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Revendications de la société civile en 2018

Manifestation

2018 est derrière la porte. Si 2017 a été marqué par un grand nombre d’événements sur le plan social ou encore politique, cette 50e année d’Indépendance s’annonce mouvementée. Quelles sont les attentes de la société civile ? Eléments de réponse.

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Socio-politique

D’emblée, la politologue Catherine Boudet explique qu’il faut distinguer les revendications des citoyens et celles des groupes organisés de la société civile. « Les revendications citoyennes concernent des problèmes qui ont un impact sur la vie de tous les jours, comme le manque d’eau, l’accès au logement, l’augmentation des prix, le ras-le-bol envers la corruption des politiciens, diverses injustices... Les revendications les plus importantes sont celles où les personnes sont victimes et leurs droits lésés », soutient notre interlocutrice.

D’ailleurs, elle poursuit que ces réclamations sont susceptibles de s’accentuer en 2018. Surtout lorsque des événements de l’actualité les mettent au devant de la scène, encourageant ainsi des réactions fortement émotionnelles. Les groupements de la société civile permettent la médiatisation de certaines de ces causes. Et surtout, ils négocient avec les autorités pour trouver des solutions. Il y a les syndicats pour les revendications des travailleurs, les travailleurs sociaux pour les injustices sociales ou encore les plate-formes citoyennes pour défendre l’environnement. « On a vu, avec l’émergence de Jack Bizlall, classé quatrième dans la partielle de Belle-Rose/Quatre-Bornes en décembre, que les revendications sociales sont en train de prendre une importance politique », affirme Catherine Boudet.

Aux dires de la politologue, les revendications acquièrent un « potentiel de plus en plus inflammable » avec les réseaux sociaux, qui facilitent leur visibilité et qui encouragent malheureusement les réactions émotionnelles et épidermiques. « Les revendications les plus inflammables sont celles qui touchent à la religion et aux communautés. Du coup, on constate que les causes d’intérêt général telles que l’environnement, la pollution, la hausse des prix et la gestion de l’eau suscitent beaucoup moins de réactions que celles liées à l’appartenance religieuse et ethnique », souligne-t-elle.

À son avis, les principales récriminations, qui prendront de l’ampleur en 2018, seront encore celles liées à la moralisation de la politique. Il va y avoir également une hausse des revendications liées à la destruction de l’environnement, surtout avec le chantier du Metro Express et la privatisation des plages. 

Catherine Boudet estime, par ailleurs, que dans la perspective des élections générales, les revendications sociales pesant le plus lourd dans la balance risquent d’être celles qui ne seront pas résolues par les négociations gouvernement-plateformes et qui touchent les individus-électeurs dans leur vie quotidienne.

Emplois

2018 ne sera pas l’année où l’on se reposera sur ses lauriers dans le monde syndical. Au contraire, les syndicalistes, comme Jane Ragoo, seront sur le pied de guerre. Après avoir bataillé dur pour que le salaire minimum soit une réalité, elle déclare que l’an prochain, la lutte concernera les amendements aux lois du travail. « Le gouvernement avait, lors de la campagne électorale, annoncé des amendements aux lois anti-travailleurs. En février, cela va faire neuf ans que ces nouvelles lois sont en vigueur. Notre combat sera axé là-dessus. Il est grand temps d’y apporter des amendements », explique Jane Ragoo.

Il faudra se battre également pour que le Portable Severance Allowance Fund devienne une réalité. « C’est une sorte de compensation versée en cas de licenciement d’un employé. On en a déjà parlé au ministre. On veillera désormais à ce qu’il soit appliqué », affirme la syndicaliste. Elle avance, d’autre part, que les négociations collectives se poursuivront et qu’un comité disciplinaire indépendant devra être mis sur pied.

Dans un autre volet, Jane Ragoo affirme que l’accent sera aussi mis sur les vigiles, qui doivent travailler 72 heures par semaine, pour un salaire minimum de Rs 9 000. Il sera aussi question du financement des écoles pour handicapés, comme mentionné dans le dernier budget. « Le ministre des Finances avait annoncé la création d’une entité pour la gestion de ces écoles. Où en sont les choses ? Les enseignants, que nous représentons, touchent un salaire dérisoire et leurs conditions de travail sont précaires », indique-t-elle.

Environnement et écologie

L’accaparement des terrains et des plages restera d’actualité l’année prochaine. Michel Chiffonne, membre de Centre for Alternative Research and Studies (CARES), affirme que l’enjeu sera majeur. « En 2017, il y a eu des actions et celles-ci s’amplifieront en 2018. Ces plages et ces terrains appartiennent au peuple », s’insurge-t-il.

Il soutient, de plus, que la question énergétique sera sur l’échiquier à l’aube de l’expiration  des contrats des Independent Power Producers (IPP) en 2020. « Quelle sera notre politique énergétique ? Continuerons-nous à dépendre du charbon et autres combustibles fossiles, ou aurons-nous l’audace d’aller vers le renouvelable ? » se demande Michel Chiffonne.

Pour lui, à trois mois du 50e anniversaire de l’Indépendance de notre pays, il est grand temps de démocratiser le secteur énergétique en donnant la chance aux petits planteurs, par exemple, de produire de l’énergie propre. « Nous ne pouvons rester emprisonnés dans cet esprit néo-colonial », fustige notre interlocuteur. 

Sécurité routière

Alain Jeannot, président de Prévention routière avant tout (PRAT), face au nombre grandissant de morts sur nos routes, tire une fois de plus la sonnette d’alarme. 

« Chaque citoyen doit comprendre que nos routes sont un espace à partager et qu’il n’est pas dépourvu de danger », déclare Alain Jeannot. Ainsi, son cheval de bataille sera d’éduquer pour prévenir. « Sur 10 victimes, sept sont des motocyclistes ou des piétons. Il faut, d’une part, se concentrer sur les infrastructures adéquates et d’autre part, faire réaliser aux gens qu’ils sont vulnérables. Nous allons continuer notre lutte », dit le président de PRAT.

Selon lui, il faudrait réduire le nombre de deux-roues motorisés sur nos routes. Alain Jeannot dit aussi espérer que les rudiments de la sécurité routière seront enseignés à l’école. « ‘Bonne route’ doit devenir une culture chez nous et non pas rester une formule de politesse. Si un enseignant explique aux enfants les dangers et comment les prévenir, ils seront conscientisés », ajoute Alain Jeannot.

Consommation

La protection des consommateurs reste le parent pauvre et ne semble pas être le souci du gouvernement. C’est l’avis de Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim). De ce fait, en 2018, les actions se multiplieront pour qu’une nouvelle loi à cet effet soit adoptée. « Il y a une exploitation des consommateurs, malgré le National Price Consultative Council. Le grand coupable est l’administration du ministère de tutelle », déplore Jayen Chellum.

« Il semble que notre approche n’ait pas donné les résultats voulus. Je ne comprends pas cette léthargie et ce manque de professionnalisme. Les gens payent et ils ont droit à un service de qualité », estime notre interlocuteur.

Jayen Chellum poursuit que la lutte contre le Metro Express continue. « Cette année, le gouvernement sentira de plus de plus notre présence. La relation entre une association des consommateurs et un gouvernement est love-hate. Le notre sera love molo molo et hate passionnément », déclare le secrétaire général de l’Acim.

 

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