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Robert Desvaux, président de la Tourism Authority: « Un skipper doit refuser toute sortie si la vie des gens est en danger »

Deux incidents en mer en une semaine : l’un à Grande-Rivière-Sud-Est et l’autre au Coin-de-Mire. Le premier a fait quatre victimes, dont deux enfants. L’occasion de revenir sur la question de sécurité en mer. [blockquote]« Pour l’instant, le port du gilet n’est pas obligatoire dans le lagon, mais elle l’est en haute mer. […] nous allons revoir la situation. »[/blockquote] Les incidents survenus au cours de la semaine ont suscité un débat autour du port du gilet de sauvetage à bord des bateaux de plaisance. Que dit la loi exactement à ce sujet ? Je tiens d’abord à présenter mes sincères condoléances à la famille des victimes. Ce qui s’est passé est malheureux. Pour répondre à votre question, sous l’ère Duval, de nombreux amendements ont été apportés aux lois pour s’assurer une meilleure sécurité lors des sorties en mer. Par exemple la boat free zone de Péreybère. Nous avons à cœur la sécurité des gens. Toutefois, la mer reste dangereuse. Pour l’instant, le port du gilet n’est pas obligatoire dans le lagon mais elle l’est en haute mer. À la lumière de ces deux accidents, nous allons revoir la situation. On s’interroge également sur le nombre de personnes qui peuvent être prises à bord d’un bateau. Que disent les règlements à ce sujet ? Des examinateurs qualifiés font des recommandations selon le système ISO et le nombre de places assises disponibles à bord. Le système ISO se soucie de la largeur, de la longueur du bateau, de son poids, etc. Pour les bateaux importés, le nombre de passagers admis est déjà indiqué. L’accident de Grande-Rivière-Sud-Est impliquait un nourrisson de huit mois. N’y a-t-il aucun règlement sur la question d’âge ? Il n’y a pas d’interdiction concernant l’âge. Toutefois, les parents doivent surveiller leurs enfants et s’assurer de leur sécurité. Les safety devices sont disponibles selon diverses dimensions et pour différents poids. Malgré l’existence de ces safety devices, ne serait-il pas une bonne chose d’imposer un âge minimal pour accéder aux bateaux de plaisance ? C’est partout comme ça. Si une famille en vacances à Maurice veut emmener son enfant… S’il y a le safety device, il n’y a aucun souci. C’est comme pour une personne qui dispose d’une piscine dans sa cour. Quand son enfant marche autour de la piscine, c’est avec des safety devices autour des bras. Quand les enfants sont à la mer, ils ont toujours avec deux petits flotteurs autour des bras. Pour devenir skipper, il suffit de quelques semaines de formation, d’un examen écrit et d’un test de pilotage. Ne faudrait-il pas étoffer ces règlements ? Des examens qualifiés selon l’ISO sont organisés. Nous nous assurons que la pratique des skippers est conforme aux règlements alors que leur compétence est aussi évaluée. Nous nous améliorons sans cesse. Au départ, il n’y avait de tests uniquement pour des permis à 6 miles nautiques au maximum. Ensuite, nous avons introduit une formation pour 24 miles nautiques. On se perfectionne. Je tiens à souligner que dans d’autres pays européens, le propriétaire d’un petit bateau n’a pas besoin de permis pour opérer à six miles nautiques. Il existe donc différents permis pour différentes embarcations et selon les distances de navigation de la côte ? Il y en a un pour 6 miles nautiques, un autre pour 24 miles nautiques et enfin pour les eaux internationales. Vous parlez d’amélioration uniquement en termes de permis pour opérer loin de la côte. Qu’en est-il de la qualité des cours assurés ? Nous disposons d’un Competency Test Panel composé d’experts et de capitaines de gros navires. Ce comité est présidé par le capitaine Toy, ancien responsable du port, depuis 2012. Ce sont donc des experts qui émettent des recommandations à la Tourism Authority sur le syllabus, les questions et la validité des résultats. Certains bateaux privés ont aidé à la recherche des plongeurs disparus, jeudi. Ils l’ont fait de leur propre chef et ont appris la nouvelle par hasard. Ne devrait-il pas y avoir un plan d’urgence qui impliquerait automatiquement tous les opérateurs en situation d’urgence ? Les Coast Guards ont un protocole. Il faut savoir qu’il existe le Channel 16, une fréquence d’urgence. Les bateaux de moins de dix mètres n’ont pas besoin de GPS, ni de radio. Ce n’est pas une obligation. Au-delà de la question de GPS et de radio, y a-t-il un plan défini dans ce genre de situation ? C’est la National Coast Guard qui gère ces situations, avec toutes les ressources à sa disposition. Face à des passagers ivres qui ne suivent pas les consignes, que peut faire un skipper ? Le skipper est seul maître à bord. Si la personne ne veut pas obtempérer et que la vie des gens est en danger, il a le droit de ne pas démarrer le bateau. Cela devient un délit si la personne fait du désordre à bord, comme dans les avions. Le skipper peut aller à la police pour dire que cette personne a mis la vie des autres passagers en danger. La Tourism Authority avait mis un système de permis à points pour les skippers. Où en sont les choses à ce niveau ? Il y a un système qui veut qu’avec trois contraventions concernant des mesures de sécurité, la licence est suspendue pendant un mois au minimum. Est-ce une mesure efficace ? Certainement, mais tout peut être amélioré. Certains professionnels de la plongée accusent la station météo de ne pas être assez spécifique dans ses prévisions. Est-ce un problème selon vous ? Le skipper doit être quelqu’un de responsable. C’est sa responsabilité de savoir quel est l’état de la mer, quel temps il fait, comment est la marée… Surtout, il ne doit pas prendre de risques. S’il considère qu’il est préférable de ne pas sortir, il doit s’y tenir. Il y a eu des accidents de plongée par le passé. Y a-t-il des zones spécifiquement délimitées ou signalées comme dangereuses ? Cela fait partie des nombreuses mesures que nous avons prises l’an dernier. Nous avons des boat-free zones, nous avons fait du zoning pour les lagons et surtout, au départ, on s’est concentré sur les zones de baignade pour protéger les baigneurs. Nous avons aussi instauré des snorkelling zones pour protéger les plongeurs. Il existe aussi des limites de vitesse dans des endroits où l’on considérait que les bateaux allaient trop vite. Nous avons aussi réglementé les dolphins parks et ce n’est plus la jungle quand on veut aller observer les dauphins. Enfin, il existe des ski lanes et nous avons réduit les points d’embarquement en certains lieux.
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