Interview

Robert Alizart, ex-conseiller à Air Mauritius : «Il était clair que l’expérience AirAsia X tournerait court»

Chaque samedi, l’équipe de l’émission « Au cœur de l’info » décortique l’actualité de la semaine. Les divers invités apportent, au micro de Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul, un nouvel éclairage aux débats en cours. Nous en reproduisons les extraits saillants.

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Que pensez-vous du retrait d’AirAsia X de Maurice ?
C’était prévisible. Il faut un gros marché de part et d’autre pour opérer une société low-cost. Si les demandes chez AirAsia X pour des voyages vers Maurice en provenance de Kuala Lumpur ou d’Asie étaient bel et bien là, on ne peut pas dire que cela a été le cas en sens inverse. Cela me semblait donc logique que l’expérience Air Asia X allait tourner court.

Un accord a été signé, il y a quelques mois, entre Maurice et Singapour pour la création d’un couloir aérien entre l’Afrique et l’Asie. Votre avis sur ce concept ?
Cela n’a, selon moi, aucun sens. Il y avait déjà des accords bilatéraux entre Maurice et Singapour. Pourquoi dans ce cas lancer un « corridor » ? Dans quel but ? 

Il y a, quand même, une masse importante de personnes dans les pays avoisinants, dont Singapour. Ne peut-on pas attirer ces touristes vers Maurice ?
Certes, il y a une masse importante. Mais pourquoi faut-il un « couloir » pour qu’ils viennent à Maurice ? Si le but est d’utiliser le corridor comme un hub, il faut qu’il y ait un trafic entrant et sortant. Dites-moi quel est le trafic qui part du hub de Maurice… Il y a un peu de trafic sur l’Afrique, qui est déjà desservi par Air Mauritius, mais pas suffisamment de volume pour justifier le fait que cela devienne un hub dans le bon sens du terme.

Que voulez-vous dire ?
Prenez, par exemple, un centre comme Dubayy. Chaque jour, il y a un grand nombre de vols arrivant à Dubayy et en repartant. Cela n’est pas le cas pour Maurice. Le trafic ici n’est pas assez dense pour justifier l’appellation hub et le fait que l’on investisse beaucoup d’argent en vue de transformer le pays en un tel centre. Maurice, connue comme destination touristique, doit jouer sur sa réputation pour attirer des étrangers. Le pays doit miser sur les attraits qui lui sont propres, au lieu d’aspirer à devenir un hub, tout simplement parce que des étrangers veulent transiter par Maurice, pour ensuite se rendre en Afrique.

D’après vous, quelles stratégies les autorités devraient-elles adopter ?
Maurice doit favoriser les vols directs vers des pays porteurs. Les autorités devraient commencer par identifier les vols vers les pays asiatiques. C’est-à-dire, identifier les vols vers Singapour, Hong Kong et la Chine. Des tentatives ont déjà été faites du temps où Megh Pillay était aux commandes. Je crois que c’est la stratégie à adopter.

Je pense aussi qu’il faut grandement amélioré les services offerts à bord des avions desservant les lignes Maurice-Paris et Maurice-Londres. Les vols devraient être desservis par des appareils plus confortables et performants, pour contrer la concurrence.

Georges Cheung : « Ne pas confondre AirAsia X et l’Air Corridor »

Georges Cheung, architecte du « couloir aérien » entre l’Afrique et l’Asie, tient à faire ressortir qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre AirAsia X et l’Air Corridor. Il avance que la société malaisienne a cessé ses opérations, car elle n’arrivait pas à remplir ses avions à plus de 70 %. Il estime aussi que ce sont les prix bas pratiqués par la compagnie low-cost qui ont joué contre elle. C’est, d’ailleurs, ajoute Georges Cheung, en partie grâce au couloir aérien Afrique-Asie qu’Air Mauritius a pu engranger des revenus de Rs 1,1 milliard durant ces neuf derniers mois.

 

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