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Prostitution des étrangers sur le sol mauricien : les «touristes» de 16 à 30 ans soumises à un ‘screening’

Les officiers du Passport and Immigration Office (PIO) sont sur les traces d’un important réseau de prostitution impliquant des jeunes femmes étrangères à Maurice. Depuis un mois, les touristes âgées entre 16 et 30 ans, qui débarquent à Plaisance,  sont soumises à un ‘screening’ intense.

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La récente arrestation de 16 femmes malgaches, soupçonnées de prostitution, dans une boîte de nuit de Grand-Baie, a déclenché un important mécanisme de surveillance à l’aéroport de Plaisance. Les officiers des services de l’Immigration (PIO) ont reçu l’ordre d’interroger toutes les jeunes femmes, âgées entre 16 et 30 ans, qui débarquent avec des visas de touristes.

Il s’avère, selon des officiers basés à Plaisance, que les touristes ciblées sont soumises à un feu roulant de questions dès leur descente d’avion. Le comportement de ces visiteuses est observé de près. « Si elles ne peuvent fournir d’éléments de réponse, ou encore, si elles clignent les yeux, démontrant quelque hésitation ou signe de stress, elles seront soupçonnées de s’adonner à autre chose que faire  du tourisme, et seront immédiatement rapatriées », confient nos interlocuteurs.

Diversion

Un haut gradé du Passport and Immigration Office avance que la traque des présumées prostituées étrangères a commencé au début de l’année. Cela, explique-t-il, à la suite de diverses complaintes formulées par des résidents à l’effet que ces dernières font du bruit, durant la soirée, dans le voisinage.

« La loi est sévère en ce qui concerne les séjours illégaux et la falsification des documents ayant trait à l’hébergement d’un étranger. Ce dernier risque la déportation et être déclaré ‘Persona non grata’ (Ndlr : personne non désirée) par la police. Cela va de soi pour celles qui débarquent au pays avec des visas de touristes, ou d’étudiantes, mais qui s’adonnent à la prostitution une fois la nuit tombée. Elles commettent une grave entorse à l’’Immigration Act’ et seront immédiatement déportées », explique le haut gradé.

L’officier souligne également que les présumées prostituées ont tendance à « déjouer » l’attention des policiers affectés à Plaisance, en emmenant la somme d’argent de poche requise, ainsi que leurs billets de retour. « Ce n’est qu’après avoir mis les pieds dans le pays qu’elles se font rembourser leurs tickets de retour. C’est la mode opératoire pour les pseudo-étudiants qui débarquent à Maurice pour étudier, mais qui collectionnent des boulots », précise-t-on.

Réseau organisé

La loi de l’immigration stipule que le temps de séjour pour un touriste est de un à 90 jours. Mais le touriste peut toutefois renouveler son permis de séjour s’il arrive avec la somme de 100 dollars, comme exigée par les services de l’Immigration le permettant de subsister quotidiennement.

Notre interlocuteur souligne toutefois que certaines de ces prostituées, et autres Escort girls, opérèrent à travers un réseau organisé « comprenant un contact à l’étranger et à Maurice », tandis que d’autres travaillent « à leurs propres comptes » dans des boîtes de nuit. Le Passport and Immigration Office est sur la piste de trois réseaux de prostitution « touristes » opérant dans l’Ouest et le centre du pays. D’autres opérations, dit-on, ne sauraient tarder et les femmes qui seront soupçonnées de prostitution seront immédiatement rapatriées.

Cette unité de la force policière se dit « favorable » à toute collaboration avec les services d’Immigrations d’autres pays par le biais des diverses ambassades, et consulats, quant au ‘screening’ des « touristes » suspectées de faire autre chose que du tourisme à Maurice. Le profil des femmes sera étudié et leurs vols seront ainsi annulés.

Exercice de profiling

L’ASP Narendrakumar Boodram, qui est le patron du Passport and Immigration Office, avance qu’il y a un exercice de ‘profiling’ à l’aéroport de Plaisance. « Lors de la vérification des documents, on doit s’assurer à ce que les touristes soient de bonne foi. C’est à ce moment que l’exercice de ‘profiling’ entre en jeu. On doit également s’assurer à ce que ceux qui mettent les pieds à Maurice n’aient pas fait l’objet d’une quelconque enquête d’Interpol, ou autre organisation internationale », dit-il.

Ce dernier, qui souhaite faire chuter le nombre de clandestins dans le pays, souligne que le PIO est voué à de grands changements d’ici la fin de l’année. Il s’agit d’appliquer des concepts internationaux d’Advance Information System et de Passenger Name Record. Ce sont des mécanismes qui font leurs preuves à l’étranger. Il s’agit d’un système permettant aux services de l’Immigration de connaître les antécédents de tout passager, autochtone ou pas, avant que ces derniers mettent les pieds à Maurice.

« Nos confrères basés dans les départements de l’Immigration d’autres pays nous enverront quotidiennement une liste de tous les passagers qui fouleront le sol mauricien. Nous étudierons le profil de tous les étrangers et les cas louches ne seront pas admis dans le pays. C’est un système qui permettra l’annulation de tout vol d’un passager suspect. »

La ‘Tracking team’ met l’accent sur les renseignements

Les éléments du ‘tracking team’ du PIO.

La ‘tracking team’ du Passport and Immigration Office se compose d’une dizaine de policiers. L’équipe, qui a été mise sur pied depuis environ un an et demi, mène ses opérations à travers son propre service de renseignements. À ce jour, la ‘tracking team’ a effectué cinq opérations. La dernière descente remonte au mois dernier, où 16 femmes malgaches soupçonnées de prostitution ont été arrêtées dans une boîte de nuit de Grand-Baie. Le 15 février, les éléments de l’équipe avaient mis la main sur 40 étrangers (Ghanéens, Indiens et Népalais) qui étaient en situation irrégulière dans le pays. Ils ont tous été rapatriés, sauf deux Népalais. Ces derniers sont assignés comme témoins dans une affaire de trafic d’êtres humains.

 

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