Interview

Salil Roy : «La culture de la canne restera viable pour encore longtemps»

Le président de la Planters’ Reform Association, Salil Roy, est catégorique. Le gouvernement doit introduire de nouvelles mesures pour les planteurs de canne à sucre, car maintenant on produit de l’énergie et la tonne de sucre ne peut pas se vendre au-dessous de Rs 15 500. Au cas contraire, l’industrie roulera à perte. Il souligne aussi que même si le prix dégringole sur le marché mondial, il y a d’autres moyens pour rentabiliser ce secteur.

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Est-ce que la canne à sucre est toujours viable ?
Ce secteur qui a été un pilier important dans le passé est toujours viable. Mais les autorités doivent prendre les mesures appropriées. Par la suite, la culture de la canne restera viable pour encore longtemps.

Qu’en est-il du prix de la bagasse et de la mélasse ?
Il faut encore majorer les prix. Il ne faut pas oublier que maintenant on produit de l’énergie propre. Sans la bagasse, le pays aurait dépensé des milliards de roupies pour importer du charbon et cela aurait pollué l’environnement. De ce fait les planteurs de la canne à sucre contribuent à un environnement propre. Du coup on doit avoir une prime de Maurice île Durable.

L’autre prix qu’il faut absolument revoir, c’est celui de la mélasse. À travers la Mauritius Cane Industry Authority, l’éthanol est vendu par les planteurs à Omnicane à seulement Rs 2 200 la tonne. Mais si la compagnie devait en importer, cela aurait coûté Rs 6 000 la tonne. Ce n’est pas possible que les planteurs subventionnent le secteur privé dans un moment aussi difficile. Il faut absolument y mettre de l’ordre.

Que faut-il faire ?
Les planteurs doivent devenir actionnaires de l’industrie cannière, afin qu’ils ne délaissent pas leurs plantations. Il faut prendre des mesures appropriées et courageuses. La baisse du prix du sucre sur le marché mondial n’est pas une fatalité. Maurice ne produit que 400 000 tonnes de sucre annuellement ce qui est très peu quand on sait que la production mondiale est de 178 millions de tonnes. La compétition est féroce sur la scène internationale. Nous sommes les ‘price takers’ et non les ‘price setters’.

Le gouvernement doit intervenir, afin que l’argent puisse retourner dans ce secteur. La paille de la canne peut être utilisée pour produire de l’énergie. On peut faire des briquettes combustibles. Cela va encourager les planteurs à préserver les pailles et à les vendre en rouleaux aux usines pour produire de l’énergie et avoir une source additionnelle de revenus.

Si on la valorise, alors les planteurs ne vont pas délaisser leurs champs. Ce sera une ‘win-win situation’ pour les planteurs et pour les producteurs d’énergie, si on utilise de la paille pour la production d’énergie. Du coup, c’est uniquement un groupe très sélectif qui va délaisser la terre. Il faut avoir une part équitable de la distribution de la richesse.

Qu’en est-il de la main-d’œuvre ?
Heureusement que le gouvernement a accepté d’accorder des permis pour le recrutement de la main-d’œuvre étrangère. Mais il faut avoir un mécanisme. De nos jours, les jeunes ne sont plus intéressés au travail de la terre. La main-d’œuvre disponible dans ce secteur est vieillissante.

L’abandon de 10 000 hectares de terre qui étaient sous culture de la canne vous étonne-t-il ?
Pas vraiment. On prend des ‘prime lands’ pour le développement foncier. On est pour le développement à travers le pays, mais il ne faut pas prendre des ‘prime lands’, mais des terres marginales. Les ‘prime lands’ doivent être réservées pour la plantation et la production alimentaire.

Que faut-il faire afin que les planteurs n’abandonnent pas leurs terres ?
Si on valorise ce secteur, il n’y aura pas d’abandon. Si les planteurs arrivent à obtenir au moins Rs 15 500 par tonne de sucre, ils vont atteindre le seuil de rentabilité. De plus, la Sugar Planters Mechanical Pool Corporation ne doit pas disparaître, car cet organisme va aider les planteurs à valoriser leurs champs.

Le Syndicat des sucres et la Chambre d’Agriculture demandent la fin de la Voluntary Retirement Scheme et de la compensation salariale. Qu’en pensez-vous ?
Les mesures d’accompagnement ont apporté leur contribution dans ce secteur. Tôt où tard il faudrait prendre une décision. Il faut venir avec d’autres mesures qui sont plus intéressantes afin de rendre ce secteur viable, sauf que si la tonne de sucre se vend à moins de Rs 15 500, alors l’industrie roulera à perte et il faut éviter un tel risque.

Est-ce encore un secteur d’avenir ?
Certainement si le gouvernement vient avec une reforme. Maurice dispose de plusieurs avantages. Notre sucre est très bien apprécié en Europe. Maintenant, nos sucres ne sont pas vendus aux raffineries, mais directement aux consommateurs. Nous avons les sucres spéciaux. Qui plus est, maintenant on produit de l’énergie et de l’éthanol. La canne à sucre contribue à un meilleur environnement.

Les betteraviers ne représentent-ils pas une menace ?
Les sucres produits de la canne auront toujours une avance sur ceux de la betterave, car ce sont des sucres qui sont très appréciés par tout un chacun. Mais il faut toutefois  accorder plus de motivation aux planteurs.

 

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