Faits Divers

Roselle Gaiqui : «Rallions-nous derrière la cause des avocats»

Roselle Gaiqui

C’était des retrouvailles riches en émotions à Pailles Road, dans l’après-midi du vendredi 2 février. Au domicile des Gaiqui, proches, amis et voisins ont tenu à exprimer leur soutien à la famille, surtout à David Gaiqui qui vient de retrouver la liberté une semaine après son arrestation par la CID.

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« Je ne souhaite à personne de vivre par ce que ma famille, surtout ce que mon époux, a vécu »

Son épouse, Roselle que Le Dimanche/L’Hebdo a rencontrée, a un message clair pour les Mauriciens. « Plus jamais ça. Rallions-nous derrière ces hommes de loi qui ont lancé l’association pour dire ‘Non à la brutalité policière’ ». Elle peine à cacher ses émotions, mais affirme que la lutte doit continuer pour qu’il n’y ait pas un autre David Gaiqui.

« Je ne souhaite à personne de vivre ce que ma famille, surtout ce que mon époux, a vécu ». Roselle Gaiqui dit ne pas savoir comment elle a pu passer ces quelques jours, qui lui ont paru une éternité, sans son mari à ses côtés. « Je remercie tous ceux qui m’ont soutenue », dit-elle. Selon elle, il faut que les Mauriciens prennent conscience de ce qui s’est passé. « Cela aurait pu être vous ou un de vos proches ».

David Gaiqui affirme que ses deux filles âgées de 2 et 20 ans, ont été affectées par cette épisode pénible. « Zot inn tromatize. Tou le de inn gagn problem la sante e pe bzin al kot sikyat », déplore-t-il.

Roselle se dit « determinée » à poursuivre la lutte. Elle explique que tout cela a été rendu possible grâce au courage de l’avocat Anoup Goodarry. « Zame nou ti pu kone ni ti pou kapav prouve sa ». Elle ajoute qu’elle salue le courage de David après son calvaire. « Ce n’est pas évident. C’est une expérience traumatisante et honteuse pour un homme », constate Roselle.

Soutenue par ses proches, l’épouse raconte que vendredi, après la comparution de son époux devant le tribunal de Curepipe, elle ne souhaitait qu’une chose : « Rentrer à la maison avec mon époux ». C’est sous les applaudissements de l’assistance que David a quitté la salle d’audience. Ces moments-là, Roselle ne les oubliera pas .« Nou ale mo frer nou al lakaz », ont hurlé les proches. « Libre et soulagé », lâche David Gaiqui.

Invité à s’expliquer sur l’origine de cette situation, David dit ne pas comprendre la démarche de la police. Il raconte que les policiers sont venus chez lui et l’ont embarqué après une fouille. « Mo pan fer nanye sa ban zafer la », martèle l’habitant de Pailles .

« Pa ti pe fer oken la fouy »

Parlant de la photo publiée sur Facebook, David Gaiqui est catégorique. « Pa ti pe fer oken la fouy ». Il raconte avoir été séquestré et torturé au bureau de la CID de Curepipe. « Zot finn batt mwa finn, inn met tors elektrik ek mwa ». David Gaiqui ne cache pas ses intentions d’entamer des poursuites contre ces policiers et l’État. « Nou pou gete ki ban avoka dire », poursuit-il.

Interrogé sur les motifs de son arrestation, David Gaiqui dit que « la police n’a rien » contre lui. Son passage à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard l’a aussi marqué. « Mo latet fatige ek tousala ». Il dit avoir pris conscience de l’ampleur médiatique de son cas à sa première comparution devant la justice samedi dernier.

David Gaiqui avoue que ce n’est pas la première fois qu’il a des soucis avec la police, mais qu’il n’a jamais vécu un pareil traumatisme. « Au bureau de la CID de Curepipe, j’avais des menottes aux poignets et aux chevilles. Mo lamain ti deryere ledos ». C’est dans ces conditions que les policiers lui ont assené de coups. « Zot batt kout pie e zot dir mwa avwe case ».

David Gaiqui dit avoir été forcé à s’allonger au sol et avait été recouvert d’un ‘goni’, avant d’être roué de coups. Ensuite, les policiers ont eu recours à la torche électrique pour lui arracher des aveux. Selon lui, des les sept policiers présents, seuls deux d’entres eux l’ont tabassé. « Zot tortire pou fer aksepte case », affirme David.

Par ailleurs, un sergent et deux constables de police de la CID de Curepipe ont reçu leurs ordres de transfert, dans la journée du vendredi 2 février. Ces policiers ont été mutés à la Special Support Unit. Parallèlement, les éléments de la CID de Curepipe, présents au moment où David Gaiqui se trouvaient dans leur bureau, seront appelés à s’expliquer au Central Criminal Investigation Department. Cette affaire est suivie de très près par le bureau du commissaire de police.

 

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