il soutient, qu’étant donné que les travaux n’ont pas encore démarré, le ministère peut reprendre la plage, car il y a eu « breach of contract ». « Toutefois, AKNL ne compte pas baisser les bras après cette annonce, car nous intensifierons notre combat, notamment au niveau légal », indique-t-il.

L’arrivée de Mahen Jhugroo au ministère du Logement et des terres semble en tout cas annoncer quelques changements concernant la gestion de nos plages. Une autre source au ministère souligne que l’on devrait sous peu témoigner d’une campagne des autorités menée contre les propriétaires de villas qui ont étendu leurs constructions (de manière illégale) sur les plages.

Plage publique : bras de fer AKNL v/s Pelangi Resort

Dès le départ, le projet du groupe Pelangi Resort - principal actionnaire de Clear Ocean Hotel – de bâtir un hôtel à Pomponette, suscite la polémique. Le plus fervent contestataire de ce projet de Rs 12 milliards est le mouvement Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL). Ce collectif se bat depuis deux ans contre la déproclamation de la plage publique de Pomponette. « Il est inadmissible de vendre les côtes et plages mauriciennes », clament les membres d’AKNL. « Il s’agit ni plus ni moins que d’une destruction de l’identité mauricienne et de son héritage », assure le collectif. Ces membres ont tenu des manifestations régulières, comme celle du 9 décembre 2017 où ils ont marqué leur présence dans les rues de Port-Louis.

Ils militent pour que la plage de Pomponette retourne dans le domaine public et cela par décret officiel. Cette position fait suite à la décision des promoteurs d’interdire au public l’accès à cette plage. Ces mêmes activistes sont passés à l’offensive sur le plan légal. Ils ont fait servir une mise en demeure, le 21 décembre dernier. Yan Hookoomsing, militant d’AKNL, dit encourager le ministère du Logement et des Terres dans ses démarches visant à reprendre le terrain de Pomponette. « Il est faux de dire que cette démarche impliquerait des dédommagements financiers. Selon les dispositions du bail, le promoteur est obligé de démarrer les travaux dans le délai imparti. Or, ce délai est déjà arrivé à terme, le ministère peut donc légitimement lui reprendre le terrain.» AKNL met donc en garde ceux qui tenteraient de mal conseiller le ministre du Logement et des terres, Mahen Jhugroo, dans cette affaire.

 

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