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Rapport déclassifié de la CIA - Importation de drogue : des yachts utilisés depuis les années 80

L’Agence de renseignements américaine (CIA) craignait que Maurice ne soit transformé en plaque tournante d’un trafic international de stupéfiants. Elle a établi une carte de pays où la drogue est importée et évoque les mesures prises par Anerood Jugnauth pour combattre ce fléau.  C’est ce dont fait état un rapport déclassifié de la CIA rendu public récemment.

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L’héroïne, valant Rs 600 millions, transportée par un yacht privé de Madagascar et qui a été interceptée à La Réunion en novembre dernier alors qu’elle allait être livrée à Maurice, ne serait qu’un cas anodin. Durant ces trois dernières décennies, les stupéfiants d’Afrique du Sud, de l’Inde et du Pakistan seraient arrivés au pays grâce à ce type d’embarcation et à des paquebots, ainsi qu’à travers le Very Important Person Lounge de l’aéroport. C’est ce qu’indique le rapport de la CIA.

Accessible sur la base de données en ligne baptisée CIA Records Search Tool (Crest) depuis mercredi dernier, ce document, qui date d’août 1986, contient aussi une carte expliquant comment s’opère le trafic de drogue à Maurice (photo). À l’époque, l’affaire Amsterdam Boys battait son plein.

Quatre députés du gouvernement d’Anerood Jugnauth avaient été arrêtés huit mois plus tôt avec 20 kilos d’héroïne en Hollande, alors qu’ils étaient en mission. En mai 1986, La Réunion avait également démantelé un réseau « that alledgely involves several prominent Mauritians with political connections ».

« Moreover, some Alliance parliamentarians frequent alleged trafficking centers or have contact with known drug dealers », ajoute la CIA. À partir de là, plusieurs paragraphes d’une trentaine de lignes contenant des détails sensibles ont été biffés. La CIA a également indiqué qu’un nouveau scandale risquait d’éclater au sein du gouvernement « should evidence come to light implicating other high-ranking Alliance officials ».

L’image du Premier ministre, étant écornée par la campagne de « muckraking » menée par le Mouvement militant mauricien, explique la CIA, celui-ci a pris le taureau par les cornes pour affronter l’électorat de nouveau lors des élections anticipées.

Dans ce document, l’Agence fait aussi ressortir que Maurice pourrait éventuellement « evolve into an alternative transshipment point for illicit narcotics, primarily from Southwest Asia, destined for mainland African, European, and, to a lesser extent, North American markets ». La drogue synthétique était déjà une réalité avec le Mandrax, alors que la cocaïne, l’héroïne, la marijuana et l’opium étaient parmi les produits les plus consommés.

« Over the longer term, the inability of the autorities to control the borders may encourage international smugglers to use Mauritius as a regional transshipment point for narcotics destined for other markets », estime la CIA. Elle évoque les cargaisons d’héroïne et de Mandrax destinées au marché sud-africain pouvant transiter par Maurice, au vu des arrestations.

La CIA fait ressortir que les mesures prises par le gouvernement devaient « limit the flow of drugs through Mauritius and reduce its potential as a transshipment route ».

 

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